Une réalisation millimétrée avec un dispositif filmique minimal. Le duo de réalisateurs Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez, nous plonge dans un film où le temps du récit semble identique au temps filmique, c’est-à-dire qu’on suit en temps quasi réel l’interrogatoire.  Cependant, tout parait sans fin, car on ne cesse de poser les mêmes questions, et les interruptions à répétition pour des problèmes et du bruit renforcent l’impression que tout cela est interminable. La légende urbaine raconte que ces problèmes sont souvent mis en scène pour pousser les personnes à avouer.

Au cœur de l’administration Trump

Le choix de situer l’histoire pendant l’administration Trump met en lumière les tensions entre les Amériques et souligne des thèmes intemporels concernant les migrants et les relations interculturelles. Le film aborde également la perception des Sud-Américains en Espagne, soulignant les difficultés d’intégration dues à des préjugés persistants.

Le caractère politique du film réside dans sa volonté de dévoiler les réalités souvent invisibles de l’immigration, tout en invitant les spectateurs à s’engager émotionnellement. Les réalisateurs évoquent aussi leur critique de la culture américaine, ayant été influencés par le cinéma américain tout en soulignant ses paradoxes et son évolution.

Le minimaliste et montée de la tension dramatique

Les réalisateurs ont mis l’accent sur le réalisme, notamment à travers un jeu de caméra minimaliste et une attention particulière aux dialogues pour maintenir la tension et l’immersion du spectateur dans les scènes d’interrogatoire. Malgré les contraintes de budget, le film réussit à capturer l’essence des expériences vécues aux frontières, mêlant habilement réalisme et esthétique cinématographique.

Le minimaliste du décor aide à renforcer l’impression d’isolement, car nous perdons tout référentiel du temps et d’espace. Les scènes dans l’aéroport sont celles qui donnent un point de repère et celle dans les pièces en huis-clos nous déconnecte totalement du monde.

Autour du film

À l’origine de l’histoire, on retrouve une expérience vécue par les réalisateurs Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez en tant que Vénézuéliens voyageant aux États-Unis, ainsi que des récits rapportés de leurs proches. On montre le long processus d’immigration d’un couple venant de deux pays différents. Le film explore les dynamiques de pouvoir, le harcèlement et les problèmes d’autorité rencontrés lors des contrôles à l’immigration, exposant ce qui se passe derrière les portes closes des aéroports.

Border Line est un film qui laisse sans voix, un peu comme ce couple que l’on monte l’un contre l’autre pour essayer d’extirper une vérité.
À la fin, nous sommes comme ces deux personnages lâchés dans la Nature sans un mot et sans explication sur la suite. Ils ne font que leur métier, mais ont malgré tout instauré le doute au sein du couple.

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1 mai 2024 en salle | 1h 17min | Drame, Thriller
De Juan Sebastián Vásquez, Alejandro Rojas | 
Par Alejandro Rojas, Juan Sebastián Vásquez
Avec Alberto Ammann, Bruna Cusí, Ben Temple
Titre original Upon Entry (La llegada)