Né sous la plume de James o Barr à travers un roman graphique, The Crow représente la force cathartique tant rêvée de son auteur ayant, lui aussi, perdu sa femme.
Véritable franchise malgré lui, le Dark Knight réclamant vengeance a vu mainte adaptation au cinéma, en série télé et aussi des histoires annexes en format roman et comics.
Il est vrai que les ingrédients de l’éternelle amertume sont omniprésents dans le mythéme créé par son auteur : deux êtres brutalement assassinés pour avoir été là au mauvais endroit et mauvais moment.
Dans la série, on va développer un complot afin d’étirer au maximum l’intrigue et transformer peu à peu l’histoire en une enquête feuilletonnant progressivement la série. Et c’est là que la série s’est plantée en étirant sans cesse l’intrigue au point où même les méchants en devenaient intouchables pour éviter de créer des serpents. Quoi Serpent ? En gros, le format télévisé, le corbeau ne peut tuer des gens sous peine de leur offrir un retour avec des pouvoirs identiques aux siens et accompagné d’un totem reptilien.
Une histoire d’amour, le vrai
L’histoire n’est pas seulement celle d’une vengeance ou d’un être revenant d’entre les morts. The crow et son pouvoir offrent surtout la chance à quelqu’un de mettre les points que les I, et éviter que ceux qui ont créé l’irrémédiable ne fassent perdurer les choses. Une histoire d’amour, de changement et d’équité.
C’est une souffrance intense, mais aussi un profond respect pour la vie des innocents. Il y a également un amour qui résonne en réponse à cette violence inévitable. Comme dans l’histoire du second film mettant en scène Vincent Perez dans le rôle de Ashe, où même privé de son corbeau, il arrive à canaliser les âmes de plusieurs milliers d’êtres perdus dans l’au-delà. Et cette éternelle question « Que faire si je n’ai pas envie de m’en aller », car le corbeau permet de revenir de manière temporaire, du moins c’est la logique proposée par le roman graphique originel.

Quand on n’a plus rien à perdre, on devient l’être le plus dangereux au monde. THE CROW : Aimer au-delà de l’amour et du possible.
Rupert Sanders offre un renouveau à l’histoire avec Bill Skargard dans le rôle titre et FKA Twigs celui de Shelly. Que dire, visuellement le film est extrêmement beau – Entre le trash avec de la violence assumée et fleuron du Nu-Gothisme. On propose de découvrir le passé d’Eric, celui de Shelly, montrer leur rencontre. Le film se centre beaucoup plus sur l’histoire des protagonistes et ne propose pas de simples personnages réduits à leur tragédie. On a un Eric ayant déjà tout perdu et sans aucun désir de vivre. Avançant sans but, il va redécouvrir le goût de l’existence à travers ce double, cette âme sœur, qui agit telle une fenêtre ouverte sur le champ des possibles de son existence. On lui arrache l’amour, le vrai, provoquant un passage à l’acte violent et sans limites. « La mort d’un être cher ouvre un abime profond et jamais, on ne pardonnera. ».
Un film avec de nombreuses citations
Non, ce n’est pas un remake, mais une adaptation moderne du comic. Ici, il y a matière et le réalisateur distille plusieurs éléments à travers des citations discrètes comme la fenêtre, le néon en forme circulaire rappelant celle du premier film et de la série. On a plusieurs idées reprises des différentes œuvres préexistantes, comme celle d’un meurtre ciblant Shelly, où Eric n’est qu’un dommage collatéral (Reprise de l’idée de la série). On a également la nuée de corbeau extrait du second film, mais aussi l’arrivée du Diable/rituel satanisme comme dans le 4e film.
On a un plan de distorsion du corps comme dans le comics The crow dead time. Ou encore les passages entre les mondes grâce à l’eau. Où les films précédents jouaient sur le côté gothique et picturales, comme pour marquer son origine graphique, le nouveau film va dans une atmosphère cyberpunk avec un goût pour la violence bien plus prononcé. On montre, on dévoile et on sombre dans une forme de John Wick vu à travers les case d’un James O’Barr. Le premier opus de Proyas était beau en tout point, mais les suites vivaient dans la peine, malgré un second film plus ou moins massacré par les studios. Côté Look, on retrouve une Wild Justice.

Un film dans l’air du temps
Pour revenir au casting : Bill est convaincant, même si l’excès de tatouage n’était pas nécessaire. Quant à FKA Twigs, elle apporte une certaine sensibilité à un personnage par le passé un peu trop fantomatique au point où son existence n’était que songe, apparition surnaturel ou délire psychique. Le choix d’un montage linéaire où nous vivons tout au présent, sans flash-back, apporte toute la différence.
L’ensemble reste cohérent et propose un film qui donne suffisamment le temps de s’attacher aux personnages. Nous sommes moins dans une succession de flashbacks très présents dans les films précédant (ou encore dans le comics). Nous nous écartons d’un récit tourné vers le passé pour être ancré dans le présent. C’est moderne, c’est bluffant. Cependant, l’attente avant qu’Eric obtient ses pouvoirs peut sembler un peu long comparé aux autres films.
Autre surprise, le réalisateur décide de réintroduire un guide interprété par Sami Bouajila, reprenant plus ou moins le concept du Skull Cowboy, (supprimé du montage final du premier film, ndlr).
Quant à la musique, la séquence musicale sur le pont apporte le côté contemplatif et poétique à un film qui en est dénué. Le titre Meaning de Cascadeur trouve tout son sens. Un être perdu entre deux mondes.
Ce nouveau film ose aller dans la modernité et cherche un compromis entre le livre et les attentes d’un jeune public vierge de toute référence. Le réalisateur et les deux têtes d’affiches sont conscients du monumental film originel, sanctifié à jamais par la mort de Brandon, mais le corbeau a encore beaucoup à offrir. Si l’amour est éternel, l’attachement pour les classiques l’est aussi.
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21 août 2024 en salle | 1h 51min | Action, Policier, Fantastique, Thriller
De Rupert Sanders |
Par Zach Baylin
Avec Bill Skarsgård, FKA Twigs, Danny Huston
Autre titre présent dans le film Enya et son tube Boadicea dans une nouvelle version inédite. La tracklist complète des musiques additionnelles est la suivante :
“Des Pas Sur La Neige” Debussy
“Disorder” – Joy Division
“Fall” – The Bug Ft. Inga Copeland
“Thin Flesh” – Traitrs
“The Killer” – Landr
“M.E.” – Gary Numan
“Total Depravity” – The Veils
“Boadicea” – Enya
“Meaning” – Cascadeur
“What Went Down” – Foals
Dans le teaser, nous avions une reprise par Post Malone
The Crow Wild Justice
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Une réflexion sur “The Crow que vaut le nouveau film de Rupert Sanders ?”