Vas-tu renoncer ? Entre mélancolie et représentation sociale de l’artiste


Un film poétique avec un parfum de bohème, de spleen. Le film questionne l’esprit de création : entre l’envie et la déception, le cheminement épuisant pour atteindre l’idéal, où l’on se rend volontairement triste pour atteindre cet état de pensée créatrice et atteindre un spleen permanent.

Le film établit un parallèle avec le XIXe siècle en s’inspirant de la relation tumultueuse entre Charles Baudelaire et Édouard Manet, figures emblématiques de la modernité dont les œuvres ont été scandaleuses pour leur époque. Baudelaire, malgré ses critiques sévères et son scepticisme, n’a cessé d’encourager Manet à persévérer malgré les railleries et les injustices.

La conception du film reflète cette dynamique historique à travers des caricatures et des éléments contemporains. La réalisatrice Pascale Bodet a choisi de transposer cette relation dans un Paris moderne, en mettant en scène deux artistes en quête de validation, errant entre les institutions culturelles de la ville. Les lieux emblématiques tels que le Centre Pompidou et la BNF servent de toile de fond à cette exploration des défis artistiques actuels, rendant l’histoire accessible et pertinente pour les spectateurs d’aujourd’hui.

Avec la mise en perspective moderne « les subventions et le marché européen », on retrouve la figure des artistes maudits qui se battent contre l’incertitude, dans l’espoir que leur talent puisse trouver un écho dans ce monde aveugle. Pourtant, cette incertitude porte un nouveau nom, les subventions européennes, les aides à la production.

Gulcan un regard de naïveté sur le monde et l’Art

Situé à Paris au début du XXIe siècle, le film raconte l’histoire d’Édouard, un peintre, et de Charles, un poète, deux artistes en proie au découragement face aux critiques et au manque de reconnaissance. L’arrivée inattendue de Gulcan, un étranger, va bouleverser leur quotidien. Il a un regard naïf sur le monde et tellement lucide, peu à peu il va apprendre à communiquer entre ces deux amis, devenant une forme d’intermédiaire entre l’Art des mots et l’Art plasticien.

De même, sa naïveté et son empathie agissent comme un médiateur, soulignant les thèmes de la dépendance, de la reconnaissance et de la quête d’identité artistique. L’artiste est sans cesse à chercher une approbation. Il est à rester au téléphone à attendre qu’on les rappelle, comme le disait si bien Galabru, c’est un peu comme une « pute ».
Le plus beau dans ce film est son approche mélancolique et parfois satirique, capturant l’essence des relations humaines et des luttes artistiques dans une société moderne et muséifiée.

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Note : 4 sur 5.

26 juin 2024 en salle | 1h 12min | Drame
De Pascale Bodet | 
Par Pascale Bodet
Avec Benjamin Esdraffo, Pierre Léon, Serge Bozon

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