Ce film, à travers son exploration des personnages neuro-atypiques, met en lumière de manière subtile et singulière la complexité du rapport à la vérité et les motivations réelles qui poussent les individus à faire des choix de carrière. La performance de Daphné nous a profondément touchés, faisant écho à la retenue de Benoît. En effet, cet acteur, généralement porté par une énergie constante, parvient ici à adopter une attitude plus calme sans pour autant perdre de sa présence à l’écran. La voix de cet acteur belge captive l’attention et captive le spectateur.

Cependant, malgré l’attention portée à Benoît P, c’est Daphné qui se révèle être une actrice à la fois touchante et magnétique. Elle livre une interprétation complexe, car l’état maniaque est une véritable bombe à retardement.
Mimi explose, implose, et ce film tente de percer le mystère entourant ces individus mal dans leur peau, évoluant dans une société qui ne leur facilite pas la tâche. Ils sont contraints de se modérer, de fournir des efforts bien au-delà de leurs capacités. La réalisatrice arrive à retranscrire cette sensation assez violente par cette phrase « être coincé à l’intérieur de soi-même, car j’ai peur de la vie ». On peut trouver touchant un personnage ne pouvant mentir. Pourtant, il n’y a rien de touchant en soi puisque c’est la nature même des neuro-atypiques ; Ils sont bloqués dans un système de fonctionnement différent de celui de la société. Cependant, voir son quotidien est touchant, voir ses peines, voir ses efforts surhumains. Personne ne devrait endurer cela, pas même pour entrer dans un moule ou une norme sociale.
Des héros godariens.
Les figures de personnages inadaptés sont souvent au cœur des œuvres de Godard, à travers lesquelles leurs regards dévoilent les mécanismes d’un monde déséquilibré. L’introduction de Pierrot le fou est sans doute l’apogée de ce sentiment de malaise. Ce film regorge d’éléments significatifs, tels que le générique d’ouverture ou encore le traitement des femmes et des hommes à bout de souffle. Certains plans, comme celui du baiser dans la prison, rappellent les scènes mythiques propres au réalisateur. Coïncidence ou obsession narrative et esthétique, chaque élément de ce film dépeint une société dans laquelle deux êtres cherchent une voie de sortie, une échappatoire.
La réalisatrice Marie Garel-Weiss nous emmène ainsi dans son univers singulier, où les protagonistes sont des antihéros en quête de sens. Tout comme Godard, Marie Garel-Weiss explore avec une certaine obsession narrative et esthétique les recoins sombres de la condition humaine. À travers ces personnages inadaptés, il révèle les failles d’une société en déséquilibre, dénonçant les normes et les conventions établies. Les héros godardiens se trouvent constamment à la recherche d’une voie, d’une échappatoire, comme s’ils cherchaient à échapper à une réalité qui les étouffe.

Ce film captivant nous plonge ainsi au cœur des questionnements existentiels et des luttes intérieures de ses personnages. En mêlant une mise en scène audacieuse et des performances d’acteurs remarquables, la réalisatrice parvient à créer une œuvre profondément émouvante. Par-delà les troubles neuro-atypiques, les choix de carrière et la quête de vérité, c’est une réflexion plus vaste sur la condition humaine qui se dessine, invitant le spectateur à s’interroger sur ses propres motivations et aspirations. Ce film, tel un écho troublant à notre réalité, laisse une empreinte indélébile dans nos esprits et nous pousse à regarder le monde qui nous entoure d’un œil neuf.
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26 juillet 2023 en salle / 1h 31min / Comédie
De Marie Garel-Weiss
Par Marie Garel-Weiss, Ferdinand Berville
Avec Daphne Patakia, Benoît Poelvoorde, Agnès Jaoui
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