Salem – Jean-Bernard Marlin revisite le mythe des amants maudits déchantant dans les cités


Jean-Bernard Marlin dévoile sa vision de la jeunesse, ses codes et sa culture, sans chercher à fricoter avec Molière. Un film qui partage et divise tant par son langage familier, proposant un récit authentique et pleins de symboles.

Le film mélange des éléments de la vraie vie avec des éléments étranges pour créer une expérience cinématographique profonde. L’histoire se déroule à Marseille et montre les difficultés que rencontrent les banlieusards, mais il y a aussi des moments où des choses surnaturelles se produisent. Quand ces moments arrivent, le réalisateur a tenté de créer une forme de décrochage pour qu’on entre dans la tête du héros. Un film empirique et surnaturel, où le beau se heurte à la dureté des cités.

Ici la religion se perd dans la peur, la névrose de la différence et le surnaturel vient envahir l’espace et progressivement déchire le voile de la réalité.  On trouve touchant cette relecture éternelle des amants maudits qui vivant un amour interdit, ici les gars d’une cité contre une autre composée de gitans. Peut-être comme pour ne pas citer le dramaturge britannique, on retrouve la mort et cette idée d’une fatalité. Elle, qui va venir dévorer le peu d’espoir et ne laissera que désolation dans la vie de ces jeunes.

Le protagoniste dans ses états de transes nous fait penser à l’acteur Mike Colter dans la série EVIL, lui aussi en proie au doute et à la recherche du divin. Un bon film avec beaucoup de messages forts et de question sur quand et comment allons-nous trouver la paix dans un monde où chacun se cherche des noises. La fin des temps n’est pas si loin, quand nous ne sommes pas capables de faire la paix avec nos propres voisins.

Même si le propos est lourd, même si on a beaucoup de scènes qui se cherchent entre fantastique et contemplation, un peu à la Dead Zone (Série TV). On reste sur notre faim, tant le récit est fort, mais manque de Deus Machina. Il y a cependant une grosse force dans ce film, les acteurs et actrices : Dalil abdourahim – Oumar Moindjie / Maryssa Bakoum – Inès Bouzid, jouant Djbril et Camilia, les deux amants maudits de ce quartier rongé par la guerre des clans.

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Note : 3 sur 5.

29 mai 2024 en salle | 1h 43min | Drame, Romance
De Jean-Bernard Marlin | 
Par Jean-Bernard Marlin
Avec Dalil Abdourahim, Oumar Moindjie, Wallen El Gharbaoui

3 choses à Savoir sur le Film « Salem »

Signification du Titre: »Salem » tire son nom de l’arabe, signifiant à la fois « paix » et « bienvenue ». Cette dualité reflète la quête de paix du protagoniste Djibril, dans un Marseille où les tensions entre quartiers sont palpables. Le titre incarne également la diversité de la ville, mosaïque d’origines et de cultures, rappelant les multiples racines du réalisateur.

Intersections communautaires: Le choix de mettre en scène une histoire entre deux communautés, comorienne et gitane, révèle la réalité sociale de Marseille. Ces deux groupes, bien établis dans la ville, sont confrontés à des défis similaires. En explorant leurs interactions, le film offre un témoignage poignant de la vie dans les quartiers nord, où la souffrance est partagée.

Traitement Tragique: Inspiré par les tragédies classiques, le réalisateur façonne l’histoire de Djibril comme une version moderne de Roméo et Juliette. Le protagoniste, marqué par un « défaut » tragique, voit le monde d’une manière unique, entraînant des réactions imprévisibles. Cette approche offre une profondeur émotionnelle, soulignant les défis des relations humaines dans un contexte difficile.

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