Avec Les Linceuls, David Cronenberg nous propose bien plus qu’un simple détour par son univers traditionnellement lié au body horror. Ici, l’auteur canadien s’engage sur une voie profondément introspective, au croisement du deuil, de la technologie et des mirages du corps. S’appuyant sur son propre vécu — la perte de son épouse —, il bâtit un récit où la chair devient mémoire, où le corps, au lieu de disparaître, s’affiche dans toute sa décomposition numérique. À travers l’histoire de Karsh, interprété par Vincent Cassel, l’œuvre pose un regard acéré sur nos obsessions, nos fantômes intérieurs, et sur cette soif de contrôle que la mort, inexorable, vient mettre en échec. Avec un casting choisi comme une orfèvrerie (Diane Kruger et Guy Pearce complètent l’affiche), Les Linceuls s’inscrit résolument dans la tradition européenne du cinéma d’auteur, revendiquée ici avec la minutie d’un artisan du sensible.
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