Reste un peu, un film spirituel et existentialiste


À lire le résumé, on pourrait s’attendre à un film sur la religion, mais il n’en est pas. Nous sommes plutôt dans la formulation d’un ensemble de questions que tout être se retrouve un jour à se poser : Suis-je là et au bon endroit.

Reste un peu est un film existentialiste et humaniste. Qui lève le voile sur l’identité propre de tout un chacun. Est-ce la religion qui fait de nous ce que nous sommes ou est-ce ce que nous sommes qui va nous mener à une église ?

Le pasteur Claude Houde a déclaré récemment que notre siècle est rempli d’hommes et de femmes ayant soif de spiritualité, mais refusant la religion. Le dernier film de Gad Elmaleh narre la quête identitaire d’un homme en pleine crise spirituelle. Dans sa prise de conscience, il cherche sa place au sein de la société et surtout de sa famille. Il cherche à être en accord avec son attirance pour Marie, cette vocation, cette fascination le mène à vouloir se convertir et se baptiser.

On passe un bon moment, avec des choses tellement vraies.

Le film arrive à souligner le problème des catholiques en France. Lorsque vous demandez à quelqu’un s’il est musulman, il répondra oui avec assurance, mais un catholique répondra souvent : « Oui, mais c’est compliqué… ».

Dans la réponse ci-dessus, il y a une forme de peur, de honte. Le film ne le dit pas clairement, mais on ressent le malaise à être catholique. Personne ne semble l’affirmer dans ce film, si ce n’est cette jeune fille qui prie pour les autres et qui visite les personnes âgées. Gad a une forme d’admiration pour elle, car elle est entière et vit pleinement cette foi !

Gad explique que pour lui, Reste un peu parle de coming out spirituel. Une crise spirituelle où l’on se demande où l’on va. Un sujet très sensible, mais qui partage quelque chose de fort et d’intime. Nous sommes dans un cheminement spirituel où l’on va devoir vivre en secret sa foi et sa religion.

La communauté chrétienne du Maroc vit silencieusement et les jeunes musulmans et juifs vivent avec des parents qui leur interdisent l’entrée à l’église. C’est l’interdit qui va créer la fascination et le mystère.

Même si le film a beaucoup d’éléments autobiographiques, son réalisateur ne s’est jamais posé la question de se convertir. Il a cependant lu et fait beaucoup de recherches. À l’écran, le prêtre qui l’accompagne est réellement un homme d’Église.

© Laura Gilli

Une mise en scène d’un chantage de l’être :

Les différents protagonistes parlent sans cesse de famille, de tradition et d’honneur, mais sans jamais chercher à comprendre si l’autre est heureux et si ce dernier se sent à sa place. Il y a un chantage de l’Être qui domine avec l’amour sous conditions. Les parents et proches vivent dans une terreur, dans la peur de perdre Gad sans chercher à se mettre à sa place.

Une crise spirituelle ou une conversion est souvent très mal vécue, car les proches craignent que ce dernier ne veuille bouleverser sa manière d’être et de vivre. Cette peur est surtout animée par la crainte que ce changement de religion vienne créer une barrière et un bouleversement dans l’équilibre relationnel.

Ce qui ressort vraiment dans l’ambiance générale est cette hiérarchie au sein des religions : un juif peut devenir musulman, peut être protestant, mais surtout pas catholique !

On ressent beaucoup d’ironie dans le discours des différents protagonistes. Il y a ce sous-texte et ce retour sans cesse aux origines juives de Marie et Jésus qui résonnent sans cesse en écho dans ce film. On cherche à prouver que l’une des religions est plus forte que l’autre, qu’une des trois religions monothéistes a raison sur l’autre.

Après des milliers de répliques, une grande question se pose : Est-ce l’hygiène de vie spirituelle qui prime ou les rites et traditions ? Vous le serez en allant voir Reste un peu au cinéma !

On note que le réalisateur n’a jamais évoqué une seule fois les faits de pédophilie dans l’église romaine, c’est peut-être par respect et pour éviter de transformer ce film spirituel en un film polémique ?

Du moins, on n’en entend jamais parler et aucune allusion n’est faite, ni dans les dialogues, ni dans les scènes au Paname comédie club.

Note : 5 sur 5.

16 novembre 2022 en salle Comédie
De Gad Elmaleh
Par Gad ElmalehBenjamin Charbit
Avec Gad ElmalehRégine ElmalehDavid Elmaleh

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