L’affaire Didier Gentil, autrefois appelée affaire Richard Roman, est une tragédie criminelle qui s’est déroulée en juillet 1988 à La Motte-du-Caire, dans les Alpes-de-Haute-Provence, marquée par le viol et le meurtre d’une jeune fille.

Didier Gentil, né le 12 décembre 1963 à Arnay-le-Duc, a vécu une enfance difficile après le divorce de ses parents en 1971. Placé dans différents foyers jusqu’à sa majorité, il développe un comportement déviant, marqué par des vols et des fugues. En arrivant à La Motte-du-Caire à l’âge de vingt-cinq ans, il est hébergé par Richard Roman, agriculteur saisonnier.

Richard Roman, né le 15 décembre 1959 à Ambilly, est titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome. Vivant en harmonie avec la nature, il devient éleveur de chèvres après avoir acquis la Bergerie des Plaines en 1984.

Le 26 juillet 1988, la vie tranquille de la petite localité est bouleversée. Céline, une fillette de sept ans en vacances chez son père, disparaît. Son corps est retrouvé le lendemain, violenté et assassiné. Didier Gentil et Richard Roman deviennent rapidement des suspects, avec des éléments tels que le témoignage d’un homme affirmant avoir vu Gentil avec la fillette et le fait que Roman l’héberge chez lui.

L’enquête connaît des rebondissements, avec des aveux contradictoires, des pressions sur les accusés, et une reconstitution avortée en raison d’une émeute. En juillet 1989, une contre-enquête journalistique soulève des questions sur la fiabilité de l’instruction. En octobre 1990, un juge d’instruction rend un non-lieu en faveur de Richard Roman, remettant en cause les charges contre lui.

Cependant, en novembre 1992, le procès s’ouvre devant la cour d’assises de l’Isère. Les tensions sont vives, avec des témoignages controversés et des revirements inattendus. Finalement, Didier Gentil est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, tandis que Richard Roman est acquitté.

Malgré le verdict, la famille de la victime persiste à ne pas accepter l’innocence de Roman et la culpabilité de Gentil. Par la suite, Gentil est impliqué dans une autre affaire de meurtre, mais il est acquitté en 1997.

La vie de Richard Roman prend un tournant sombre après son acquittement. Traqué et harcelé, il reçoit une compensation de la Commission nationale de réparation de la détention provisoire mais sombre dans la toxicomanie. En juin 2008, il est retrouvé mort à son domicile, victime d’un mélange de médicaments et de stupéfiants, dans des circonstances qui ne permettent pas de conclure à un suicide.

Cette affaire soulève des questions sur le fonctionnement de la justice, mettant en lumière des erreurs et des faiblesses dans l’enquête et la procédure judiciaire, et laissant une empreinte tragique dans la vie des protagonistes.

L’affaire Didier Gentil, également connue sous le nom d’affaire Richard Roman, a inspiré plusieurs ouvrages et productions cinématographiques explorant les détails tragiques et controversés de cette affaire criminelle. Parmi les publications, on trouve des livres tels que « L’affaire Céline Jourdan » de François Nemours, « L’affaire de la petite Céline » de Philippe Boudin et Sylvie Turillon, ainsi que « Les secrets d’un juge » de Michel Legrand. Ces ouvrages offrent des perspectives variées sur les événements, mettant en lumière les aspects juridiques, les controverses entourant l’enquête et les conséquences psychologiques sur les protagonistes. Sur le plan cinématographique, des documentaires télévisés tels que « Richard Roman : le procès d’un innocent » et « Rendez-moi justice » ont également été réalisés pour explorer les différentes facettes de cette tragédie judiciaire. Ces œuvres permettent au public de plonger plus profondément dans l’histoire complexe de l’affaire Didier Gentil et de susciter une réflexion sur les failles potentielles du système judiciaire.