Reality : Une puissante réflexion sur la vérité et les apparences. D’après l’affaire Reality Winner


Le film est dirigé avec brio et nous fait beaucoup penser à XY Chelsea, mais on a l’impression que Reality est dépassé par les événements, du moins c’est ainsi que le réalisateur filme brillamment le personnage incarné par Sydney Sweeney. On est plongé dans cette perquisition et on se demande s’il n’y a pas eu une erreur, si le FBI ne s’est pas trompé de domicile… Et cette question qui revient sans cesse : «Si vous voulez, on a un mandat, on a un mandat…». Ils ont une manière déstabilisante de faire les choses, et c’est une méthode efficace en soi pour les interrogatoires.

Une réalisation pleine de symbole

Les coulisses intrigantes de la réalisation du film Reality sont empreintes d’un mélange captivant entre une histoire authentique et une exploration théâtrale. Tina Satter, célèbre pour ses pièces de théâtre, a fait ses premiers pas dans le monde du cinéma en adaptant la véritable histoire de Reality Winner, une lanceuse d’alerte devenue protagoniste d’un thriller intense. En puisant dans l’adaptation théâtrale Is This A Room, précédemment mise en scène à Broadway, Tina a saisi l’essence des bégaiements, des quintes de toux et des moments censurés qui émaillent le procès-verbal original. Ce document administratif du FBI, à première vue routinier, acquiert une force cinématographique saisissante entre les mains de la réalisatrice. Dans une quête de vérité, le film expose les techniques de communication inhabituelles employées dans cette affaire, ajoutant une dimension fascinante à cette exploration de la réalité et des apparences.

Le choix audacieux de Sydney Sweeney pour incarner le rôle-titre, Reality Winner, s’avère être un coup de maître. Avec sa participation à des séries renommées telles que The White Lotus, Euphoria et The Handmaid’s Tale, elle a su incarner l’essence complexe de la protagoniste. Son engagement profond dans le personnage, nourri par des échanges avec Reality Winner elle-même, a permis de capturer les nuances et les contradictions qui caractérisent cette jeune femme emblématique de la jeunesse américaine de 2017. Cette immersion intensive a permis à l’actrice de reproduire avec précision les intonations et les émotions de Reality Winner, conférant au film une authenticité remarquable. La dimension émotionnelle du film a été accentuée par une collaboration visuelle fructueuse entre Tina Satter et le chef-opérateur Paul Yee. Ensemble, ils ont réussi à créer un équilibre subtil entre la tension dramatique et la réalité brute, offrant au spectateur une plongée visuelle et sensorielle dans l’esprit tourmenté de Reality Winner tout au long de son interrogatoire.

Filmer un interrogatoire et essayer de ne pas le rendre ennuyeux

L’un des aspects les plus marquants de la réalisation de Reality réside dans l’utilisation innovante de la mise en scène pour refléter la réalité et la surrection de l’interrogatoire. Tina Satter a opté pour des explosions de couleurs saisissantes pour mettre en lumière les parties caviardées du document du FBI, créant ainsi des moments surréalistes qui soulignent les techniques d’interrogatoire inhabituelles. Les choix esthétiques, tels que le ralentissement de l’élocution des agents pendant des séquences étrangement humoristiques, ont contribué à maintenir l’engagement du public et à révéler les dimensions cachées de l’affaire. Le film transcende ainsi les limites du documentaire, plongeant les spectateurs dans les profondeurs mystérieuses de l’interrogatoire et mettant en lumière des éléments jusque-là inexplorés. À travers cette œuvre cinématographique, Tina Satter et son équipe ont réussi à donner vie à une histoire captivante tout en honorant la réalité et la vérité qui l’entourent, offrant ainsi au public une expérience cinématographique riche et émotionnelle.

On sent vraiment qu’ils essaient peu à peu de démanteler toute défense possible de la part du prévenu… tout en demandant à chaque fois : « Vous êtes d’accord…» Comme tout est enregistré, cela sert de preuve que la présence d’un avocat n’était pas demandée par la prévenue – dans le cas d’un interrogatoire de ce type, il est limite suicidaire d’accepter de le faire sans être accompagné d’une défense équitable–, Reality apparaît ici comme quelqu’un de très influençable semblant avant tout être une traductrice curieuse et non une activiste. En regardant ce personnage complexe, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec l’affaire de Richard Jewell, un jeune homme épris de morale voulant aider, mais qui va peu à peu se retrouver accuser de terrorisme.

Reality est l’image parfaite de la personne découvrant une information classifiée, mais dont la curiosité va la pousser à aller au-delà de son habilitation. Le plus étrange dans ce film, c’est de voir la jeune traductrice utiliser à outrance google traduction sur des documents confidentiels… en sachant que ce logiciel stock l’historique des différentes actions réalisées sur son serveur. Est-ce un excès de zèle de la part du FBI ? Imprimer un document classé confidentiel ou utiliser toute la journée google traduction, quel est le plus grave ? Quoi qu’il en soit, ce film révèle les méthodes d’interrogatoire assez vicieuses, voir perverse sous prétexte du USA PATRIOT Act.

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Note : 5 sur 5.

16 août 2023 en salle / 1h 22min / DrameBiopic
De Tina Satter
Par Tina SatterJames Paul Dallas
Avec Sydney SweeneyJosh HamiltonMarchant Davis


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