La Vérité et la Réalité chez Godard


Godard est souvent décrit comme un cinéaste misogyne. Où la femme n’est jamais belle, la femme n’est jamais sublimée. Pourtant ses icônes sont belles, elles sont mises en scène dans une société où la femme se libère progressivement.

Rapport de Godard et la peinture :

Si l’on compare le style de Godard à la peinture, on constate que la peinture comme celle de Léonard De Vinci, va tendre vers une mise en avant et une sublimation de la Femme. Durant les différents mouvements artistique de la Renaissance, les femmes n’ont jamais été aussi belle. Même en photographie, bien souvent le photographe va chercher à montrer une femme sous son meilleur angle. Il est rare qu’on cherche à dégrader l’image de son sujet. Sauf dans certains cas très précis où l’auteur prend le parti de.

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Des femmes tragiques

Fatalement pour beaucoup de monde Godard est un cinéaste qui va dépeindre une femme soumise, une prostituée ou une femme objet. Les femmes sont souvent dépeintes de manière tragique, en opposition à la peinture, la musique ou d’autres réalisateurs de son époque. Par exemple, Houellebecq a fait plus ou moins la même chose, mais de manière opposée. Plus d’infos : https://direct-actu.fr/2018/03/12/des-heroines-tragiques/


Le principe de réalité chez Godard:

Jean-Luc Godard Et Anna Karina

Godard dit souvent réaliser des films sur la Réalité. Chacun y voit sa propre vérité. Il ne veut pas imposer les choses, mais filmer les choses telles qu’elles sont. Le souci, c’est qu’il emprunte le regard des hommes. Des hommes face à une société en pleine mutation. Les hommes sont donc perdus, ils sont face à des femmes de plus en plus libres qui veulent des choses qui les dépassent, car leur éducation, leur vision du couple et de la famille n’est plus. L’art de Godard pose cette question sociale : Qu’est-ce qu’un homme d’aujourd’hui? Godard ne fait que montrer les hommes de son temps. Godard n’est donc pas un simple misogyne  mais celui qui pointe du doigt la Réalité. Les hommes sont misogyne. Donc par conséquence Godard l’est également. Cette question se pose essentiellement dans le magnifique film « Une femme est une femme« 

Les malentendus le principe de vérité:

sartre

L’homme chez Godard est souvent au début celui qui est au calme, dans un monde où tout marche, les choses sont simples, mais il y a cette inconnue, la Femme qui se pose des questions. Pierrot le fou est un exemple parmi tant d’autres, Le Mépris le symbole même des questions que se posent les hommes. Pourquoi d’un seul coup tout change? Pourquoi ma femme ne m’aime plus ? La relation entre les hommes et les femmes ne repose que sur un quiproquo, un malentendu. Il est impossible de communiquer entre les genres, car chacun accord un sens au mot. Un peu comme chez Sartre, l’autre est un enfer, il a une vérité intérieure et nous sommes piégés dans une Réalité qui englobe plusieurs vérités. ( Voir Autopsie du Mal-Être)


La caméra ça n’est pas une certitude mais un doute:

Le doute est un sujet récurrent dans la Nouvelle Vague, car c’est par le doute que les héros et anti-héros vont quitter leur condition initiale. Présent aussi bien chez Rohmer que Truffaut, ces réalisateurs utilisent le doute, mais le justifient de manière différente.
« La caméra ça n’est pas une certitude mais un doute. » explique Godard  dans ses entretiens vidéos

Des héros aveugles: Opposition entre un cinéma de la certitude et un cinéma du doute.

« Les héros d’une histoire ont toujours les yeux bandés » extrait du film Le Genou de Claire, en références à Don Quichotte. La question est la suivante : Peut-on dire qu’il existe un cinéma du doute, c’est-à-dire le cinéma qui ose, celui qui invente et qui s’écrit par lui-même, c’est-à-dire la Nouvelle Vague et un cinéma de la certitude, celui du cinéma tourné en Studio, celui de l’ère classique.

Une femme est une femme

Des propos de Godard avec les étudiants on peut retenir « Le cinéma c’est ce qu’on ne peut pas voir autrement que par la caméra. Comme l’infiniment petit ne peut être vu qu’avec un microscope et les étoiles ne peuvent être vraiment vues qu’avec un télescope, le cinéma nous montre dans notre univers de l’infini moyen des choses, des animaux qu’on n’a pas vus« . Ou bien encore : « Quand un garçon et une fille parlent, ce n’est pas ce qu’ils se disent qui est important. Chercher l’endroit unique où quelque chose se forme, ensuite suivre cet embryon. Montrer à sa bonne amie une photo d’elle qu’elle n’a jamais vue. »

Godard critique la simplicité du cinéma de la certitude, celui qui ne laisse pas la place à la magie et la manière de montrer les choses. Quand tu dis « je t’aime », à une personne, il y a une vérité, une vérité intérieure… selon le réalisateur : « Aujourd’hui on écrit tout de suite « et il dit, je t’aime », il n’y a pas besoin de caméra pour ça ! » Il aime insister sur le rôle du cinéma, en remémorant une anecdote où il montre à une amie un essai vidéo:  L’apparition d’une poule puis du gros œil d’une poule. Ce qui est intéressant selon lui, c’est le doute, on ne sait pas ce que devient cette poule.

Le but du cinéma n’est pas de filmer les choses et expliquer la Réalité.

Le but du cinéma selon Godard est de « filmer des garçons et des filles dans le monde réel » et de dévoiler aux spectateurs l’étonnement d’être soi-même et l’étonnement d’être dans ce monde. Dans la télé réalité, les acteurs ne sont pas étonnés d’être au monde et ne sont pas étonnés d’être eux-mêmes parce qu’ils sont absolument sûr d’être eux-mêmes. Or la caméra n’est pas une certitude, c’est un doute. Le cinéma naît en même temps que la physique quantique et son principe d’incertitude Pour comprendre le sens de son film Le mépris, c’est accepter la modélisation de la vie telle que Jean Luc Godard l’exprime « La caméra ça n’est pas une certitude mais un doute« . Ses différents films sont faits en sorte d’illustrer une vie où l’on montre des personnes dans un monde réel.


Si l’on me demande mon film préféré de Godard, je vais surement citer « Une femme est une femme » j’aime le côté tragique et aussi les passages musicaux.
Il y a une tragédie humaine dans ce film, la société qui change. Des hommes qui ne comprennent plus rien. C’est la plus belle illustration du quiproquo quotidien du langage entre la femme et l’homme. Plus d’infos.

Plus d’infos :

  • Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard. DVD 2 à 4 : Ensemble et séparés- Sept rendez-vous avec Jean-Luc Godard. Entretiens avec Dominique Païni, André S. Labarthe , Jean Douchet, Jean-Michel Frodon, Jean-Claude Conesa, Nicole Brenez et Jean Narboni. Durée du film 1h58, durée totale : 9h30.
    Editeur : Montparnasse, février 2010. Coffret 4DVD.

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