Tenet est le secret le mieux gardé depuis des siècles, mais nul ne sait ce que c’est réellement. Nous savons que cela fait partie d’une mission de lutte contre la troisième guerre mondiale et un holocauste nucléaire.
Une organisation secrète va réunir plusieurs agents des différents continents tel que Neil originaire du Royaume Uni (Robert Pattison) et une nouvelle recrue Le Protagoniste (John David Washington vu dans BlacKkKlansman).
Leur mission est de se battre contre un oligarque gazier russe joué par Kenneth Branagh. Ils décident de l’atteindre à travers sa femme incarnée par Elizabeth Debicki.
Dans cette première partie, il n’y aura aucun spoiler, donc n’ayez pas peur, nous n’allons pas gâcher l’esprit du film. Toute cette partie reprend des éléments déjà diffusés à travers la presse et des bandes-annonces.
Nolan a l’habitude de créer des films d’expérience et d’ambitions. Il aime explorer les voies de l’impossible et de la technicité.
Tout comme comme Inception, le spectateur devra regarder au moins 2 fois ce film afin de comprendre sa complexité et l’ensemble du propos. A la première lecture on comprend les grande lignes et la forme globale de son intrigue. La seconde lecture elle permettra de mieux comprendre les rouages du scénario. En effet, le génie de Nolan se cache dans les détails et dans la multiplication des possibles. Tenet est comme un problème de mathématiques où vous avez la bonne réponse, mais pour décrocher le 20/20 il faut comprendre le procédé et les étapes qui mènent à cette réponse.
Par le passé, beaucoup ont critiqué Inception comme étant trop compliqué à comprendre, ici, le réalisateur place la barre un peu plus haut et tente de répondre à ce public : «Voici un film vraiment déroutant!». Mais ce côté déroutant n’est pourtant pas si compliqué ou inaccessible, tout étant mis à l’écran et à portée du spectateur.

Tenet-Nolan ou comment créer du grand spectacle au cinéma ?
Si la nouvelle création de science-fiction tant attendue du réalisateur d’Inception amorce le vrai démarrage du cinéma américain en Europe. Le film sort avec quasi aucun concurrent en salle, faisant de lui le film de la saison. Cette sortie est capitale sur le plan économique et culturel, car il pourra sauver une partie des meubles cassés du post-Covid-19. Les nouveaux mutants qui sort le même jour peine à survivre aux report successifs de sa date de sortie, et son ton film d’horreur ne permet pas de jouer la carte des fans de Marvel.
On peut voir ici une providence ou bien penser que c’est une belle opportunité pour le film de Nolan. Soyons honnêtes et cessons la mauvaise foi, depuis plusieurs dizaine d’années chacune des sorties du réalisateur ont créé un véritable phénomène. Il a enclenché la révolution des films de Super-héros en les plongeant dans un réalisme et un aspect contemporain. La trilogie autour du Batman est devenue un pilier du renouveau cinématographique des Super-Héros. Réduire Nolan à Batman serait une erreur, car ce réalisateur a le chic de créer des films visuellement spectaculaires et tellement déroutants que vous devez le voir plusieurs fois!
Si ce Tenet présente un intérêt important, beaucoup de critiques vont cependant jouer la carte du scepticisme en argumentant qu’un film qui nécessite plusieurs lectures pour être compris n’est pas un bon film! Qui n’a jamais relu plusieurs fois un texte de Platon pour en comprendre le sens? L’art de la narration ne se limite pas à une chronologie linéaire et ce détail d’écriture n’est pas le seul élément à prendre en compte dans son dernier film.
Les studios ont longuement hésité à sortir Tenet en salle à cause de l’effondrement de fréquentation des salles obscures. La solution d’une sortie mondiale en VOD s’était longtemps imposée, un peu comme voudrait le faire Disney avec Mulan. Tout cela serait un comble, surtout pour un film à grand spectacle comme Tenet, qui a été tournée en 70 mm dans l’optique d’être projeté en Imax. (voir le dossier du CNC)
Un tournage en 70 mm a un coût non négligeable et Tenet a nécessité un budgets de productions de 225 millions de dollars. Ce serait une grosse perte pour un film aussi coûteux!

Comment Nolan explore le champ des possibles?
Chez Nolan un film n’est pas un début et une fin, il n’y a jamais de bon ou mauvais choix, tout n’est qu’une question de possibles. Le récit filmique est à l’image des rêves et de l’Inconscient, tout repose sur la distorsion de la perception de la réalité. Dans Inception il y a le rêve, dans Interstellar le temps et cette fois-ci nous avons un usage plus radical du temps, on va le faire inverser afin d’atteindre un renversement de cause à effet.
Dans Inception il y avait des superpositions de rêves, ici nous sommes dans une multiplication des possibles et le spectateur n’a jamais accès à la globalité des choses. Ce film à emboîtement ressemble un peu à un puzzle géant avec une approche mathématique de la réalité.
Ce qui est fort dans les films de Nolan c’est que les protagonistes ont chacun une vérité et un but précis qui va peser dans la balance. L’émotion est donc un moteur non négligeable dans l’équilibre de cette équation. C’est comme cela que Nolan arrive à créer des Grandes Histoires qui englobent des petites histoires. Ce petit détail fait toute la différence, nous ne sommes pas face à des héros mais face à des hommes qui veulent sauver le Monde mais se sauver d’eux-même. Tout les films de Nolan repose sur une dualité du fantasme de réparation et de l’instinct de survie.
En conclusion, le véritable moteur de Tenet réside dans ses séquences d’action qui sont réussies et spectaculaires. Le choix d’une chronologie inversée permet d’ajouter un argument philosophique et se démarquer d’un simple film d’action.
Ce thriller sur l’apocalypse nucléaire désoriente semble inciter le public à revenir au cinéma. Il est vrai qu’il y a beaucoup d’enjeux financier en coulisse et Tenet semble clore un triptyque sur le temps. Avec ce film, Nolan en a peut-être fini avec ses théories sur l’espace et le temps ainsi que sur les modèles mathématiques.
Pensez à la structure non-linéaire de Memento, au motif de doublage dans The Prestige ou à l’illustration géométrique du temps dans Interstellar. Ici, le réalisateur pousse les choses plus loin en utilisant un moyen de faire machine arrière! Tenet, que ce soit le film ou le titre, est donc un palindrome qui peut se lire dans les deux sens, comme si cela était en soi une formule magique, celle du possible. Un palindrome parfait qui illustre la vision du monde que le réalisateur tente de donner dans chacun de ses films. Un film où une action peut être perçue différemment selon le point de vue du spectateur.

A lire Allocine | Inrock | L’analyse du film
J’aime bien cette idée des films de « réparation » chez Nolan. Il y a de cela en effet dans TENET, s’appuyant sur ce fantasmé du retour en arrière qui pourrait modifier des évènements futurs. Nolan réalisé des films géométriques, étayés par la science, ce qui les rend hermétiques à bon nombre, et qui irrite sans doute ses contempteurs.
Ce n’est pas forcément du cinéma aimable, mais comme pouvait l’être également 2001 dont on ne reproche plus aujourd’hui de n’y rien comprendre non plus à la fin.
Très bel article.
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Le fantasme de réparation pas film de réparation. C’est un terme en psychanalyse et psychologie quand on projette chez celui qu’on aide l’idée qu’on va se guérir soi même
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