Un film qui se déploie lentement dans sa longueur. On souligne la performance de chacun des acteurs, nous avons particulièrement été séduits par l’acteur Antoine Reinartz dans le rôle de l’avocat général, ainsi que par le jeune acteur Milo Machado Graner.

Ce qui nous marque dans ce film, c’est la manière dont il explore la notion de l’absence ou du doute. Il nous pousse à réfléchir sur la raison pour laquelle nous en arrivons à douter ou à nous questionner, plutôt que de chercher à combler ce vide par quelque chose. Une véritable leçon de vie et de justice, nous apprenant à nous concentrer sur le pourquoi et le comment de nos doutes et interrogations. Et non simplement resté bloqué sur des faits et des conséquences.

Un traitement naturalisme d’un procès.

La réalisatrice tend à travers le prisme du cinéma à traduire le mot chute sous toutes ses formes : autour de la défaite d’un couple en proie à une chute aussi intime que déchirante. La réalisatrice avait l’ambition de dépeindre la chute d’un corps avec une précision technique qui symboliserait la chute du couple et d’une histoire d’amour. Le fils du couple, témoin et acteur de cette tragédie, découvre l’histoire de ses parents au travers d’un procès minutieusement orchestré, marquant sa propre évolution de l’enfance à l’incertitude. Dans cette exploration du passage de l’enfance à l’âge adulte, le regard de l’enfant s’intègre pour la première fois au récit, tandis que les personnages sont soumis à un intense interrogatoire qui révèle les fissures de leur relation.

L’essence du film repose sur les retrouvailles entre Justine Triet et l’actrice Sandra Hüller, qui incarne le personnage central, Sandra. Triet a façonné le rôle spécifiquement pour Hüller, attirée par sa capacité à insuffler complexité et authenticité à un personnage confronté au jugement social sur sa sexualité, son travail et sa maternité. Cette collaboration dynamique entre la cinéaste et l’actrice a contribué à créer un personnage riche en nuances et dépourvu de messages simplistes. Leur connexion s’est approfondie pendant le tournage, ajoutant une dimension supplémentaire à l’exploration de la chute du couple et de l’individu.

Dans le souci de réalisme, la réalisatrice a cherché à saisir l’essence du procès français à travers une lentille presque documentaire. En collaborant avec l’avocat pénaliste Vincent Courcelle-Labrousse, les scénaristes ont capturé la complexité du système judiciaire français, mettant en évidence le contraste avec les procès américains plus spectaculaires. Cette approche a donné au film une atmosphère brute et dépouillée, accentuée par l’absence de musique additionnelle et la focalisation sur les dialogues et les témoignages. Le rythme délibérément ralenti et les plans non conventionnels ont renforcé l’authenticité du récit, offrant une expérience cinématographique immersive. Il est vrai que la justice va à son rythme, elle possède ses codes et cela peut être déroutant. Ces différentes longueurs sont éreintantes comme un véritable marathon !

Cannes 2023, la consécration

La consécration du travail acharné de l’équipe est venue sous la forme de la Palme d’Or au Festival de Cannes 2023. Un honneur bien mérité pour Justine Triet, qui avait déjà présenté plusieurs de ses œuvres sur la scène prestigieuse de la Croisette. En construisant « Anatomie d’une chute, » Triet a soigneusement tissé les fils d’une histoire de défaite et de renaissance, avec des performances captivantes et une exploration minutieuse de la nature humaine à travers le prisme du procès et de la parole.

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23 août 2023 en salle / 2h 30min / Policier, Drame, Thriller, Judiciaire
De Justine Triet
Par Justine Triet, Arthur Harari
Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner