Un film touchant sur une réalité souvent ignorée une fois le reportage télévisé terminé.
Après l’usine c’est le récit de quelqu’un ayant travaillé pendant 35 ans dans la même usine, une vie ordonnée dans un même rythme, un même quotidien qui soudainement s’arrête. Le mode de vie de ces gens se retrouve brusquement déstructuré. Être ouvrier c’est vivre ainsi, se lever pour aller à l’usine, rentrer à la maison et le peu de temps qui est disponible pour le repos, se fait avec des collègues ouvriers.
Ce mode de vie s’accompagne d’une philosophie et une manière de penser. Il est difficile de savoir comment s’intégrer dans une société où tout est changeant.
Du patron aux PDG
Le parton autrefois avait un nom, un visage, puis il est devenu un ensemble de marques qui pour se simplifier est devenu un sigle sous forme d’initiale. On a désincarné les patrons en actionnaires pour peu à peu rendre impossible le rapport des ouvriers avec des patrons invisibles, vivant dans un monde lointain, dans les sphères de l’économie et de la bourse.
Une photographie agréable, des plans et des séquences tournés en caméra numérique et caméra embarquée. Le tout est fluide avec un montage ludique et rythmé. Nous avons beaucoup aimé le travail de Miléna Trivier qui s’occupe des images et de l’étalonnage. La réalisation de Maxime Coton est intuitive, on sent qu’il y a un vécu, il pose un regard bienveillant sur le quotidien d’un père perdu.
Il y a vraiment la voix d’une partie de la population perdue, qui s’isole peu à peu et qui ne trouve pas sa place dans cette société numérique. Peut-être que le deuil de cette vie fracassée nécessite cet isolement? De cesser de voir ses collègues? Ou bien est-ce la honte? 8 ans après la sortie du «Geste ordinaire», Maxime s’interroge sur le quotidien de ce père de 54 ans, qui vit le quotidien rythmé par des balades à vélo à essayer d’oublier l’usine.
Un film à mettre entre toutes les mains : syndicalistes, journalistes, conseillers d’orientation, famille de travailleurs, conseillers pôle emploi…. Bref, plus qu’un témoignage, une vérité.

Date de sortie : 2019
Pays : Belgique
Genre : documentaire
Durée : 50′
Producteur délégué : Maxime Coton
Producteurs associés : Isabelle Christiaens, Pierre Duculot, Joël Curtz
Une production BRUITS asbl, en coproduction avec la RTBF (secteur documentaires), Wallonie Image Production, le Centre Vidéo de Bruxelles, avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Province de Hainaut.
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