Un film sur l’amour, le concept de l’amour et aussi la tristitude des spécialistes de l’amour qui ont tellement appris à ce sujet qui sont sans cesse dans une forme de déception constante. Ils n’arrivent pas à profiter de l’instant en essayant toujours de calculer l’irraisonnable. Un film drôle et tristement vrai à la fois !

Le film raconte le quotidien de deux professeurs universitaires qui enseignent les Lettres et la philosophie. Enfermé dans leurs concepts et leurs certitudes, leur quotidien, leur vie entière fonctionne sur l’idée que les dogmes qu’ils enseignent sont suffisamment solides pour assurer le bonheur.

Au gré de l’évolution de l’histoire personnelle de Sophia, incarnée par MAGALIE LÉPINE BLONDEAU, le positionnement de pensé du cours va évoluer. On passe d’un amour platonique à un amour désir et passion. De même, nos désirs et nos certitudes évoluent selon nos fréquentations.

Rien n’est vraiment immuable : à 30 ans on peut affirmer ne pas vouloir des enfants, mais deux ans plus tard, rencontrer quelqu’un qui va faire naître le désir de fonder une famille. Dans le langage courant, on dit « avoir rencontré la bonne personne ». En anglais on parle de «The One», l’unique, celle qui nous donne envie de prendre le risque de souffrir, d’être vulnérable et aussi de partager tout.

Les cordonniers sont les plus mal chaussés

Le film souligne l’importance en amour et dans la vie de ne jamais se fermer dans des certitudes. Les théories philosophiques, psychanalytiques sont des références solides, mais chercher à calquer sa vie dans ces théories revient à s’enfermer dans quelque chose sans réellement pouvoir profiter de la vie.

Créer un concept revient avant tout à essayer de retirer toute forme de hasard, de changement pour rendre la chose plus évidente, mais personne ne vit dans une maison fermée.
Les concepts nous rassurent et nous aident à comprendre notre passé, nos erreurs, mais permettent avant tout créer un effet de distanciation entre notre monde et la réalité des autres. Lorsque l’héroïne discute du gaslighter (détournement cognitif au Québec) elle est beaucoup plus focalisée sur le terme et le concept que sur la remise en cause de la situation, qui est perverse et mauvaise. Elle a beau enseigner sur le désir, mais ne comprend pas précisément son propre désir qui l’aveugle.

Le film Simple comme Sylvain est une belle leçon sur la vie, sur l’amour. Comme on dit souvent, les cordonniers sont les plus mal chaussés, et ici cette grande spécialiste de l’amour se perd dans une cérébralisation d’un sentiment.
Vivre derrière des concepts peut sembler rassurant, car cela crée un voile de simplicité dans un monde complexe. Les concepts nous offrent des catégories dans lesquelles ranger notre réalité, et ils peuvent nous donner un sentiment d’ordre et de compréhension.

Cependant, cette apparente sécurité peut devenir un piège, qui peut nous empêcher de faire face aux nuances et à la complexité de la vie. Les concepts peuvent devenir des barrières qui nous maintiennent dans notre zone de confort, nous empêchant de remettre en question nos croyances ou de voir des opportunités nouvelles. Pour avancer réellement, il est généralement nécessaire de briser ces barrières, de remettre en question nos préjugés et de plonger dans l’incertitude, où se trouvent les véritables opportunités de croissance et de découverte. En fin de compte, vivre derrière des concepts peut être réconfortant, mais cela limite notre potentiel d’évolution et d’apprentissage.

En formation de psychothérapie, certains patients sont désignés comme étant des « Oui, mais », ceux qui semblent incapables d’évoluer. Cette tendance des scientifiques à vouloir modéliser chaque aspect de la réalité peut également les maintenir à distance de la réalité, qui est souvent faite d’incertitude et d’épreuves non reproductibles. La vie n’est pas un modèle de pensée fermée, mais une interaction perpétuelle, alors soyez Simple comme sylvain !

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8 novembre 2023 en salle / 1h 50min
Comédie, Romance
De Monia Chokri
Par Monia Chokri
Avec Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume