Sébastien Folin surprendra toujours par sa capacité à dépasser nos attentes. Depuis son adolescent, ce réunionnais se dit «Slasheur Kiffeur», c’est-à-dire un touche allant d’une activité à une autre avec comme seul mot d’ordre le plaisir. Il veut partager aux autres cette passion et c’est toujours de manière communicative et généreuse.

Ce premier film est une vraie réussite ! Il dessine les contours de la révolution pacifique qui se déroule à la Réunion. La petite île de l’Océan Indien, souvent décrite comme un endroit incroyable où la créolisation est parfaite. Pourtant, elle ne s’est pas faite dans la douceur et le calme. On dit parfois que Créole c’est l’anagramme de colère et il faut de la colère quand on découvre le passé de ce peuple dont la culture a fréquemment été opprimée et étouffée. La jeunesse est comme aliénée et elle ne sait jamais sur quel pied danser.

Comme le chante De Palmas dans Un homme sans racine, beaucoup de Réunionnais jongle entre plusieurs champs culturels et même la graphie du créole des Mascareignes est un long et complexe joug entre social et politique. On doit choisir entre les origines africaines, indiennes de certains mots et le politiquement correct de la métropole. Les petits marmails diront sans le cacher que leurs mères leur contaient qu’à l’école le créole était interdit, non il ne faut pas parler cette langue si on veut réussir.

Gilbert Pounia, leader de Ziskakan, durant dans le cadre de ses études, a découvert le combat des langues régionales et cette fièvre il va la rapporter avec lui. La Réunion n’est pas seulement une petite Île, c’est une histoire que Sébastien Folin a sue saisir en s’inspirant de l’idée originale de Maya Kamaty et un narrateur d’exception, Abd Al Malik.

Le film sera diffusé le 22 mars à la Réunion à 19h45 dans Archipel, et en national dans la case outremers le doc sur France 3 le 1er Mai 2023.