La réalisatrice dresse un portrait touchant de ce couple s’aimant en dehors des conventions dans une société où l’on ne pouvait s’aimer qu’en étant de la même classe.
Quelque chose encore d’actualité, car même si les mœurs ont changé, le diktat économique nous pousse bien souvent à nous engager avec quelqu’un d’un même cadre socioprofessionnel. Les pressions économiques, sociales, amicales font le reste. Le banquier va accorder bien plus à un foyer ayant deux cadres qu’un foyer avec un cadre et une personne freelance.
Le fonctionnaire a pris quant à lui ladite place des nobles. L’héritage est devenu en quelque sorte cette protection de l’emploi, qui garanti auprès du banquier ou d’un loueur le gage d’un statut social stable.

Si le film raisonne dans notre actualité économique, la part féministe de sa réalisatrice en ressort et même si le propos semble bien soutenu, l’art de l’image est maîtrisé, offrant des plans sublimes, comme celui dans ce grand escalier.
Maïwenn s’émancipe une fois de plus avec Jeanne du Barry, l’actrice-réalisatrice a voulu tourner les lundis dans le château du Roi de France, peu à peu dans ces immenses décors l’actrice se fond dans le personnage. Le spectateur ne sait plus si les mots sont ceux de Jeanne du Barry ou ceux de Maïwenn. Un alter-égo saisissant pour un rôle à la mesure de sa démesure.
Avec Jeanne du Barry, c’est une histoire d’amour entre une favorite et son roi, mais aussi entre un personnage historique et sa réalisatrice. Maïwenn se passionne du personnage en 2006 en découvrant Marie Antoinnette de Sofia Coppola, le personnage incarné par Asia Argento est pour elle le plus fascinant. «Je me sens immédiatement en connivence avec elle, elle me manque dès qu’elle quitte l’écran. Jeanne du Barry me séduit car c’est une looseuse magnifique.». Elle partage avec elle la fougue et le tempérament, aller au dela de son rang quand on n’est pas bien né. Elle voit en elle beaucoup de similitude avec sa vie, son parcours. Durant plus de dix ans, elle imagine son film, ce film réalisé avec conviction et tendresse, elle qui souffre du complexe d’infériorité. « À chaque fois que je termine un film, je me replonge pourtant dans ce livre mais sans jamais parvenir à triompher de mon complexe d’infériorité. », explique l’actrice en interview.
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17 mai 2023 en salle / 1h 56min / Drame, Historique, Romance
De Maïwenn
Par Maïwenn, Teddy Lussi-Modeste
Avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe