Dalva est un film montrant l’inceste du point de vue d’une victime sous emprise. Il dévoile la longue reconstruction de la capacité à être soi-même, en mettant en avant la peur de l’abandon et les dysfonctionnements émotionnels liés à cette relation malsaine. Dalva vit dans un monde à la réalité tronquée où elle se dit être une femme alors qu’elle n’est qu’une enfant, une adolescente.

Dalva sous l’emprise psychologique et physique de son père.
Rapidement, le spectateur se rend compte de la situation : Le père a façonné une réalité dans laquelle la mère de Dalva l’aurait abandonné et lui a insufflé l’idée qu’il était le seul à vraiment l’aimer.
L’emprise d’un parent peut jouer un rôle crucial dans les cas d’inceste en raison du pouvoir et de l’autorité qu’il exerce sur son enfant. L’emprise peut se manifester sous plusieurs formes telles que l’utilisation de la force, de la manipulation ou de la coercition pour contrôler les pensées et les actions de l’enfant. Dans certaines situations, l’enfant peut même être amené à croire que l’inceste est une forme d’amour ou une expression de l’affection du parent, ce qui complique davantage la situation. Dalva explique durant un interrogatoire que c’est normal, une jeune femme doit savoir faire l’amour. Que son père lui a appris à faire l’acte pour la préparer à sa vie future et que quand on aime, on doit faire cela.
Un enfant sous emprise psychologique vivant l’inceste peut se persuader que c’est normal, car il est vulnérable et dépendant de son agresseur, qui peut utiliser diverses techniques pour le manipuler et le convaincre que ses actions sont justifiables et acceptables. L’enfant peut également ressentir de la confusion, de la honte et de la peur, ce qui peut l’empêcher de parler de l’abus ou de réaliser qu’il est en train de se produire. Ici, Dalva n’ayant plus de mère, ni de repère, se retrouve enfermé avec un père qui lui construit un monde et une réalité figée dans cette éducation fallacieuse.
En outre, l’emprise peut conduire à la création d’un environnement dans lequel l’enfant est isolé de la famille et des amis, limitant ainsi son accès à des sources de soutien extérieures. Dans certains cas, cela peut même mener à des menaces de représailles ou à des violences physiques si l’enfant essaie de dénoncer l’abus. En fin de compte, l’emprise du parent peut entraîner des traumatismes profonds et durables pour l’enfant, compromettant sa santé mentale et son bien-être à long terme.
La réalisatrice Emmanuelle Nicot révèle en interview que ce film lui vient d’un constat qui s’est imposé durant le tournage de son court métrage À l’arraché, elle était en immersion dans un centre d’accueil d’urgence pour adolescents : « Ce qui m’a frappée là-bas, c’est que tous ces enfants qui étaient là pour maltraitance avérée continuaient à faire bloc avec leurs familles considérant que la justice était injuste de les avoir placés.».

Deux acteurs touchants :
Alexis Manenti et Zelda Samson sont deux acteurs qui offrent aux personnages de Dalva et Jayden une âme, un visage. Zelda est touchante et bouleverse le spectateur dans sa sincérité de jeu. Jayden a quelque chose de fort, d’inébranlable. Son personnage d’éducateur tentant de faire tout au mieux est cruellement vrai. Il dévoile la difficulté à chercher à créer du lien tout en gardant les distances nécessaires pour la reconstruction de la vraie personnalité de ces ados abusés.
Photo: Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions
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22 mars 2023 en salle / 1h 20min / Drame
De Emmanuelle Nicot
Par Emmanuelle Nicot
Avec Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy