Le destin croisé de 3 femmes venant de cultures différentes avec comme liant les cheveux. Le film est une adaptation du roman vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Il a été adapté par son autrice au format cinématographique. Cette adaptation arrive après des années de réflexion, lui permet d’aller plus loin dans le développement de son propos. Elle sait déjà où aller en profondeur, puisqu’elle connaissait déjà de manière intime les personnages, et elle supplante ses craintes et regret, en y mettant ce qu’elle n’avait pas su mettre dans le format original. Le film n’est pas seulement un joli récit, mais avant tout le combat de trois femmes issus de 3 conditions sociales différentes.
Un long travail d’observation et de documentation
Malgré ses faux-aires de simplicité, regorge de propos fort autour de la place des femmes en Inde, au Canada et en Italie, mais également de la symbolique des cheveux à travers les cultures.
Le tout est porté à l’écran par trois femmes incroyables, forte et ayant soif de liberté.
Filmer l’Inde de manière singulière et vraie
Au début du film, le traitement esthétique est proche de celui du documentaire. Il y a par ailleurs un côté presque contemplatif dans le maniement de l’espace et des silences. La réalisatrice film d’une manière à mii-chemin entre le Naturaliste et le documentaire anthropologique. Elle filme le quotidien des femmes dans un pays où les castes existent encore. Nous suivons le parcours de deux femmes, une mère (Mia Maelzer) et sa fille (Sajda Pathan), issues des Dalits.
Le système des castes en Inde est une hiérarchie sociale millénaire divisant la population en groupes distincts, déterminant souvent la profession et les mariages. Les castes sont traditionnellement regroupées en quatre principales catégories : les Brahmanes (prêtres et érudits), les Kshatriyas (guerriers et dirigeants), les Vaishyas (commerçants et agriculteurs) et les Shudras (travailleurs manuels). En dehors de ces catégories, les Dalits, autrefois appelés « intouchables », étaient historiquement marginalisés et relégués aux tâches les plus basses. Bien que des réformes aient été introduites pour lutter contre la discrimination, les divisions persistantes influencent encore la société indienne contemporaine.
Filmer le Canada, là où les femmes paraissent les plus libres :
Une fausse impression si on en croit ce film. L’itinéraire de ces trois femmes nous montre comment vivent les femmes dans ce monde, leur condition sociale et leur désir d’émancipation. La canadienne Sarah incarnée par Kim Raver représente cette image de working girl imprimée dans l’inconscient collectif. Il y a beaucoup de célébrité d’origine canadienne qui ont révélé la force de caractère et de conviction des canadiennes, comme Céline Dion, et elles sont très nombreuses comme Kirstine Stewart, Sherry Cooper, Heather Reisman, Arlene Dickinson, Linda Hasenfratz….
Le Canada est souvent considéré comme un pays où les femmes ont atteint un degré élevé d’émancipation pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le Canada a mis en place des politiques progressistes en matière d’égalité des sexes, avec des lois qui promeuvent la parité et l’équité salariale. De plus, l’accès à l’éducation pour les femmes est largement encouragé, favorisant leur autonomie et leur participation active dans divers domaines. Ici, Sarah rêve de devenir associée dans un grand cabinet d’avocat. On a aussi trouvé troublant de voir que son ex mari exerçait la même profession, mais semblait être un peu moins carriériste que son ex-compagne.
La réalisatrice décide également de montrer comment ce Pays cherche à mettre en avant les femmes, en leur offrant des opportunités de travail similaire à celle des Hommes. Malgré les lois, on perçoit dans ce film les pressions sociales exercés par les Hommes sur les femmes. Sarah doit affronter le monde des Hommes en essayant de ne jamais laisser paraitre la moindre faiblesse et étrangement, ce sera une femme qui la trahira dans le film.
L’Italie, le royaume de la féminité
L’Italie est souvent considérée comme le berceau de la féminité depuis la Renaissance en raison de son impact artistique et culturel, où les œuvres emblématiques ont célébré la beauté féminine et incarné une vision idéalisée de la femme.
La tresse nous emporte dans ce pays aux traditions immuables. Nous avons été bouleversés par Fotinì Peluso qui incarne Giulia, une jeune femme qui va devoir faire fasse aux coutumes, au devoir et aussi affronter le monde des affaires malgré elle, qui se voyait continuer sa vie d’insouciance. La réalisatrice révèle avoir longtemps chercher l’actrice parfaite pour ce rôle, mais ce sera Fotini qui va le décrocher, car elle représente cette beauté et cette grâce naturelle et non forcée. Une beauté naturelle, à la fois discrète et captivante, reflétant parfaitement le caractère du personnage.
Les cheveux et ses symboles
Dans le film, la tresse émerge comme le fil conducteur du récit, représentant un symbole puissant qui explore diverses dimensions de la vie. Les cheveux deviennent une métaphore complexe, évoquant la féminité, la force, et la résilience. Le film aborde également les connotations émotionnelles liées à la perte de cheveux, illustrées par l’utilisation de perruques dans le contexte du cancer. Les aspects religieux ne sont pas en reste, avec la tresse évoquant la signification spirituelle chez les Sikhs et les traditions juives où le geste de couvrir les cheveux trouve sa place. Ainsi, le film transcende les simples aspects esthétiques des cheveux pour explorer des thèmes profonds, allant de l’identité féminine à la connexion spirituelle, tout en mettant en lumière les expériences universelles liées à la perte et à la régénération.
L’un des passages les plus poignants sont celui du don de cheveux dans un temple et la reconstruction de l’image de la femme allant essayer une perruque.
En Inde, le rasage des cheveux dans les temples est souvent lié à des rituels religieux et symbolise le renouveau spirituel. Les fidèles offrent leurs cheveux en guise de dévotion, renonçant à la vanité et démontrant leur engagement envers le divin. Ces mèches rasées sont généralement offertes en don aux temples, qui peuvent les vendre pour collecter des fonds ou les utiliser dans des pratiques rituelles spécifiques. Ce geste est profondément enraciné dans la spiritualité indienne, symbolisant le détachement matériel et l’humilité devant le sacré, créant ainsi une connexion personnelle et significative avec la divinité.
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29 novembre 2023 en salle / 1h 59min / Comédie dramatique
De Laetitia Colombani
Par Laetitia Colombani, Sarah Kaminsky
Avec Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer
SND
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