100 000 000 000 000 – cent mille milliards


Dans son dernier film 100 000 000 000 000 – cent mille milliards, Virgil Vernier nous plonge dans une nuit d’échanges intimes entre deux personnages, Julia et Afine. Le récit se déroule dans la chambre de Julia, où elle partage avec Afine des histoires fascinantes de richesses et d’au-delà, ouvrant ainsi une fenêtre sur un monde inconnu pour lui. Un film sur la mélancolie post-adolescente et l’éternel espoir que quelque chose de meilleur nous attend, car on se sent tous un peu spéciaux, comme si nous étions des élus.

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Des envies de métamorphose et l’impression de ne jamais être là où il faut.

Ce film est le récit de la recherche de soi dans un monde dans lequel tout le monde semble privilégier le gain au sens. Un moment d’égarement et de retour à l’essentiel. Durant ces vacances de Noël, le protagoniste va créer un lien, une connexion avec quelqu’un.

La recherche de sens, c’est aussi se questionner sur le but de notre vie et de nos actions. Pourquoi agir si cela n’a pas de sens et ne créé aucune richesse réelle. Le protagoniste est pris dans un engrenage où l’on attend beaucoup de lui, mais lui vivote en attendant de trouver sa voie. Pour ne pas paraphraser Jor-El dans le premier Superman, l’adolescence et le début de l’âge adulte est celui où l’on se pose des questions. On sombre parfois dans une certaine crise existentielle et l’on expérimente des choses et se refuse d’autre.

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On est aussi dans une période où notre famille et nos amis vont devenir des référentiels concurrents. Influençant nos choix, nos prises de décisions. Et parfois, on peut avoir une défaillance de l’un des deux pôles. On va chercher des substituts et Julia semble être cela, cette alternative à une famille absente et jamais évoquée à l’écran.

Leur relation est particulière, il lui donne confiance dans sa féminité, quant à lui, il admire sa manière de voir ce monde avec des yeux d’enfant, ceux qui croient encore à la magie et que tout est possible. Il n’y a rien de lubrique dans leur relation, rien. Ils s’apportent quelque chose du domaine de l’idéal. Et qu’importe si le reste du monde voit dans cette relation quelque chose de malsain, ici tout est de l’ordre de l’innocence.

La mise en image des travailleurs du sexe

Ici, on montre un jeune homme, là où souvent on a tendance à s’attarder à des femmes. La représentation du travail du sexe au cinéma est souvent problématique et stéréotypée. Les films ont tendance à surexploiter le personnage de la travailleuse du sexe, soit pour provoquer le rejet, soit pour susciter l’attraction. Cette approche paradoxale rend visibles les travailleurs du sexe alors que la société cherche généralement à les cacher. Les caméras tentent de saisir l’invisible, de montrer ce qui est habituellement dissimulé pour satisfaire la curiosité du public. Hors dans ce film, on montre la mélancolie adolescente, entre spleen et peur de l’avenir. On montre ses clients, sa relation particulière avec ses régulières.

Certains films ont néanmoins réussi à offrir des représentations plus nuancées et réalistes du travail du sexe. Par exemple, Les nuits de Cabiria présente un personnage complexe, à la fois vulnérable et fort, entouré par d’autres travailleuses du sexe qui prennent soin d’elle. D’autres œuvres, comme celles de Chantal Akerman, mettent en avant le quotidien des travailleuses du sexe, montrant les similitudes entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, brisant ainsi l’opposition traditionnelle entre la figure de la mère et celle de la prostituée.

Il est important de noter que le cinéma a le pouvoir d’influencer les représentations sociales. Les films traitant du travail du sexe permettent d’aborder des thèmes importants tels que la sexualité, l’argent, l’amour, le pouvoir et la liberté. Cependant, il est crucial que les cinéastes prennent en compte la portée sociale de leurs œuvres, surtout lorsqu’ils cherchent à ancrer leurs récits dans une forme de réalisme. Une représentation plus juste et diversifiée du travail du sexe au cinéma pourrait contribuer à une meilleure compréhension de cette réalité complexe. Sean Baker par exemple est l’un des réalisateurs explorant le plus ce secteur d’activité. On a également l’excellent La maison, qui est un plongeon dans le quotidien de ces femmes en Europe. Quant au film de Virgil Vernier, l’originalité est de montrer les rêves d’ascensions sociales et la crise existentielle du protagoniste, qui cherche à créer une connexion réelle avec quelqu’un.

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Note : 3 sur 5.

4 décembre 2024 en salle | 1h 17min | Drame
De Virgil Vernier | 
Par Virgil Vernier, Benjamin Klintoe
Avec Zakaria Bouti, Mina Gajovic, Victoire Song


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