Le film Anzu, Chat-Fantôme (Ghost Cat Anzu), réalisé par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, est une œuvre singulière produite par Shin-Ei Animation au Japon et Miyu Productions en France.

Dans un Japon où le lien entre les vivants et les morts est profondément enraciné dans l’imaginaire collectif, ce film se distingue par son approche réaliste et nuancée du deuil. Écrit par Shinji Imaoka, d’après une histoire originale de Takashi Imashiro, le film suit Karin, une jeune fille de 11 ans, accompagnée par Anzu, un chat-fantôme espiègle, dans un voyage où le quotidien se mêle au fantastique.

L’animation, réalisée en rotoscopie, fusionne subtilement réalisme et onirisme, marquant une nouvelle étape dans l’exploration de thèmes universels tels que la perte, la réconciliation et l’acceptation des autres. Distribué en France par Diaphana Distribution et bénéficiant d’une esthétique franco-japonaise unique, Anzu, Chat-Fantôme offre une réflexion originale sur la transformation personnelle face au deuil, tout en s’ancrant dans une esthétique visuelle enrichie par cette collaboration internationale.

Le Japon est peut-être le pays des esprits où les vivants ont un rapport avec les morts très particulier. On arrive à percevoir dans les différents films d’animation comme Anzu,Chat-Fantôme tout l’imaginaire collectif de l’archipel. On a tous dans notre esprit l’image de Chihiro prenant le train avec des êtres venus d’ailleurs, de cet entre-deux invisible.

Si souvent ces fantômes sont terrifiants ou étranges, le dernier venu, Anzu est attachant et intrépide ! Son caractère design fera penser un peu à Doremon surtout dans ses moments de crises à la GTO. Il y a cependant d’autres personnages comme des Dieux et des Démons qui vont et viennent dans la vie de cette jeune héroïne. Seul Anzu a la capacité de les voir, mais par un tour de force, elle va également gagner cette capacité.

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Anzu un chat-fantôme protecteur de Karin à travers ce long voyage.

Ce film d’animation traite de manière poétique et juste le travail du deuil et l’apprentissage de la mort. Un moment nécessaire pour devenir adulte et quitter le monde de l’insouciance lié à l’enfance.

Le film aborde le deuil de manière originale par rapport aux classiques de l’animation japonaise, en adoptant une approche réaliste et nuancée. Contrairement à des œuvres comme Le Voyage de Chihiro ou Le Tombeau des lucioles, qui utilisent le fantastique et l’imaginaire pour illustrer une évasion ou une métaphore. Ce film intègre le fantastique au quotidien, incarné par Anzu, le chat-fantôme, sans en faire une échappatoire.

Un film plus adulte qu’on ne le pense

Le traitement du deuil est plus terre-à-terre, avec des personnages comme Karin, qui expriment une gamme complexe d’émotions, allant de la tristesse à la colère et à l’indépendance. Ce réalisme, renforcé par la rotoscopie et l’animation réaliste, montre que le deuil est un processus individuel et non manichéen, où les émotions sont nuancées et les réactions imprévisibles. On citera la scène avec son petit ami dans un café est touchante. Ce voyage dans la grande ville représente un retour à une réalité et aussi une forme de cocon temporaire loin de son quotidien tournant autour de la perte de sa mère.

Le film présente ainsi le deuil non comme une tragédie à surmonter, mais comme une transformation personnelle, où le fantastique et l’ordinaire se mêlent, reflétant la continuité de la vie malgré la perte. Cette approche humanise le deuil, le rendant accessible et authentique, et le distingue des autres œuvres du genre.

Un apprentissage et une leçon d’humilité

Le film explore plusieurs thèmes forts en dehors du deuil et de l’apprentissage de la mort. L’un des thèmes majeurs est la réconciliation et la rédemption, notamment à travers l’évolution du personnage de Karin et sa relation avec son père. Karin, initialement fermée et méfiante en raison de son passé difficile, apprend à s’ouvrir et à accepter les autres, marquant son passage à l’âge adulte. Le film aborde également l’importance de la famille et des liens intergénérationnels. La relation entre Karin et son grand-père, bien que conflictuelle au début, se développe et illustre comment le soutien familial peut aider à surmonter les épreuves. Un autre thème clé est la dualité entre le réel et le fantastique, où des éléments surnaturels sont intégrés de manière naturelle dans la vie quotidienne des personnages. Cela souligne l’acceptation de l’étrange et du différent, une métaphore pour la tolérance et l’acceptation des autres dans la société. Enfin, le film traite de la liberté face aux conventions sociales, symbolisée par le personnage d’Anzu, un chat-fantôme excentrique qui agit sans se soucier des règles établies.

Production singulière du film

La production du film est marquée par son utilisation innovante de la rotoscopie, où des scènes filmées en prises de vues réelles ont été retracées pour créer de l’animation. Ce procédé a permis de combiner le réalisme des mouvements humains avec la fantaisie de l’animation, estompant les frontières entre le réel et l’imaginaire. La collaboration franco-japonaise a également enrichi la production, apportant une perspective extérieure qui a contribué à l’originalité du film. Les décors, créés en partie en France, et le mélange des cultures ont permis de donner une dimension unique à l’esthétique du film.

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21 août 2024 en salle | 1h 34min | Aventure, Animation, Comédie
De Yoko Kuno, Nobuhiro Yamashita | 
Par Shinji Imaoka
Avec Mirai Moriyama, Munetaka Aoki, Miwako Ichikawa
Titre original Bakeneko Anzu-chan

L’histoire : Karin, une jeune fille de 11 ans, est confiée par son père à son grand-père, un moine vivant dans une petite ville japonaise. Ce dernier demande à Anzu, un chat-fantôme joyeux, mais capricieux, de veiller sur elle. Leurs fortes personnalités provoquent des tensions au début, mais cela évolue au fil du temps.