Leila et ses frères est un film Iranien de Saeed Roustaee dressant le portrait d’une famille sur le point d’imploser.
Un problème de culture, un terme parrain qui reste incompris durant la première moitié du film :
Au démarrage du film, on ne comprend pas tout de suite pourquoi il y a autant de cérémonie autour d’un cousin, à la suite du décès du patriarche de la famille. Un héritage en jeu, mais on ne comprend pas l’importance du titre qui sera transmis au moment de la succession. Puis arrive ce mot « Parrain », nous ne savons pas comment le décrypter.

Nous sommes troublés, car il nous est souvent dit que chez les Musulmans la notion du baptême était absente et qu’il n’y avait pas de parrain et marraine, parce que c’est un concept chrétien.
Le terme Parrain reste alors un terme que l’on donne dans le monde de la mafia, toutefois est-ce un film de mafieux se déroulant en Iran ? Non, nous ne sommes pas dans une culture musulmane traditionnelle, mais en Iran, un pays perse. Là-bas, le Parrain est la plus haute distinction de la tradition persane. Il est le chef du clan, il est celui qui prend les décisions et peut abréger des coutumes.
Le milieu du film permet de mieux saisir l’enjeu de ce titre, il correspond à ce mariage auquel le père de Leila sera présenté au clan comme le nouveau parrain. On comprend peu à peu cet enjeu de la part de ce père de famille à vouloir devenir le parrain et obtenir enfin le respect des autres membres la communauté. Lui, qui n’est jamais respecté et considéré, lui qu’on rejette et à qui on ferme la porte. Pour être ce fameux parrain, il va réduire le train de vie de la famille. Il va les appauvrir et mettre de côté, mais peu à peu la famille implose, chacun des membres ne sachant jamais réellement l’état de la situation va prendre des décisions qui vont influer sur sa vie et celle du groupe.

Leila la Cassandre de la famille :
Elle est celle qui va parler sans cesse, dire des choses et voir des choses, mais personne ne l’écoute. Elle voit arriver la tragédie, elle sait que ce commerce est une source et de l’or. Il comprend que la crise économique qui est en cours va continuer à augmenter. Elle a quelque chose de fort, quelque chose d’Antigonesque, mais comme Cassandre personne ne l’écoute.

Alireza le fils prodigue :
Alireza est la figure du bon fils, celui qui est le préféré du père, il va sans cesse prendre des décisions mauvaises ou se mettre dans l’échec, car pour lui le malheur et la pauvreté sont inévitables. Il va passer à côté de l’amour de sa vie de peur de ne pas être à la hauteur. Il est aussi le dernier espoir de Leila, elle sait qu’il peut faire encore quelque chose pour la famille. Leila espère sortir de la misère sa famille en achetant un local dans le centre commercial où elle travaille. Mais, il est difficile de croire qu’un local dans des toilettes puisse être un moyen d’enrichissement. On n’arrive pas à saisir si réellement ce local est une opportunité ou si c’est une arnaque. Les arnaques et les mauvais choix, la fratrie en fait sans cesse. Le réalisateur aime peindre des fresques familiales avec une dynamique qui s’inspire des tragédies. Nous sommes face à une grande fatalité, quelque chose qui écrase cette fratrie et l’aboutissement est la mort.
Leila et ses frères est une belle réalisation soignée avec des plans qui subliment et saisissent les regards des acteurs. Une tragédie contemporaine à voir au cinéma dès le 24 août.
24 août 2022 en salle / 2h 49min / Drame
De Saeed Roustaee
Par Saeed Roustaee
Avec Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Payman Maadi
Crédit photo Amirhossein Shojaei