Un film qui ne laisse personne indifférent, il dévoile la noirceur de l’âme et même si nous sommes dans des nuances de gris… Tout semble être sans espoir, mais l’éclaircie arrive après la pluie*.
Limbo a le mérite d’être un chef-d’œuvre dans sa mise en scène, sa photographie et ses différentes courses-poursuites filmées de manière sublime. Il y a une fluidité et une efficacité dans le montage, on retrouve des raccords dans l’axe et dans le mouvement qui sont orchestrés avec brio.

Le choix du noir et blanc permet de limiter la dispersion du regard du spectateur, qui se focalise sur ces zones de lumière. Entre le fracas de la pluie, les sens parviennent à être filmés de manière si immersive que l’on arrive à imaginer les odeurs qui émanent de l’écran.
Le réalisateur Soi Cheang filme avec habileté l’agitation, la peur et l’angoisse qui érigent ces bas-fonds dans lesquels errent des âmes perdues. Parmi eux, se trouve un criminel qui semble dépourvu de toute trace d’humanité. Pourtant, au sein de cette misère sociale et d’empathie absente, émerge le besoin du pardon que la protagoniste brandit à tout-va. Ce pardon représente la preuve ultime d’humanité, et ce détail demeure être la seule lueur salvatrice pour les habitants et les différents personnages qui se croisent et se battent.
Des policiers humains
Les émotions sont une part inévitable de la condition humaine. Elles peuvent être intenses et puissantes, souvent difficilement contrôlables. Cependant, lorsqu’il s’agit de policiers, il est essentiel que certaines émotions ne les atteignent jamais, car elles ont le potentiel d’obscurcir leur jugement et de mettre des vies en jeu. Les pulsions et l’inconscient se livrent une bataille constante au sein de chaque individu, et les forces de ces mécanismes internes peuvent être dévastatrices si elles prennent le dessus. Un policier qui se laisse emporter par la colère, la peur ou d’autres émotions intenses risque de prendre des décisions précipitées et imprudentes, mettant ainsi en danger sa propre vie et celle des autres. Le réalisateur arrive à montrer cette part d’humanité et les différents affects qui agissent dans la psyché de ses enquêteurs. Ils ont peur, ils ont mal aux dents pour certains.

Limbo montre l’Humanité au sens strict dans ses meilleures et ses jours les plus sombres. La vie est une suite d’évènements révélant que ce monde n’est pas manichéen, mais en nuance de gris.
La plus belle poésie de Soi Cheang réside dans sa capacité à capturer, au cœur de ces ténèbres, des éclats de lumière à travers quelques sourires ou simplement l’amour qui transparaît dans les yeux des personnages qui accompagnent ces policiers. Trouver un peu d’amour et d’espoir dans les limbes est peut-être la preuve que ce monde n’est pas perdu.
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12 juillet 2023 en salle / 1h 58min / Thriller, Policier, Drame
De Soi Cheang
Par Kin Yee Au
Avec Ka Tung Lam, Yase Liu, Mason Lee
*«L’éclaircie arrive après la pluie» est une expression courante qui signifie qu’il y a toujours de l’espoir et du bonheur qui suivent les moments difficiles. Cette phrase provient du film « The Crow« , dans sa version originale «It can’t rain all the time.» Cette phrase est prononcée par le personnage Eric Draven, interprété par Brandon Lee. Elle reflète l’idée que même dans les moments les plus sombres, il y a toujours de l’espoir et que les temps difficiles ne durent pas éternellement. Cette réplique est devenue emblématique du film et a été souvent reprise pour souligner la persévérance et la résilience face à l’adversité.
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