Dans Blaga’s Lessons, Stephan Komandarev montre la Bulgarie d’aujourd’hui. Celle des gens qui se battent pour subvenir à leur besoin, celle des petites combines pour obtenir une concession à perpétuité. Blaga est le visage presque universel de ceux que l’on ne voit jamais à la télé, ceux que l’occident ne connait pas ou du moins imagine savoir connaitre, mais sans avoir toutes les informations.

Les arnaques téléphoniques vues de l’intérieur
Les arnaques au téléphone sont de plus en plus fréquentes et les personnes âgées sont les cibles préférées de ces escrocs, qui eux sont rarement inquiétés. Quand on les attrape, l’abus de faiblesse est souvent le délit retenu tant les autres preuves sont compliquées à assembler.
Ici, on voit les conséquences d’une arnaque, mais l’originalité est de nous montrer également l’envers du décor, comment les complices travaillent sous pression pour quelqu’un qui ne viendra jamais sur le terrain et ne prendra aucun risque.
Blaga’s Lessons est l’illustration parfaite de comment quelqu’un d’honnête se retrouve à devoir franchir les limites après s’être fait duper et n’arrive plus à sortir de l’engrenage de l’endettement. Blaga n’est pas mauvaise, mais voyant la jungle de son pays qu’elle compare à un état en guerre où la morale affronte le relâchement des mœurs, elle finit par vouloir récupérer son dû. Après tout, elle aussi est véhiculée et flexible !
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8 mai 2024 en salle | 1h 54min | Drame
De Stephan Komandarev |
Par Stephan Komandarev, Simeon Ventsislavov
Avec Eli Skorcheva, Gerasim Georgiev, Rozalia Abgarian
Titre original Urotcite na Blaga
Autour du film
Dans ce troisième volet de la trilogie sociale du réalisateur, après « TAXI SOFIA » et « ROUNDS », explore la crise morale de notre société. Il met en lumière la situation précaire des retraités bulgares, confrontés à une existence humiliante, privés des besoins les plus élémentaires comme une alimentation équilibrée ou des soins médicaux adéquats.
Ce choix de thématique découle d’un constat poignant sur la réalité des retraités en Bulgarie, particulièrement touchés par les arnaques téléphoniques et abandonnés à leur sort. Le réalisateur souhaite ainsi rendre hommage à la génération de ses parents, durement affectée par la transition politique post-communiste, symbolisée par la chute du mur de Berlin. Il exprime sa volonté de dénoncer les injustices sociales et économiques, illustrant comment le capitalisme a entraîné un déclin généralisé du bien-être social en Bulgarie.

Vue d’une catégorie sociale délaissée et le grand retour d’Eli Skorcheva
Le scénario du film s’appuie sur des recherches approfondies sur le terrain, avec l’aide de professionnels et de témoignages réels de victimes d’arnaques téléphoniques. Le réalisateur aborde ainsi les défis auxquels sont confrontés les retraités bulgares, confrontés à la solitude et à la précarité, tout en dénonçant les conséquences néfastes de l’économie de marché sur la société bulgare.
Le choix d’Eli Skorcheva pour incarner Blaga, trente ans après avoir quitté le métier, s’est fait de manière fortuite, mais son engagement témoigne de l’importance du sujet pour l’ensemble de l’équipe. Malgré les risques de critique du système économique en Bulgarie, le réalisateur affirme son engagement à soulever ces questions à travers ses films, mettant en lumière les réalités souvent ignorées de la société bulgare contemporaine.
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