HERETIC, le nouveau thriller psychologique de Scott Beck et Bryan Woods (les créateurs de Sans un bruit), propose une approche audacieuse et intellectuelle du genre de l’horreur religieuse. Ce film A24 met en scène Hugh Grant dans le rôle captivant de Mr. Reed, un homme mystérieux qui accueille chez lui deux jeunes missionnaires mormones interprétées par Sophie Thatcher et Chloe East.
Loin des clichés habituels du genre, le film plonge le spectateur dans une exploration psychologique intense des doutes, des hypocrisies et des défis intellectuels inhérents à la foi aveugle. Le film délaisse les traditionnels jump scares au profit de dialogues philosophiques et d’une tension psychologique palpable. À travers un huis clos angoissant dans la demeure de Mr. Reed, le film interroge la nature même de la croyance et pousse ses personnages – et le public – à remettre en question leurs convictions les plus profondes.
Cette approche novatrice, portée par des performances remarquables et une cinématographie claustrophobique, fait de ce thriller une œuvre qui marque un tournant dans le cinéma d’horreur contemporain, invitant à une réflexion profonde sur la foi, le doute et la quête de vérité.

Les sensations et nos sens nous trompent. Ils nous donnent l’impression de savoir et de croire en l’existence des choses.
Dans le film, CREEP est au cœur du récit. La chanson Get Free de Lana Del Rey, figurant sur son album Lust for Life sorti en 2017, a été accusée de plagier Creep de Radiohead. Ironiquement, Creep avait lui-même été pointé du doigt pour une ressemblance avec The Air That I Breathe, morceau du groupe The Hollies sorti en 1974. Ce jeu de renvois entre accusations crée une sorte de « mise en abyme » du plagiat dans la musique, où une œuvre accusée de plagiat en évoque une autre déjà contestée. Cette situation interroge sur les frontières entre inspiration et copie dans l’industrie musicale.
Jouer sur les similitudes à travers les itérations dilue le message originel. Certains fonctionnent, car le Marketing fait la différence, d’autres échouent, car le message semble trop étrange sur le plan culturel. Dans le film on va comparer les différentes subdivisions des 3 religions monothéismes comme des réitérations de plusieurs autres mythes pré-existants. Il y a eu de nombreux cas de Dieux ou Demi-Dieux, qui ont été ressuscités comme Osiris, Dionysos ou encore Mithra. Une autre exemple, le miracle de marcher sur l’eau Hanuman. Chaque culture et civilisation va réactualiser un grand mythe en utilisant des mythèmes communs.
Le film propose une réflexion sur le modèle de la théologie comparée pour comprendre qui est le dieu originel et comment la croyance modèle notre esprit et comportement.
Les miracles viennent à nous comme des petits biscuits pour nous convaincre de continuer à croire aveuglément.

La quête de sens dans le miraculeux et la foi
La perception d’événements miraculeux joue un rôle central dans le film, illustrant comment la croyance peut être façonnée par notre interprétation de phénomènes inexpliqués. Le personnage de Mr. Reed incarne cette quête de sens à travers le miraculeux, cherchant désespérément à provoquer une manifestation divine pour valider sa propre foi chancelante. Cette démarche met en lumière la complexité du rapport entre foi et miracle, où la recherche obsessionnelle de preuves tangibles peut paradoxalement éloigner de la véritable essence de la croyance.
Le film explore également la résilience de la foi face à l’adversité, notamment à travers les personnages des sœurs Barnes et Paxton. Leur confrontation avec les manipulations de Mr. Reed les pousse à questionner leurs convictions, mais c’est précisément dans ces moments d’épreuve que leur foi se révèle la plus forte. La scène finale, où Sister Barnes semble ressusciter brièvement, illustre parfaitement l’ambiguïté inhérente aux événements perçus comme miraculeux : s’agit-il d’une intervention divine ou d’une simple coïncidence ? Cette ambiguïté laisse au spectateur la liberté d’interpréter la scène selon ses propres croyances, reflétant ainsi la nature profondément personnelle et subjective de la foi.
Pourquoi les miracles touchent souvent des personnes ne croyant pas en Dieu ?
C’est une grande question, quand on lit les récits ou qu’on entend parler de miracle, c’est rarement des personnes pieuses qui reçoivent cela. La perception d’événements miraculeux semble être influencée par le rapport de chacun à la foi. Les miracles et apparitions touchant des non-croyants ou des sceptiques ont souvent un impact plus frappant, provoquant des remises en question profondes. Pour les croyants, de tels événements ne font que confirmer une foi déjà établie, tandis que pour les sceptiques, ils constituent un bouleversement de leur vision du monde. La conversion d’un non-croyant par le biais d’un miracle peut également paraître plus crédible, renforçant l’impact du témoignage auprès d’autres sceptiques et augmentant la portée de cet événement.
Dans le film, MR REED tente cela, essayer de convaincre les autres de suivre sa doctrine à l’aide de privation pour affaiblir l’esprit et aussi une mise en scène. En fait, la foi elle-même se situe souvent au-delà du besoin de preuves tangibles, comme le suggère l’adage biblique «Heureux ceux qui ne voient pas et pourtant croient». En ce sens, les croyants n’ont pas nécessairement besoin de manifestations surnaturelles pour maintenir leur foi, et cette rareté des miracles dans leur vie peut être perçue comme un respect de leur libre arbitre. Par ailleurs, l’interprétation des événements peut différer : ce qu’un croyant considère comme anodin ou naturel, un non-croyant pourrait le percevoir comme miraculeux en raison de son caractère inexplicable. Enfin, les récits de miracles impliquant des non-croyants attirent davantage l’attention, créant un biais de perception sur la fréquence de ces phénomènes et nourrissant un débat sur la nature même des miracles et la complexité de la foi.

Si on devait conclure, ce film est un petit bijou de cinéma qui remet en question les fondements de notre foi, croyance et même nos attentes silencieuses de l’au-delà.
Petite anecdote, la chanson de fin est interprétée par Sophie Thatcher ! Plusieurs vidéos et making of parlent de l’enregistrement.
HERETIC, le dernier thriller psychologique des créateurs de Sans un bruit, Scott Beck et Bryan Woods, plonge le spectateur dans une exploration intellectuelle de l’horreur religieuse. Ce film A24 met en scène Hugh Grant dans le rôle de Mr. Reed, un homme énigmatique qui reçoit deux jeunes missionnaires mormones, jouées par Sophie Thatcher et Chloe East, dans sa demeure inquiétante. Contrairement aux clichés habituels du genre, HERETIC privilégie une tension psychologique et des dialogues profonds sur les questions de foi, au lieu de simples effets de surprise. À travers ce huis-clos angoissant, le film examine les doutes et les conflits internes que suscite une croyance aveugle. L’atmosphère oppressante et les performances saisissantes des acteurs font de ce film une réflexion audacieuse sur la foi, le doute et la quête de vérités plus grandes que nous.
____________
27 novembre 2024 en salle | 1h 50min | Epouvante-horreur, Thriller
De Scott Beck, Bryan Woods |
Par Scott Beck, Bryan Woods
Avec Hugh Grant, Sophie Thatcher, Chloe East
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


3 réflexions sur “HERETIC chaque choix mène vers une vérité, quelle est la bonne ?”