Le réalisateur et l’équipe de créateurs se sont questionnés sur comment transposer un film d’animation dans un monde plausible. Le résultat est là, il offre à la nouvelle génération une relecture du conte dans une dimension plus actuelle et existentialiste.

Le consentement et les princesses Disney
La vraie nouveauté est de mettre en place une symétrie parfaite entre le prince et Ariel. Ils sont deux enfants surprotégés, avec des parents qui placent énormément d’espoir en eux. Ils ont des devoirs et un rang à tenir, une condition sociale élevée qui les pèse ! Chacun possède son conseiller censé les suivre un peu partout. Sébastien pour Ariel et Sir Gimsby pour le Prince Eric. Ce dernier gagne également une chanson en écho à celle d’Ariel. On note également quelques changements dans les paroles des chansons pour introduire la notion de consentement, ainsi Embrasse-là retire la notion d’un acte imposé.
Le film dresse l’analogie entre les deux protagonistes et développe un peu plus le background du prince, qui dans le film d’animation n’est pas aussi étoffé. Dans le nouveau film, on cherche vraiment à traiter l’émancipation et la notion de liberté. La couleur de peau de l’actrice renforce cette barrière invisible dans notre société actuelle où les personnes de couleurs sont discriminées et souffrent d’un handicape invisible dans beaucoup de situations. Dans le film, même si le réalisateur arrive à créer un peuple des mers illustrant la diversité ethnique, la couleur de peau ne pose aucun problème, c’est la nature de créature marine qui est mise en avant. On met en avant une forme de xénophobie où les créatures marines font peur et les hommes font peur aux peuples des mers.

Musicalement, les artistes sont bons, le prince semble un peu maladroit dans sa prestation, mais Hale Bailey demeure une fantastique petite sirène. On reste cependant sur notre faim par rapport à la prestation de Javier Bardem, sa présence et stature sont indéniables, mais on le trouve trop en retrait, contrairement à MELISSA MCCARTHY qui est imposante par son charisme et son rôle. Quant à JESSICA ALEXANDER, elle incarne l’alter-égo d’Urssula avec une vraie malice dans son regard.
Le débat de la couleur de peau
Passez outre la couleur de peau et se focaliser sur l’accomplissement de soi est quelque chose de primordiale et devenue de plus en plus commun. C’est en soi fabuleux et on rejoint un peu le Jimmy Olsen de la série Supergirl, qui lui souligne la couleur de peau comme un véritable handicape qu’il a su dépasser pour devenir un grand reporter ! Mais tout comme pour la Petite sirène, la lutte contre les discriminations envers les métahumains est mise en avant au-dessus même de la question de la couleur de peau. On traite par ailleurs la notion de l’homosexualité en mettant en avant une sœur à l’héroïne en couple avec une femme.
Comme tout bon remake ou adaptation, ce film live se doit de changer de cap et se positionner en adéquation aux mœurs de son époque.
Les temps changent et sans aller dans la cancel culture, il est important de vivre avec son époque !
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24 mai 2023 en salle / 2h 10min / Aventure, Famille, Fantastique
De Rob Marshall
Par David Magee
Avec Art Malik, Halle Bailey, Cerise Calixte
Titre original The Little Mermaid