Kyuka – Before Summer’s End – Kyuka – avant la fin de l’été de Kostis Charamountanis explore les fractures familiales à travers le voyage estival d’un père célibataire et ses jumeaux sur l’île grecque de Poros. Entre baignades idylliques et tensions enfouies, leur rencontre fortuite avec la mère biologique abandonnique révèle un drame solaire où l’émancipation adolescente croise la mélancolie des adultes.

Né de l’écriture personnelle de Kostis Charamountanis, le projet puise dans les ambiances contrastées des îles grecques pour dépeindre une quête identitaire teintée de réalisme magique. Tourné sous une lumière saturée évoquant la chaleur étouffante des non-dits, le film mêle expérimentation formelle et récit initiatique. Le casting réunit Simeon Tsakiris en père tourmenté, entouré des jeunes Elsa Lekakou et Konstantinos Georgopoulos, incarnant les jumeaux en équilibre entre insouciance et révolte. La présence troublante d’Afroditi Kapokaki (Anna) incarne le spectre maternel, tandis que la photographie de Konstantinos Koukoulios souligne les dualités du récit.
Un film qui enferme ses protagonistes dans un format proche du 4/3 et une photographie très granuleuse, porté par des mélodies grecques à la guitare. Le réalisateur donne quelque chose de poétique à son récit par sa photographie et sa manière de montrer la mélancolie.
Une réflexion sur un été du changement, plein d’insouciance, de joie et de peine. L’image de l’été qui engloutit tout sur son passage est forte, un peu comme ces expériences initiatiques misent en parallèle à la passion de la pêche. Le tout avec la symbolique d’une tortue, qui avance à son rythme et toute sa vie va faire un chemin. Elle e symbolise la résilience face aux fractures familiales, incarnant à la fois l’ancrage dans un territoire (l’île de Poros) et la quête d’équilibre entre mémoire et reconstruction. Son rôle évoque les mythologies où elle porte le monde, reflétant ici le poids des non-dits et la nécessité de soutien mutuel pour traverser les crises.
Une expérience cinématographique à voir en étant dans le bon état d’esprit
Kyuka avant la fin de l’été offre une expérience cinématographique à la fois déroutante et poignante, dans un genre à part qui nécessite de s’y engager pleinement pour en apprécier les subtilités. Le film, porté par des choix esthétiques audacieux et une narration intime, ne se contente pas de raconter une histoire, mais nous invite à plonger dans une atmosphère de mélancolie et de quête identitaire. Les tensions familiales, magnifiées par la beauté brute de l’île grecque et la photographie granuleuse, se révèlent au fil du voyage initiatique. Cependant, ce même format insolite et ces expérimentations formelles peuvent créer une distance chez le spectateur, qui devra être prêt à affronter les silences et les non-dits pour saisir la profondeur du message. Entre poésie visuelle et exploration des liens familiaux fragiles, le film propose une réflexion sur le passage à l’âge adulte, mais aussi sur la résilience face aux fractures du passé, symbolisée par la tortue qui, lente mais déterminée, poursuit son chemin malgré les épreuves. Un film qui, pour être pleinement apprécié, demande une certaine préparation mentale à la lenteur et à la contemplation, mais qui, une fois cette démarche enclenchée, révèle sa richesse émotionnelle et sa puissance symbolique.
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16 avril 2025 en salle | 1h 45min | Drame
De Kostis Charamountanis |
Par Kostis Charamountanis
Avec Simeon Tsakiris, Elsa Lekakou, Konstantinos Georgopoulos
Titre original Kyuka – Before Summer’s End
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Une réflexion sur “Kyuka, avant la fin de l’été – Un été troublant”