Dans Renfield, le réalisateur s’attarde sur la question des complices, ceux qui accompagnent les monstres et les aident à perdurer. En effet, le terrifiant Dracula ne pourrait pas se maintenir et avoir une emprise sur notre siècle sans ses différents complices.

La force de ce film réside dans sa volonté de s’éloigner du genre horrifique pour proposer un film d’action. Chris McKay réussit à traiter un sujet d’actualité, à savoir les pervers narcissiques et la co-dépendance, en y intégrant Dracula. Pour y parvenir, il édifie son histoire au travers de regard de son familier et serviteurs, Renfield.
Une fois de plus, la psychanalyse est au rendez-vous, du moins les théories sur la dépendance affective et les pervers narcissique. Si on y pense bien, le célèbre vampire a toujours eu un rapport intime avec la science et la religion. Le résultat est bon et ça match !
La grande question posée par ce film est la suivante : Pourquoi les dépendants affectifs succombent-ils aux charmes des vampires ?
Pourquoi n’arrivons-nous pas à nous battre contre ceux qui nous dominent émotionnellement ? La réponse est simple : ils nous détruisent, nous réduisent en miettes et nous devenons de simples insectes semblable à ceux ingérés par Renfield. Étrangement, le serviteur qui se nourrit d’insectes représente parfaitement cette symbolique de celui réduit à la plus misérable des conditions. Son maître a le droit aux beaux morceaux et lui à la vermine. Pour s’en sortir, une victime doit apprendre à regagner confiance en elle et à sortir de sa condition en désacralisant son oppresseur.

Pourquoi s’éloigner d’un film d’horreur traditionnel :
Il est souvent difficile de faire fonctionner Dracula dans les années modernes. Le film Dracula 2001 avait du mal à convaincre malgré une idée intéressante. Ici, les cascades orchestrées par CHRIS BREWSTER apportent quelque chose d’intéressant à la dimension film d’action choisie par le réalisateur. « On a envisagé le récit à partir d’une relation de dépendance au plus grand narcissique de la littérature occidentale », déclare le co-producteur David Alpert. « En choisissant de raconter l’histoire en termes de psychologie populaire, on savait que ça allait faire rire.»
Certes, Renfield n’est assurément pas un film d’horreur et les amateurs de films d’horreur crieront au scandale après avoir vu ce film, car leur espoir d’un énième film d’horreur sur les vampires ne sera pas satisfait. Ici, nous sommes plutôt dans un pastiche efficace en mode film d’action. Les cinéphiles reconnaîtront plusieurs références à la Culture Pop et au patrimoine de l’Histoire du Cinéma, allant de Béla Lugosi et l’utilisation de la typographie de 1931, aux remakes des scènes de Nosferatu de Murnau. En quelques mots, Renfield est un film d’action, sanglant et décalé !
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31 mai 2023 en salle / 1h 33min / Comédie, Epouvante-horreur
Réalisation Chris McKay
Scénario Ryan Ridley
Avec Nicholas Hoult, Shohreh Aghdashloo, Nicolas Cage