Si vous partez du principe qu’une suite est toujours ratée, vous allez manquer ce film ou partir avec un avis biaisé. Il est vrai qu’en général on a l’impression qu’une suite est toujours en dessous du premier film, mais c’est souvent un effet de contraste qui s’explique par la répétition d’une chose : il n’y a plus l’effet de surprise et nous avons tendance à comparer les deux films et bien souvent le premier arrivé est celui qu’on préfère.
Nous avons découvert à l’occasion d’une avant-première Un tour chez ma fille d’Éric Lavaine, qui vient en prolongement du film Retour chez ma mère, sorti en 2016. L’humour est bien là, le film parle d’actualité sans pour autant sombrer dans les méandres de la polémique. Bref, l’humour du premier opus est dépassé et la dynamique entre Jérôme Commandeur et Mathilde Seigner est excellente. Une énergie que le premier film avait effleuré sans pour autant aller puiser au fond du pot. Il est probablement certain que le premier film jouait sur la carte d’Alexandra Lamy et Josiane Balasko, en laissant de côté la force de jeu des deux autres comédiens.
Le premier film n’était pas drôle, il ne cherchait pas à l’être, il montrait simplement le quotidien de Stéphanie (Alexandra Lamy) et de sa mère. On cherchait surtout à offrir un point de vue sur l’évolution du concept de la famille. Ce film donne l’impression que le réalisateur cherche à répondre à la question «À partir de quand il est normal de refaire sa vie ? ».
Un film beaucoup plus social, un film beaucoup plus anthropologique que le second volet qui lui s’attarde sur l’absurdité du mensonge. À travers cet aspect de critique le film tend vers la satire : il y a beaucoup d’éléments qui jonglent entre comique de situation, de répétition et les nombreux quiproquos qui s’additionnent aux mensonges de la mère. Il est normal que peu à peu tout dégénère, mais l’effet de miroir entre différentes relations mère-fille est probablement le meilleur passage du film, à condition qu’on mette de côté les scènes comiques avec Jérôme Commander.
Nous avons deux paires de mère-fille qui joue un jeu malsain, celui de vouloir commander au-delà du raisonnable la vie de l’autre. C’est probablement pour cela que la famille vit des heures sombres. La grand-mère aime sa petite fille, car elle est vraie et ne cherche pas à plaire, mais elle a du mal avec sa fille qui semble ne vivre qu’à travers le désir de plaire et d’approbation. La grand-mère perçoit cela comme une faiblesse et ce n’est que quand sa fille décide de prendre le large et de réellement vivre ses choix qu’elle annonce être fière d’elle !
Ce film est une bonne suite, il permet de développer l’intrigue et le propos initial. Il le peut, car il n’a plus besoin de présenter les personnages et les enjeux. Il arrive aussi à utiliser au mieux le talent de ses acteurs en proposant un équilibre nouveau.
Fiche technique
- Réalisation : Éric Lavaine
- Scénario : Éric Lavaine, Hector Cabello Reyes et Bruno Lavaine
- Photographie : Antoine Roch
- Montage : Julia Danel et Vincent Zuffranieri
- Costumes : Pauline Berland
- Musique : Grégory Louis et Lucas Lavaine
- Production : Vincent Roger et Jérôme Seydoux
- Sociétés de production : Pathé Production, Same Player, TF1 Films Productions
- Société de distribution : Pathé Distribution
Distribution
- Josiane Balasko : Jacqueline Mazerin
- Mathilde Seigner : Carole Mazerin
- Jérôme Commandeur : Alain Bordier
- Philippe Lefebvre : Nicolas Mazerin
- Didier Flamand : Jean Laborde
- Jean-François Cayrey : Lech
- Line Renaud : Mamoune
- Sophie Le Tellier : Sylvie
- Sébastien Castro : le thérapeute
- Jean-Michel Lahmi : le directeur général
- José Paul : le président
Une réflexion sur “Un tour chez ma fille”