L’amour et les forêts, entrez dans l’enfer d’une femme sous emprise


Un film touchant nous plongeant dans la descente aux enfers d’une femme sous l’emprise d’un pervers narcissique. La réalisatrice développe une longue métaphore filée du double, comme pour souligner le quotidien aliénant d’une victime face à un individu double : tantôt doux et parfait en public, mais violent dans l’intimité.
On saluera la prestation de Virginie Efira, mais également MELVIL POUPAUD qui incarne un être sombre, manipulateur et malade.

Au début tout va bien :

Le personnage n’apparaît pas directement à l’écran, il est simplement une voix. Elle est chaude et interpelle, puis progressivement, on passe de la voix à l’action, mais tout ce qu’elle dit ne semble pas sincère. Bien qu’il puisse y avoir des sentiments amoureux, ils ne sont pas sains. En effet, bien que les gestes d’affection puissent paraître beaux et parfaits en apparence, ils sont accompagnés d’un désir de domination visant à contrôler davantage la liberté de l’être aimé. Au départ tout va bien, on imagine que ces appels sont juste alimentés de bonnes intentions, mais peu à peu le contrôle et la paranoïa prennent le dessus.

La figure du pervers narcissique

La figure type du pervers narcissique est souvent présentée de manière similaire à cette voix chaude qui interpelle dans le paragraphe précédent. Les pervers narcissiques sont des individus qui cherchent à exercer un contrôle total sur leur partenaire en utilisant des tactiques manipulatrices. Au début de la relation, tout va pour le mieux, les gestes d’affection, les grandes déclarations. Il y a comme un dédoublement qui se crée avec un être parfait à l’extérieur et un être abject à la maison.
Le film arrive à mettre en scène de manière claire le moment de bascule qui correspond ici à l’acquisition d’une voiture. Elle représente la liberté et tout ce qui permet la liberté est un symbole d’abandon possible et de perte. Le compagnon incarné par Melvil Poupaud ne supporte pas l’idée de perdre le contrôle sur son épouse.

Il est fréquemment dit des pervers narcissiques et de leur comportement qu’ils usent de la manipulation psychologique. En cas de perte de contrôle, ils peuvent aller jusqu’à commettre des actes de violence physique, en passant par la dévalorisation constante de leur partenaire.

La métaphore du double :

Il y a plusieurs doubles dans ce film, le mari qui revête deux visages. Il y a aussi cette ressemblance frappante avec le père de Blanche dont on peut apercevoir un portrait en noir et blanc. Il y a le fait que Blanche possède une jumelle, et durant le moment où elle attend devant la porte du cabinet de son avocate, le jeu de reflet dans le miroir rappelle encore ce double. Au début du film, il y a un moment de flottement, on se demande si la conversation est celle d’un entretient avec un psychologue ou un psychiatre. Comme si Blanche serait souffrante d’un trouble de personnalité multiple et raconterait l’histoire de son autre. Mais la réalisation est soignée et peut à peu, comme une victime, on plonge dans la noirceur de l’emprise !

Ce film est présenté à Cannes Première au Festival de Cannes 2023.

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Note : 5 sur 5.

24 mai 2023 en salle / 1h 45min / ThrillerDrame
De Valérie Donzelli
Par Valérie DonzelliAudrey Diwan
Avec Virginie EfiraMelvil PoupaudDominique Reymond

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