Le Plongeur, plongeon cinématographique dans un Coming-of-Age Québécois.


Le cinéma Canadien francophone est de plus en plus présent dans nos salles hexagonales. Quant à la variété des films proposés, elle permet progressivement d’assoir le statut de nos cousins Nord-Américains.
Le plongeur vaut-il la peine de faire un article ou encore d’aller passer deux heures dans une salle obscure ?

La réponse est oui, tant bien que le film propose quelque chose de nostalgisante, nous replongeant dans une certaine époque, celle de la fin des années 90 et début 2000. Et le sujet est exploré de manière intelligente en montrant comment on peut petit à petit tomber dans l’addiction aux jeux et aussi aux diverses substances.

Stéphane s’ennuie et se sent seul dans une ville avec énormément de sollicitations. Il quitte une petite ville du Canada puis peu à peu va tomber dans l’addiction aux jeux. Sur un fond de musique Rock, de Walkman et de skateboard, nous sommes dans le Canada du début des années 2000. Le réalisateur Francis Leclerc arrive à montrer l’urgence en cuisine et ouvre son film sur un plan zénithal incroyable, une chose possible qu’en studio avec des murs amovibles. Leur utilité réside dans la création d’espaces modulables, adaptés à divers besoins, favorisant une gestion efficace des lieux, on peut donc varier les angles de vues et proposer quelque chose de riches aussi bien en plan larges, plans serrés.

La vie des étudiants, les addictions et le temps qu’on doit occuper

Ce jeune étudiant en graphisme n’est pas un mauvais gars, il est juste perdu et toutes ses décisions sont prises dans l’optique d’avoir suffisamment d’argent pour jouer encore et encore. Il ne cherche pas à se refaire, il veut juste sentir ce shoot d’adrénaline quand il joue et le plaisir du gain n’est pas vraiment son moteur.

Pourtant, l’addiction sur le plan psycho-chimique dépendant du circuit de la récompense où nous attendons d’obtenir quelque chose, notre cerveau réagit à des stimuli plaisants en libérant la dopamine, induisant le plaisir. Ce processus motive les comportements répétés liés à la satisfaction, influençant ainsi les habitudes et la prise de décision.

Les psychologues travaillant avec des personnes dépendantes expliquent que l’attente d’obtenir l’objet du désir est bien plus jouissif que la possession. Des études dévoilent qu’une fois l’objet obtenu, le plaisir va diminuer progressivement pour atteindre le zéro. Quand on cherche à les sevrer, ils perdent leurs repères et ont beaucoup de temps à occuper. Stéphane essaie de s’en sortir, mais comme lui explique le patron d’un bar, quand on est addict, la vie n’est qu’une série de périodes d’abstinence et de rechutes. Le quotidien de Stéphane est celui d’un plongeur en apnée dans une ville inondée de tentations.

Quelques mots sur la réalisation et la production du film

Le film est l’adaptation d’un roman canadien. Le réalisateur, Francis Leclerc, a impressionné l’auteur, Stéphane Larue, avec sa passion et sa vision unique du récit. Le choix d’Éric K. Boulianne comme coscénariste a apporté une perspective authentique sur la jeunesse de 2002. Le tournage en studio avec des décors authentiques a créé une fluidité visuelle, renforcée par des choix techniques réfléchis. La musique, élément clé, a été sélectionnée minutieusement à partir d’une playlist de 350 chansons, reflétant une époque personnelle pour le réalisateur. Henri Picard a été choisi pour son interprétation authentique du personnage principal, ajoutant une couche de vérité au film.

Les défis logistiques, tels que la reconstitution de l’époque, ont été relevés avec succès. Le film, mêlant l’autobiographique et la fiction, a conquis le public, particulièrement les jeunes, offrant un regard intime sur une époque récente avec une touche cinématographique. La réussite de ce film reflète également la vitalité du cinéma québécois contemporain, porté par une nouvelle génération de cinéastes talentueux, notamment des femmes, qui apportent des perspectives nouvelles au cinéma francophone Canadien.

Francis Leclerc explique comment il a convaincu Stéphane Larue, l’auteur, de lui confier le projet. Malgré la popularité croissante du cinéma québécois en France depuis le début des années 2010, la démarche de Francis Leclerc a été déterminante. Les acteurs ont été choisis avec soin, et l’importance de la musique dans le film est soulignée. Le tournage a présenté des défis, particulièrement le besoin de recréer l’atmosphère de 2002.

Le réalisme du film repose sur des détails authentiques, tels que des voitures d’époque. Le réalisateur partage son approche du travail avec les acteurs, favorisant la rigueur dans l’écriture. Le succès du film, mêlant nostalgie et authenticité, témoigne de la vitalité du cinéma québécois, notamment dans le genre de coming-of-age, porté par une nouvelle génération de cinéastes talentueuses.

Le coming-of-age désigne un genre cinématographique explorant la croissance personnelle et les expériences de jeunes protagonistes pendant leur transition de l’adolescence à l’âge adulte. Ces films capturent les défis, découvertes et évolutions émotionnelles propres à cette période charnière de la vie. Son équivalent en français est récit initiatique ou récit sur l’adolescence.

Le film permet la découverte de plusieurs talents comme Henri Picard dans le rôle principal de Stéphane. Maxime De Cotret dans le rôle de Greg. Marie-Ève Beauregard dans le rôle de Sarah ou encore Joan Hart dans le rôle de Bonnie

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Note : 4.5 sur 5.

3 janvier 2024 en salle / 2h 07min / Drame
De Francis Leclerc
Par Éric K. Boulianne, Francis Leclerc
Avec Henri Richer-Picard, Charles-Aubey Houde, Joan Hart

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