Endless Night est une série qui permet de confirmer que la francophonie est capable de belles choses lorsqu’elle travaille sur un projet ! Il est beau de voir la magie opérer quand le réalisateur, les techniciens et les équipes artistiques sont au service d’une œuvre.
Un joli coup de cœur qui fait du bien à la fiction francophone !

Avec une photographie très contrastée et un rythme du récit soutenu, Endless Night est une série centrée sur le personnage d’Eva, mais avec quelques tendances à aller vers la série chorale.
On a bien aimé la manière de nous plonger dans la représentation des rêves, des états seconds. Cette esthétique fait énormément penser à Claude Chabrol et sa manière de représenter les délires, les rêves et l’inconscient.
Un peu un croisement entre Skins et Parallèle, nous plongeons dans un univers inquiétant et troublant à la fois.
L’onirisme est troublant et poétique. Nous avons des détails qui laissent le spectateur dans le questionnement entre la part du réel et de l’imaginaire. Un peu comme si les rêves avaient une part plus forte qu’on ne pensait sur notre quotidien.
Les acteurs et actrices sont tous issus du monde des fictions françaises ( Skam, Bracelets rouges, Je te promets…) et vivent des histoires dans un centre spécialisé dans les maladies du sommeil. Les différents protagonistes souffrent de narcolepsie, somnambulisme et diverses maladies. Le monde des rêves fascine le réalisateur qui avoue les analyser, du moins, les observer depuis son enfance «Je suis aujourd’hui convaincu que ce sont des expériences aussi importantes que celles du réel.».
L’analyse des rêves et des cauchemars :
Il est vrai qu’analyser ses rêves permet de mieux comprendre notre fonctionnement inconscient, nos émotions, nos peurs et nos désirs ! Les jolis rêves n’interpellent que très peu, mais les cauchemars comme ceux qui sont évoqués dans la série ont beaucoup d’éléments latents à étudier. Le contenu manifeste est toujours plaisant, mais moins riches que le contenu latent qui possède tout ce qu’on n’ose pas réellement dire ni avouer au quotidien. Nous avons été saisis par ce masque de chouette qui nous rappelle énormément le film Phénomènes paranormaux (2009, Olatunde Osunsanmi).
Depuis 2009, les chouettes sont regardées avec un regard bien différent, car elles sont annonciatrices d’un mauvais présage ! Déjà depuis l’antiquité grecque, elle symbolisait la clairvoyance et la prophétie, elle accompagnait la déesse Athéna et lui conférait ainsi la maitrise de la sagesse.

Le rêve, un thème qui prédispose au monde du fantastique
Le choix des maladies du sommeil est judicieux, en effet ces deux maladies fascinent et effraient depuis des siècles.
De l’expressionnisme allemand avec Le Cabinet du Docteur Caligari au cinéma d’épouvante, l’inconscient et le rêve animent l’imaginaire collectif en se nourrissant sans cesse des découvertes et avancées des sciences comme celles en Neurologie et Psychanalyse. Ici, l’imagerie médicale permet d’étudier les phases paradoxales du sommeil, ce moment où l’on crée des rêves.
Les rêves, une addiction :
Les différents ados de cette série sont addicts à cette recherche sans fin de l’extase et du bonheur. Un peu comme dans Requiem for a dream ou Skins où ils passent une grande partie de leur temps à tenter d’échapper à la réalité et ses problèmes.
Quand on arrive à provoquer des rêves plaisants et agréables, le quotidien en devient plus acceptable, mais cette poursuite les mène peu à peu à voler, dérober la substance neurochimique leur permettant leur évasion onirique. « Il faut apprendre à gérer, à savoir être entre la frontière du rêve et de la réalité », explique Sébastien. Quant à Eva la nouvelle initiée, elle cherche à recréer du lien avec son père disparu. Elle veut apprendre à gérer et elle veut exploiter ce lien étrange la reliant avec son père défunt.
La représentation des rêves est sublimée et le réalisateur lui donne un côté flirtant avec le fantastique. L’action se déroulant essentiellement la nuit, ouvre la voie à l’utilisation d’une colorimétrie proche des séries comme Riverdales avec des couleurs vertes, bleues et rouges.
On retrouve également des fantômes, des corbeaux qui ponctuent l’action, créant une certaine tension dans le fil de l’action.
Un nouveau rôle pour Ayumi Roux
Grand coup de cœur pour l’actrice Ayumi Roux et Hanane El Yousfi que l’on avait déjà aperçues dans Les bracelets rouges.

Ayumi Roux (Eva) parle de la capacité du cinéma et des métiers des arts à partager des rêves. L’actrice analyse depuis quelques années ses rêves, du moins y prête beaucoup plus attention. Elle lit et écoute beaucoup de podcast sur ce sujet.
Sa rencontre avec le réalisateur et la constitution du casting ont rendu cette série fantastique comme réelle. En quelques mots, cette série montre quelque chose qui commence bien et qui se termine après une acmé époustouflante. Tout gravite autour d’Eva, bien que l’on puisse trouver quelques éléments faisant penser à une série chorale.
Avec :
Ayumi Roux (Eva)
Théo Augier (Sébastien)
Hanane El Yousfi (Naïma)
Chine Thybaud (Pauline)
Salif Cisse (Idriss)
Léo Legrand (Théo)
Louïs Rault Watanabe (Clément)
Stéphanie Crayencour (Hélène Gauthier)
Gabriel Almaer (Romain)
Alice Le Paige (Chloé)
Carole Trevoux (Docteur Falco)
Réalisation :
David Perrault
Créé par :
David Perrault et Emmanuel Voisin
Auteurs :
David Perrault
Emmanuel Voisin
Julie-Anna Grignon
Sophie Dab
Musique originale :
Sébastien Perrault
ENDLESS NIGHT
Mini-série / Fantastique / Thriller
6 x 30’ minutes
À partir du mercredi 3 août sur Netflix monde
(hors Belgique – Diffuseur : Proximus)