Suzume : Entre temps, espace et mort – Une fresque animée captivante sur la beauté des souvenirs et la guérison

Un très bon film d’animation avec des paysages splendides, souvent le propre de l’animation japonaise qui nous immerge dans une fresque à l’écoline (une aquarelle liquide au rendu brillant et éclatant, disponibles en bouteilles et en brush pens..).
Suzume est récit sombre et captivant sur les concepts du temps, de l’espace et de la mort.

Le film dresse un récit sombre et captivant qui explore les concepts du temps, de l’espace et de la mort d’une manière profonde et poignante. Écrit par Makoto Shinkai, ce récit avait germé dans son esprit au début de l’année 2020, avec deux idées principales qui l’avaient guidé tout au long de son processus de création.

La première idée de Makoto Shinkai était de créer une histoire qui apaiserait un lieu en faisant le deuil. Il avait remarqué que de nombreux endroits autrefois animés au Japon devenaient peu à peu abandonnés. En voyageant à travers le pays pour présenter ses films, il avait été frappé par la décrépitude de certains lieux qu’il avait connus dans sa jeunesse. Il se demandait pourquoi les gens attachaient autant d’importance aux cérémonies d’inauguration, comme celle de la première pelletée de terre, mais ne faisaient rien pour marquer la fin ou la disparition d’un lieu. Pour lui, il semblait y avoir un manque de reconnaissance envers la terre ou la ville, et il voulait aborder cette idée dans son récit.

La seconde idée était de créer une histoire centrée sur une jeune fille voyageant avec un être atypique. Il voulait explorer la relation entre deux êtres différents, qui se soutiennent et se comprennent mutuellement, malgré leurs différences. Il voulait capturer la beauté des rencontres inattendues et des liens qui se tissent entre des individus qui n’appartiennent pas nécessairement au même monde.

Un voyage initiatique et spirituel

Tout au long de son périple, Suzume était confrontée à des questions complexes sur le temps, l’espace et la mort. Elle se demandait pourquoi le temps semblait s’étirer et se contracter de manière étrange dans ces lieux abandonnés, comme si le passé, le présent et le futur s’entremêlaient. Elle observait les vestiges du passé qui se superposaient à son propre présent, et se demandait si l’espace était vraiment vide ou s’il était habité par des souvenirs et des émotions du passé.

Le temps est un concept étrange, n’est-ce pas ? Un peu comme ces vestiges des lieux abandonnés qu’elle visitait, autrefois animés et pleins de vie, maintenant vides et décrépis. On se demande comment ces endroits pouvaient être si différents, mais pourtant liés par une histoire commune.

Suzume interpelle sur le changement et la façon dont les lieux pouvaient garder en eux les souvenirs des événements qui s’y étaient déroulés, comme si l’espace lui-même était imprégné de ces souvenirs.

Les lieux ont une mémoire, une âme. Ils portent les marques du passé, les empreintes de ceux qui les ont habités, et même lorsque tout semble abandonné, on peut encore sentir leur présence, leur histoire gravée dans les murs, les rues et les paysages.

La porte vers l’au-delà :

Il faut donc savoir fermer la porte pour y laisser derrière des choses et trouver la force de guérir ! Cette porte symbole ce que l’on ferme, ce que l’on doit laisser de côté pour pouvoir faire son deuil. Parfois un élément vient rompre le quotidien et on se souvient. On ne comprend pas vraiment ce concept et matérialiser quelque chose d’abstrait lui offre plus de sens.

La porte est une forme de transition, elle permet un passage vers autre chose, quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre pleinement tant qu’on n’a pas franchi le seuil.
Malgré tous nos doutes et nos craintes, il y a de la beauté dans cette inconnue, dans cette danse perpétuelle entre la vie et la mort, le passé et le présent, l’espace et le temps.

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