Un thriller au pays du soleil levant dans l’héritage d’Hitchcock, Kei Ishikawa arrive à proposer une histoire captivante pleine de rebondissement portée par un jeu magistral d’acteur. Satoshi Tsumabuki est la grande force de ce film, on suit pas à pas les révélations et levée des mystères.
Au-delà de cette enquête à tiroir, le film pose la question de la question de l’identité et de la personnalité. Entre l’identité de filiation que représente le nom de famille et aussi celle que l’on offre par nos actions et l’histoire qu’on construit. Une réflexion sur le droit d’être la personne qu’on désire être et l’héritage familial.
Dans l’ombre d’Hitchcock, Kei Ishikawa offre un thriller captivant à travers A Man. Satoshi Tsumabuki, en tête d’affiche, livre une performance magistrale, guidant le spectateur à travers les méandres d’une histoire riche en rebondissements. L’énigme se dévoile à travers Rie, qui, après la mort de son mari, découvre que celui-ci n’était pas l’homme qu’il prétendait être. Une enquête complexe s’ensuit, menée par l’avocat Akira Kido, interprété par Tsumabuki.

Au-delà de l’intrigue imbriquant plusieurs éléments, le film explore les thèmes de l’identité et de la personnalité. À Miyazaki, sur l’île de Kyūshū, la recherche de la véritable identité de Daisuke Taniguchi sert de toile de fond à une réflexion sur le poids de la famille et la difficulté à connaître réellement autrui. La construction déroutante du récit ajoute une dimension mystérieuse, éloignant le film du simple thriller pour plonger dans une exploration plus profonde.
Le choix esthétique du réalisateur se révèle dans la durée du film, dépassant le format conventionnel d’une enquête policière télévisée et même d’un film plus classique. La dernière partie du film semble essayer de diluer les réponses comme pour chercher à pousser dans son retranchement le spectateur. Quant au tableau de Magritte, Reproduction interdite, en introduction, symbolise la nature complexe de chaque être humain. Ishikawa, dans son quatrième long-métrage, réussit à transcender le thriller pour toucher aux questions générationnelles et sociales au Japon. « A Man » ne se contente pas d’offrir un suspense palpitant, mais s’aventure à interroger l’essence même de l’identité à travers les faux-semblants et les secrets qui façonnent chaque individu. Un voyage cinématographique énigmatique et révélateur.

Pour aller plus loin sur la thématique de l’identité au cinéma :
Kore-eda, un virtuose du cinéma japonais contemporain, s’illustre fréquemment à travers ses explorations des intrications familiales et des questionnements identitaires. Dans des films tels que The Third Murder (2017), Kore-eda sonde les profondeurs de l’âme de ses personnages, remettant en question la vérité et l’identité au-delà des apparences. Like Father, Like Son (2013) et After the Storm (2016) de Kore-eda, tout comme A Man de Kei Ishikawa, naviguent à travers les thèmes de la filiation et de la quête personnelle.
Ces réalisateurs établissent des parallèles intrigants, explorant la condition humaine à travers des lentilles narratives similaires. En empruntant une voie similaire, ces cinéastes talentueux révèlent les nuances de la nature humaine, héritant d’une tradition cinématographique qui trouve également écho dans les œuvres d’Alfred Hitchcock, maître incontesté du suspense et de l’exploration des identités changeantes, comme illustré dans des classiques du film noir tels que Vertigo (1958) et North by Northwest (1959).
Il y a également en France, L’Homme qui voulait vivre sa vie. Porté par l’acteur Romain Duris, le film raconte l’histoire de Paul Exben, un homme qui, insatisfait de sa vie, décide de prendre l’identité d’un autre pour échapper à ses propres erreurs. Eric Lartigau, à l’instar de Kore-eda, explore les ramifications psychologiques d’une identité en mutation, soulignant les conséquences de choix radicaux sur la vie d’un individu. Cette œuvre s’inscrit ainsi dans la tradition du film noir contemporain, où les personnages se lancent dans des quêtes existentielles complexes, écho aux intrigues Hitchcockienne de la dualité humaine et des identités changeantes.
À lire : Sang Vie
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31 janvier 2024 en salle | 2h 01min | Thriller
De Kei Ishikawa |
Par Kôsuke Mukai
Avec Satoshi Tsumabuki, Sakura Andô, Masataka Kubota
Titre original Aru otoko
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Une réflexion sur “A Man – Un thriller sombre où nul ne connait vraiment personne”