À mon seul désir est une ode à la liberté et propose un féminisme pro-choix, polyphonique, complexe. La réalisatrice souhaite bousculer le spectateur et le faire se poser des questions sur la complexité du réel. Le film offre également un divertissement en montrant des spectacles de strip-tease drôles et inventifs, pour donner à voir une sexualité joyeuse. Le film explore la question du travail et la manière dont les gens s’y meuvent, en s’appuyant sur des recherches préparatoires pour offrir une vision du strip-tease réaliste plutôt que virtuelle.

Le désir est un sujet complexe et fascinant à explorer dans l’art cinématographique. Le film de Lucie Borleteau, qui pourrait être mis en diptyque avec La Maison d’Anissa Bonnefont, explore le désir sous toutes ses formes, qu’il soit celui des femmes ou celui des hommes, à travers leurs clients et spectateurs.
Le film se concentre sur le monde du striptease et de la prostitution (occasionnelle), dévoilant la fine et fragile frontière qui sépare la vente de son corps et l’exercice du striptease. Cette frontière est souvent franchie pour répondre à l’appât du gain et à la recherche d’un argent rapide. Cependant, il est important de souligner que l’argent facile et l’argent rapide ne sont pas la même chose.
Les deux actrices principales, Zita Hanrot et Louise Chevillotte, sont incroyables et parviennent à incarner toute la complexité de l’âme humaine. Elles nous emmènent dans leur univers et nous font ressentir toutes les émotions qui les animent, nous montrant à quel point le besoin de s’approprier son corps peut être puissant.
Mais le film ne se limite pas à explorer le désir sous l’angle du sexe et de la prostitution. Il montre aussi à quel point la solitude peut pousser certaines personnes à chercher du réconfort dans ces endroits, où ils peuvent se sentir moins seuls et plus connectés avec les autres.
Le film de Lucie Borleteau est une exploration fascinante du désir, de la complexité de l’âme humaine et de la frontière fragile qui sépare le bien du mal. Peut-on parler du mal ou du bien ? À vrai dire, ce serait juger ces filles qui décident de travailler dans ces lieux où c’est avant tout une mise en scène et une forme de théâtralisation du fantasme. Il y a une forme de solidarité et de huis-clos protecteur où tout semble permis et hors du monde. Les différentes actrices de ce film sont incroyables et méritent d’être saluées pour leur performance remarquable. Des personnages touchants et attachants qui masquent pourtant la noirceur de certains clubs dans lesquels les choses peuvent parfois tourner mal.
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5 avril 2023 en salle / 1h 57min / Romance
De Lucie Borleteau
Par Lucie Borleteau, Clara Bourreau
Avec Zita Hanrot, Louise Chevillotte, Laure Giappiconi