Le lycéen de Christophe Honoré : un film touchant sur le deuil et la construction de soi.

Parler du deuil à l’âge de la construction de sa personnalité est compliqué. Le lycéen plante le décor avec une caméra frontale à laquelle il parle de sa dépression, de la perte de son père, des doutes et des peurs liés à un décès brutal.

Ce qui est vrai dans ce film, c’est la peur que son père soit déçu ou ne soit parti avec une mauvaise image de son enfant. Le réalisateur arrive à créer de l’intimité dans des scènes qui sont filmées avec pudeur, même l’homosexualité est montrée de manière délicate. Ce jeune abimé se cherche et veut trouver un sens à son existence et rêve d’un lien avec le monde adulte.

La dépression peut parfois mener à des comportements à risques et dans sa dérive, Lucas va peu à peu faire des mauvais choix. Il cherche à vivre des sensations fortes pour se convaincre qu’il n’est pas mort, qu’il n’est pas anesthésié. C’est le problème d’une dépression ou d’un deuil, il y a ce long moment où l’on erre sans cesse, où l’on a mal et où l’on a besoin de ressentir quelque chose.

Des acteurs touchants

À côté de cette prestation intense de Paul Kircher, il y a ces autres acteurs comme Vincent Lacoste qui arrive en peu de scène à laisser une trace et une présence. On salue également Juliette Binoche et Erwan Kepoa Falé, qui sont tous deux touchants.

Un film touchant sur le deuil et la construction de soi.

Ceux ayant vécu le même drame durant l’adolescence s’identifieront sans mal au personnage. Un sujet très personnel pour le réalisateur qu’il a plusieurs fois traité comme dans Le Ciel de Nantes.

À l’occasion de ce film, Christophe a même choisi de participer au film en tant qu’acteur, et pas dans n’importe quel personnage, celui du père : «Je ne suis vraiment pas acteur, et je ne suis pas à l’aise avec ça. Mais là, je suis assez content d’avoir surmonté ma gêne pour être présent dans le film. » »Je me suis envisagé comme un « reflet » de mon père» explique-t-il en interview.