Elle est touchante, brute, insaisissable et pourtant tellement vraie. Claire Pommet est fracassante dans La Vénus D’argent, le nouveau film d’Héléna Klotz. Une photographie suggérant l’onirisme et la course poursuite d’une longue nuit sans fin, ponctuée par la quête existentielle de Jeanne Francoeur, une prodige des maths rêvant de changer le monde.

Le plafond de verre et la fracture sociale
Un film abordant le plafond de verre, les questions de genre, de consentement, de pardon, et le droit de rêver de changer le monde. Il illustre que certaines choses et personnes peuvent évoluer, mais le système reste souvent inchangé. Les banquiers et les gens de bonnes familles demeurent souvent cloisonnés, évoluant dans des sphères distinctes, le plafond de verre les séparant étant difficilement franchissable. Rêver de pouvoir le franchir pour changer le monde de l’intérieur est utopique.
Le film transmet également l’importance de croire en la nature Humaine et en la possibilité de changer le monde à notre échelle. Un exemple concret est celui d’un jeune homme parti à la guerre, revenu transformé, croyant désormais en l’existence d’un Dieu et désirant construire une chapelle. Même s’il n’accomplit pas cela dans cette vie, il prend conscience du mal causé à Jeanne, qu’il a abandonnée après une première fois catastrophique. Une première fois que l’on pourrait requalifier de viol, car il ne l’a pas écouté lorsqu’il a dit non, lorsqu’il avait mal.
Le pardon et la reconstruction de soi, un thème central du film
Ce film parle aussi de la notion du pardon qui est nécessaire pour pouvoir déposer le poids du passé et pouvoir se projeter à nouveau. Cette transformation émotionnelle devient le pivot sur lequel l’intrigue se développe, montrant comment le simple acte de pardonner peut dénouer des années de ressentiment et de douleur.
Le film souligne que le pardon n’est pas seulement un cadeau que l’on offre aux autres, mais avant tout un acte d’auto-guérison. En libérant les liens du ressentiment, les personnages parviennent à se libérer du poids émotionnel du passé, leur permettant ainsi de se projeter dans un avenir plus serein. Le récit met en lumière la complexité de cette démarche, soulignant que le pardon ne signifie pas oublier, mais plutôt choisir de ne plus laisser le passé dicter le présent.

Un film sur l’acceptation du quotidien
Il faut savoir également accepter le quotidien et apporter ce que nous sommes et non vouloir sans cesse fuir le présent sous prétexte qu’on cherche à changer les choses. Accepter sa condition n’est pas en soi une fatalité, mais demande beaucoup de courage.
Cet autre thème clé du film est la découverte des personnages de cette réalité et que fuir le présent en quête de changement constant peut être une fuite perpétuelle, entraînant une insatisfaction chronique.
Le film suggère que l’authenticité réside dans l’acceptation de soi et des circonstances actuelles. Les personnages apprennent à apporter ce qu’ils sont au présent, plutôt que de chercher sans cesse des moyens de réinventer leur réalité. Cette acceptation conduit à un sentiment de plénitude et de connexion avec le moment présent, transformant ainsi la perception du quotidien. En mettant en lumière cette leçon, le film inspire le spectateur à réfléchir sur sa propre vie et à considérer l’importance d’embrasser le présent avec tout ce qu’il apporte, que ce soit des défis ou des moments de bonheur.
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22 novembre 2023 en salle / 1h 35min / Drame
De Héléna Klotz
Par Héléna Klotz, Noé Debré
Avec Claire Pommet, Niels Schneider, Sofiane Zermani
Quelques mots sur la construction du film
Mythologies en Convergence
Héléna Klotz construit son film « La Vénus d’argent » en puisant dans deux mythologies distinctes, les juxtaposant pour créer une toile complexe. D’un côté, la réalité crue de la caserne de gendarmerie et des barres d’immeubles de la banlieue, de l’autre, l’élégance froide des quartiers d’affaires et de la finance. Au cœur de cette dualité, un personnage féminin, Jeanne Francoeur, aspire à briser le plafond de verre de sa classe sociale pour se forger un avenir. Héléna Klotz évoque Jeanne comme l’héritière féminine de personnages emblématiques masculins littéraires, transformant ainsi son film en un récit d’apprentissage féminin contemporain.
L’Élégance Cinématographique de Tom Cruise
L’influence de Tom Cruise se manifeste dans le choix des costumes, élaborés en collaboration avec la créatrice de mode Christelle Kocher. Inspirée par la veste de motarde colorée de Jeanne, la réalisatrice se tourne vers le costume gris de Tom Cruise dans « Collateral » pour créer un personnage à la fois curieux et énigmatique. Cette démarche réfléchie souligne l’importance de chaque détail dans la construction visuelle du film, où les choix esthétiques se mêlent à la psychologie des personnages.
Casting Soigné, Lieux Évocateurs
Le casting soigneusement sélectionné joue un rôle clé dans la réalisation de la vision de Klotz. Claire Pommet, également connue sous le nom de Pomme, incarne avec brio le rôle principal de Jeanne, apportant une profonde compréhension des aspirations et des blessures du personnage. Les retrouvailles avec Niels Schneider, collaborateur de longue date, apportent une dynamique spéciale au film. De manière innovante, le monde financier du film est représenté par Sofiane Zermani, alias Fianso, ajoutant une dimension authentique au récit. Les lieux de tournage, soigneusement choisis, contribuent à la création d’une atmosphère qui renforce le propos du film, illustrant ainsi la méticulosité de la réalisatrice dans la construction de son œuvre.
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Une réflexion sur “La Vénus d’Argent, Claire Pommet est fracassante”