Un film fort qui rend hommage à une artiste d’exception et qui traite l’histoire et l’Histoire d’une manière touchante et bouleversante.
Quand l’Art sublime l’existence :
Ce qui résonne dans ce film est cette recherche sans fin du rôle et de la fonction de l’Art. Charlotte dans son travail veut témoigner quelque chose, mais aussi extraire quelque chose en elle. C’est vital, c’est essentiel, un peu comme le moyen de survivre à la cruauté, mais donné aussi un sens à son existence et sa vie dans cette société.
Atteinte d’un Mal invisible, elle essaie de survivre, mais aussi repousser cette forme de malédiction familiale qui touche les femmes, une forme de dépression héréditaire. Son grand-père appelle cela le Mal, le virus du Mal.
C’est pour cela que cette œuvre colossale tient le rôle de témoignage, mais aussi permet à Lotte d’œuvrer afin de repousser sa dépression.

Le film cherche également à dévoiler le quotidien des artistes juifs durant l’Allemagne Nazi. On nous dévoile comment une élite d’artistes de confession juive arrivent encore à travailler, puis peu à peu leur quotidien se durcit et ils vont devoir quitter le pays. La force de ce film est de montrer la situation du pays, montrer la cruauté sans pour autant livrer des scènes exhibant la violence. On ne cherche pas à créer une forme de fascination morbide, on cherche seulement à témoigner du destin de cette artiste à part.
Un casting en or
Dans la version anglaise, c’est Keira Knightley qui prête sa voix à l’héroïne du film, et Marion Cotillard pour la version française.
L’actrice britannique révèle en interview : « Je pense que ce qui m’a fascinée, c’est que dans son essence cette histoire est tout à fait tragique. Et pourtant, grâce à cette personne, grâce à son talent, on a l’impression que c’est, d’une certaine manière, l’histoire d’un esprit qui a survécu ». Keira a accepté le rôle en moins d’une semaine.
Pour l’actrice française, la fascination pour Charlotte s’est rapidement installée, « Je me suis plongée dans sa peinture, et j’ai trouvé ça magnifique. Quant à son histoire, je l’ai trouvée complètement folle, incroyable ; cette si jeune femme aura vécu tant de choses sur une si courte période et aura libéré un art si poignant, si beau. […] c’est important de mettre en lumière le travail des femmes artistes qui ont été laissées de côté par l’Histoire pour on ne sait quelle raison. » Marion Cotillard voit par cette participation à ce film l’occasion d’offrir un modèle supplémentaire aux artistes féminines aujourd’hui.

9 novembre 2022 en salle / 1h 32min / Animation, Drame, Historique, Biopic
De Eric Warin, Tahir Rana
Par David Bezmozgis, Eric Rutherford
Avec Marion Cotillard, Keira Knightley, Romain Duris
En festival :
Festival International du Film d’Animation d’Annecy, Sélection officielle long-métrage, 2022
Toronto International FIlm Festival, Sélection officielle, 2021