Tourné en 16 mm dans le Morvan, le nouveau film de David Depesseville interpelle par son titre particulier. Un choix assumé et évoquant une matière. Tout comme dans son récit jouant sur l’ambiguïté, Astrakan peut faire penser à un pays qui n’existe pas. Ici, on suit les périples d’une famille d’accueil et du jeune Samuel tout fraîchement placé chez Clément et Marie. Un film dans lequel le spectateur trouvera dans cette noirceur abyssale un peu de poésie.

Les cinéphiles verront un peu de Gus Van Sant dans l’esthétique, cette manière de faire sonner chaque plan et de l’emporter vers une symbolique forte. On pense énormément à Léonard de Vinci et sa Vierge au rocher, mais également aux Arts Sacrés. Rien que la bande originale et les musiques additionnelles plongent le spectateur dans un état de semi-transe face à des images pouvant heurter les âmes les plus sensibles. Il est vrai que les familles d’accueil ne sont pas toujours sensationnelles, être rémunéré pour donner de l’affection, du moins le gîte et le couver, tout en apportant un espace sécurisant. Ici, la question de l’argent est redite mainte fois, là où certains films comme Pupilles ou La vraie famille mettent en avant l’importance de créer un lien avec l’enfant placé.
Samuel est mystérieux, il agit de manière réactionnelle en punissant les autres et en s’autopunissant par la rétention fécale. Il est la brebis noire de la famille et alterne des moments de douceurs et de chaos.

Casting : BASTIEN BOUILLON est touchant dans ce film, si vous avez aimé son personnage tourmenté dans Le Mystère Henri Pick, n’hésitez pas ! JEHNNY BETH incarne Marie, un personnage compliqué, tantôt maternelle puis soudainement froide et distance. Elle joue parfaitement la difficulté des assistants familiaux. Les deux jeunes ados LORINE DELIN et MIRKO GIANINNI personnifient avec justesse cette période de l’âge difficile.
Astrakan est à la fois déroutant et bouleversant, chacun de nous trouvera une explication à certains passages du récit, au fil des images, des discussions, on trouvera une analyse nouvelle. Un véritable labyrinthe où nul n’a jamais vraiment le fin mot de l’histoire.
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8 février 2023 en salle / 1h 44min / Drame
De David Depesseville
Par David Depesseville
Avec Mirko Gianinni, Jehnny Beth, Bastien Bouillon