Mother land – Un film Horrifique et Sale


Le réalisateur français maitre de l’épouvante et du gore est de retour. Depuis La colline a des yeux avec son esthétique brute et écœurante par ses scènes brutes, voire pornographique dans le premier sens du terme. Ce français propose toujours quelque chose de très organique où l’horreur prend racine et ne souhaite pas quitter son sol. Avec Mother land, il accueille Halle Berry dans la famille de l’épouvante, le tout avec un accent sud étasunien.

Mother Land Halle

Mother land ou comment alterner des points de vue en 2024 reste encore le procédé le plus simple et efficace du cinéma

Le film est une alternance du point de vue de la mère et des enfants, nous plaquant dans une détresse non-stop. Dans l’ensemble, le film est tellement pris dans son jus que lorsque que l’on vide l’eau du bain, il ne reste rien se ce n’est que la noirceur du film.

L’histoire en elle-même est très simpliste, mais Alexandre Aja arrive à apporter énormément au film en disant peu, montrant peu. La maitrise des échelles de plans, des alternances de points de vue. Tout cela de manière maitrisée font la force du film. De même, le fait que la maison soit authentique et préexistante dans les environs de Vancouver permet de donner une bonne base à l’ajout des codes du genre. L’autre force après ce décor est ce trio familial formé par Halle Berry, Anthony B. Jenkins et Percy Daggs.

Comment expliquer ce Mal ?

On sent la peur suinter dans chaque plan, en parfait contraste avec cet amour maternel, où les enfants deviennent le symbole de la rédemption d’un passé sinistre. Le non visible des enfants semble bien plus effrayant que ce qui l’est par la mère. Entre torture en isolement, prières et la peur de la peur, on cherche à comprendre ce grand Mal n’en veut qu’à la peau de cette femme !

À la fin du film, on se demande comment expliquer l’arrivée de ce mal, pourquoi il s’attaque à cette mère et pas une autre. Ici, on le voit essayer de venir dans la maison en contaminant l’un des habitants, quand dans d’autres films, le Mal entre dans la maison et contamine après une personne, puis la possède. Le réalisateur avec Mother Land s’empare des codes des films pré-existants, leur donne une symbolique aussi fort et fragile que cette corde reliant chacun des êtres au cœur de la maison. La fin laisse en suspens beaucoup de questions ! Le Mal semble éternel tant que l’Homme sera corruptible !

La Nouvelle-Orléans et les États Sudistes, l’éternelle peur de la magie noire

La culture du Sud des États-Unis et celle de la Nouvelle-France ont toujours exercé une fascination particulière sur le cinéma d’horreur et fantastique. Ces régions, imprégnées d’histoire, de mysticisme et de traditions ancestrales, offrent un terreau fertile pour des récits surnaturels et effrayants.

Le Sud américain, avec son passé esclavagiste, ses bayous mystérieux et ses légendes vaudou, a inspiré de nombreux films comme La Porte des secrets (2005) d’Iain Softley. Ce thriller surnaturel situé en Louisiane exploite habilement l’atmosphère oppressante des plantations et les croyances occultes locales. De même, la série Salem de WGN America puise dans l’histoire des procès des sorcières de Salem pour créer un univers gothique où magie noire et puritanisme s’entrechoquent.

La Nouvelle-France, quant à elle, avec ses vastes étendues sauvages et son héritage amérindien, a également nourri l’imaginaire fantastique. On y retrouve souvent des thèmes liés à l’isolement, aux croyances ancestrales et à la confrontation entre civilisation et nature sauvage. On a toujours dans l’imaginaire collectif cette idée que ces lieux de mariage culturel sont la source des fourberies et des déviances. Quant à Mother Land, il s’inscrit dans cette tradition tout en y apportant une touche contemporaine. Bien que l’action ne se déroule pas explicitement dans le Sud (bien que l’héroïne et ses enfants en ont l’accent), le film semble exploiter des thèmes similaires : une famille isolée, un esprit maléfique, et la remise en question des croyances établies.

Ces œuvres partagent une volonté de plonger le spectateur dans un univers où le surnaturel côtoie le quotidien post apocalyptique, où les frontières entre réalité et fantastique s’estompent. On a aussi ce rapport à la musique qui est très présente, ici un Good Night Mother qui résonne du début jusqu’au dernier souffle de vie !

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Note : 3.5 sur 5.

25 septembre 2024 en salle | 1h 42min | Epouvante-horreur, Thriller
De Alexandre Aja | 
Par Kevin Coughlin, Ryan Grassby
Avec Halle Berry, Percy Daggs IV, Anthony B. Jenkins
Titre original Never Let Go


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