Dans le monde du cinéma français, l’audace ne cesse de repousser les frontières de l’imaginaire et d’explorer des territoires inattendus. C’est dans cette veine que s’inscrit « Le Règne Animal, » un film qui ose interroger la relation complexe entre l’Homme et la Nature de manière captivante et glaciale. L’évocation du fameux « chaînon manquant, » qui divise les Hommes des Animaux, résonne en filigrane, rappelant étrangement le classique de Vercors, Les Animaux dénaturés, mais cette fois, dans un contexte de science-fiction troublant.

Au cœur de ce récit d’anticipation se profile une maladie mystérieuse, provoquant des mutations et conduisant les sujets infectés vers une métamorphose lente et douloureuse. À travers cette intrigue, le film réveille en nous la crainte de l’inconnu et de la différence, des peurs que nous avons tous ressenties durant la pandémie de la covid-19, où l’invisible et le visible semblaient se confondre. C’est dans ce contexte que le réalisateur Thomas Cailley fait son entrée sur la scène cinématographique française, en nous proposant un voyage fascinant au cœur du fantastique contemporain.
Le cinéma français a toujours su explorer les frontières du fantastique, et Thomas Cailley s’inscrit dans cette tradition. Son parcours cinématographique débute avec un ton réaliste dans Les Combattants pour glisser progressivement vers le fantastique dans son deuxième film. Pour lui, les possibilités offertes par le fantastique sont une source d’enthousiasme, et elles se manifestent à travers l’hybridation entre l’homme et l’animal, une métaphore riche qui touche à des thèmes universels tels que la transmission et la relation entre père et fils.
Le rapport père-fils au cinéma
Le lien père-fils est un élément central du film. Il explore la relation entre un jeune homme de 16 ans et son père, un moment où l’humanité semble se réveiller à sa « part animale. » Cette thématique puissante remet en question la frontière entre l’humanité et la nature. Le réalisateur propose ainsi une réflexion profonde sur les mondes que nous souhaitons léguer, ceux dont nous héritons, et ceux que nous pourrions potentiellement créer. Cette dynamique entre le fantastique et le lien familial crée une expérience cinématographique riche en émotion et en réflexion.

Le film aborde également l’urgence écologique contemporaine en explorant la mutation homme-animal. Thomas Cailley, conscient de l’importance de créer de nouveaux récits en accord avec notre époque, refuse de se limiter à un récit post-apocalyptique. Il préfère ancrer les mutations fantastiques dans le monde actuel, permettant ainsi une confrontation saisissante entre le réel et la fiction. Cette approche, à la fois spectaculaire et intime, crée un récit captivant qui suscite l’empathie du public et interroge notre rapport à la nature et à nous-mêmes.
Nous avons toujours peur des autres, de ceux qui ne nous ressemblent pas. On essaie de les fuir ou d’analyser leurs différences et tenter de les faire revenir dans les normes, comme le montre le film avec ces mutants devant se faire opérer à mainte reprise pour essayer de retrouver une forme humaine. Le récit parle aussi de l’exclusion des êtres n’entrant pas dans les cases.
Au-delà de l’aspect fantastique, le film plonge profondément dans la relation entre un jeune homme de 16 ans et son père, à un moment où l’humanité se trouve face à sa « part animale. » Cette exploration audacieuse déchire le voile qui sépare l’humanité de la nature, posant ainsi des questions existentielles sur les mondes que nous souhaitons laisser en héritage, ceux que nous avons hérités et ceux que nous pourrions potentiellement créer.
Le Règne Animal se veut une expérience cinématographique riche, offrant une réflexion profonde sur le lien familial et l’écologie contemporaine, où la mutation homme-animal devient une allégorie saisissante de notre époque. En ancrant ces mutations fantastiques dans un monde actuel en pleine mutation, Thomas Cailley crée un récit à la fois spectaculaire et intime.

Le casting : Duris et Kircher
Le réalisateur a fait des choix de casting judicieux qui ont contribué à donner vie de manière saisissante aux personnages et à l’intrigue. Romain Duris, dans le rôle du père, incarne avec une intensité remarquable la complexité de son personnage, offrant une performance profonde et nuancée. Son interprétation apporte une dimension humaine à la relation père-fils, renforçant ainsi les thèmes de la transmission et de la mutation.
De plus, la révélation Paul Kircher, qui joue le fils, apporte une fraîcheur et une authenticité à son personnage, avec une capacité à exprimer les émotions de manière poignante. L’alchimie entre les acteurs crée une dynamique captivante à l’écran, contribuant grandement à l’impact émotionnel du film et à son exploration des frontières entre l’humain et l’animal. Le choix de casting s’avère ainsi être un atout majeur pour le film, renforçant son engagement envers le réalisme et l’authenticité dans une histoire aussi fantastique.
Note spéciale pour la présence d’Adèle Exarchopoulos qui tient un rôle secondaire, mais intéressant. Elle est actuellement à l’affiche du film Un métier sérieux.
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4 octobre 2023 en salle / 2h 08min / Drame, Aventure, Fantastique
De Thomas Cailley
Par Thomas Cailley, Pauline Munier
Avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos
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