LA FLEUR DE BURITI, au milieu de la forêt Brésilienne.


Avec La fleure de Buriti, le duo João Salaviza, Renée Nader Messora propose une beauté cinématographique traitant d’une réalité dure, celle du peuple indigène vivant au cœur de la forêt brésilienne.

Un film poignant sur ce perpétuel compromis entre les traditions et la modernité, où l’on voit une forte présence à l’écran de téléphone portable et outils technologique, côtoyer des rites ancestraux. Ces hommes se battant contre le capitalisme qui veut détruire les coutumes et le patrimoine autochtone, parle d’un temps, de culture orale qui va peu à peu disparaitre sous la destructuration de leur quotidien et manière de vivre.

En quelques mots : Un film troublant, laissant sans voix, car appelant à la réflexion

Même si le film emprunte énormément au style du documentaire anthropologique par sa caméra non participative, on a une ligne de conduite dans le récit et une fluidité dans le montage. On a l’impression de vivre avec eux, de suivre ces hommes dans leur quotidien. Il est cependant un peu étrange de voir l’évolution sans chapitrage, sans délimitation. Cette manière de restituer la vie est pourtant très proche de la réalité, qui défile sans qu’on puisse mettre une pause et pourtant, on a l’impression de ne pas saisir toute l’histoire.

Le film propose également de mettre en avant la vie psychique des différents protagonistes. Par exemple, les voyages astraux sont fascinants ; le procédé technique est aussi vieux que le cinéma, la surimpression, une méthode que l’on peut revoir en 2005 dans la scène de la mort de Blake dans Last Days de Gus Van Sant.  

La vie de la communauté Krahô

Le film aborde deux thématiques profondément interconnectées : le cinéma en tant que moyen de réflexion et la lutte incessante des peuples autochtones, en mettant particulièrement en lumière la communauté Krahô.

Ici, le cinéma est bien plus qu’un simple moyen de raconter des histoires ; il devient une pratique intellectuelle permettant de stimuler la réflexion. En se concentrant sur la relation entre les Krahô et leur terre, le film explore la façon dont la violence subie par cette communauté a modifié ses rites et ses pratiques au fil du temps. Il plonge également dans un imaginaire poétique, imprégné de la mémoire collective des communautés autochtones, pour nous inviter à réfléchir à la manière dont les Krahô organisent leurs récits, en puisant dans leurs propres concepts et principes.

Ensuite, le film met en lumière la lutte perpétuelle des peuples autochtones pour leur survie et la préservation de leur terre face à diverses formes de violence et d’oppression, notamment celle perpétrée par le bolsonarisme au Brésil. À travers les différentes époques du récit, depuis les massacres du passé jusqu’à la résistance politique contemporaine. Le film témoigne de la résilience extraordinaire des Krahô et de leur capacité à se réinventer pour faire face aux défis actuels. Cette lutte, qui résonne bien au-delà des frontières du Brésil, offre des enseignements précieux sur la résistance et la résilience face à l’adversité.

En combinant une réflexion profonde sur le rôle du cinéma en tant qu’outil de pensée et une exploration des luttes actuelles des peuples autochtones. La Fleur de Buriti offre un regard poignant et révélateur sur la complexité du monde contemporain et les défis auxquels il est confronté.

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Note : 3.5 sur 5.

1 mai 2024 en salle | 2h 03min | Drame
De João Salaviza, Renée Nader Messora | 
Par Renée Nader Messora, Ilda Patpro Krahô
Avec Ilda Patpro Krahô, Francisco Hỳjnõ Krahô, Solane Tehtikwỳj Krahô
Titre original Crowrã