Some Rain Must Fall, une poésie sensorielle


Some Rain Must Fall, le premier long-métrage du réalisateur chinois Qiu Yang, est un drame intimiste qui a fait sa première mondiale au Festival de Berlin en 2024. Le film suit Cai, une femme au foyer d’une quarantaine d’années, dont la vie bascule après un incident fortuit lors d’un match de basket de sa fille. Cet événement devient le catalyseur d’une série de remises en question et de révélations qui vont ébranler sa vie familiale et son identité. Situé dans une ville anonyme de Chine continentale, le film explore les tensions sociales et familiales d’une classe moyenne émergente, tout en plongeant dans les profondeurs psychologiques de son personnage principal.

En quoi Some Rain must fall diffère des films contemporains.

Ce qui distingue Some Rain Must Fall des films contemporains est son approche subtile et ambiguë du drame. Qiu Yang opte pour une narration fragmentée et elliptique, laissant de nombreux éléments hors-champ et invitant le spectateur à co-créer l’histoire. Le film se caractérise par des plans soigneusement composés et une esthétique en clair-obscur, transforme la ville ordinaire en un paysage onirique de rues pluvieuses et de néons colorés. Il aborde des thèmes tels que la solitude, la dépression et les conflits de classe sans tomber dans le sensationnalisme, préférant une approche patiente et contemplative qui privilégie l’atmosphère et les nuances émotionnelles.

Le projet est né des observations personnelles de Qiu Yang sur les dynamiques familiales et sociales en Chine. S’inspirant de ses propres expériences d’enfance, notamment des relations complexes entre sa mère et leur femme de ménage, le réalisateur a cherché à capturer ces moments énigmatiques avec sincérité. Le réalisateur souligne l’importance de l’honnêteté dans la représentation des problèmes sociaux, affirmant que lorsqu’un film social-réaliste est réalisé avec sincérité, ces questions émergent naturellement. Le défi pour lui était de maintenir ces enjeux sociaux en arrière-plan, sans qu’ils n’éclipsent l’étude de caractère intime de Cai. Cette approche reflète la volonté du réalisateur de créer un cinéma qui résonne à la fois avec les expériences personnelles et les réalités sociales contemporaines de la Chine.

Some Rain Must Fall | © Goodfellas
Some Rain Must Fall | © Goodfellas

Un vrai travail esthétique sur le traitement des ambiances et des sens

Un film sensoriel avec un travail de l’ambiance et du cadre pour enfermer l’héroïne dans un monde dans lequel tout semble impossible à dépasser et à surmonter. Le bruit ambiant est toujours plus fort que le reste, le cadrage enferme l’actrice déjà par son format 4-3 et le fait qu’elle toujours face à un mur ou un bord du cadre.
Ce film d’ambiance lance des pistes et n’y répond jamais entièrement, donnant l’impression d’être autant perdue que la protagoniste dans ce brouillard sensoriel et mnésique. On apprécie le travail du bruit ambiant, celui sur les prises sons de la pluie. Nous sommes envahis comme les personnages par l’immersion dans un monde qui avance avec ou sans nous.

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Note : 3.5 sur 5.

26 mars 2025 en salle | 1h 38min | Drame
De Qiu Yang | 
Par Qiu Yang
Avec Yu Aier, Yibo Wei, Di Shike
Titre original Kong fang jian li de nv ren


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