Joker : Grâce à J. Phoenix D.C. Comics renaît de ses cendres


De la trilogie de Nolan à l’univers cinématographique « DC Extended Universe »

D.C. Comics a voulu concurrencer Marvel en lançant son univers de super héros issus de la Justice League. C’est ainsi que, après la trilogie de Nolan, a eu lieu un reboot à partir duquel on a pu suivre la chronologie des films D.C., à l’instar de Marvel, qui a débuté avec Man of Steel en 2013.

Si ce ne fut pas toujours une  franche réussite, (difficile cependant d’atteindre le niveau de  Marvel studio surtout depuis le rachat par Disney…) certains films restent de bons divertissements. Mais aucun ne pourrait être qualifié d’extraordinaire, de sorte qu’aucun film ne marquera fortement les esprits auprès du public comme ce fut le cas de la trilogie Batman de C. Nolan, et notamment le volume II, The Dark Knight.

Pourtant, entre deux opus de la franchise D.C. Comics, qui à de nombreuses reprises a envisagé de mettre fin avant l’heure au DC Extended Universe, a pourtant annoncé la sortie d’un film centré sur l’histoire du Joker, l’ennemi juré de Batman.

Un film indépendant de la franchise : un retour aux sources

Le film Joker est complètement autonome, il est d’ailleurs présenté comme indépendant de l’univers D.C. Comics: On peut donc le voir sans avoir vu aucun des films sortis précédemment.

Si tant est que le film peut éventuellement être rattaché à la chronologie D.C. Comics du fait qu’il se déroule au cœur des années 80 dans un Gotham sombre, en réalité quand on calcule les âges des protagonistes : Arthur/Joker a déjà plus de 30 ans, et ce serait donc un joker de 60 ans au moment du film Suicide Squad, ce qui ne colle pas vraiment avec l’âge de Jared Leto. Il y a donc cette petite « incohérence » qui pourrait ouvrir la voie à nouvelle lignée de Batman, et qui interpelle pour le prochain « The Batman » prévu pour 2021, et ce d’autant plus que Ben Affleck ne joue plus le personnage et sera remplacé par Robert Pattinson. Cela laisse le champs libre à un nouveau départ pour D.C. Comics, ce qui, soit dit entre nous, ne serait pas une mauvaise chose.

En effet, si pour la fanbase les films D.C. sont sympas, ils restent simplistes : des scenarii faiblards remplis de fan-service pour la plupart. Même si on passe un bon moment, ce ne sont pas les meilleurs films qu’on ait pu voir ces dernières années.

Ce film Joker constitue donc une vraie renaissance pour la franchise D.C. Comic. Et il semblerait que ce sera le Joker qui va détrôner the Dark Knight de Nolan. Ce film représente une évolution charnière pour la marque D.C.

Un film aux antipodes du Blockbuster : une réalisation au service de l’humain axée sur la simplicité et le réalisme 

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Nous reviendrons plus en détail par une critique très approfondie du Joker (prochainement en ligne), mais nous vous recommandons de voir le film avant de la lire en raison de très nombreux détails et spoilers.

Ce film représente une véritable renaissance pour D.C. Comics, dans la mesure où il s’agit là d’un film à propos de super-héros, en l’occurrence ici plus spécifiquement de la némésis du super héros, dont on ne nie plus la renommée : Le Joker.

 Si d’un prime abord on pourrait penser être en présence d’un Blockbuster lambda présentant un duel entre le méchant et le gentil, avec à la fin le méchant qui perd et le bien qui triomphe, en réalité – spoiler — PAS DU TOUT.

On est loin du film de science-fiction ou du blockbuster.

Bien au contraire, on nous présente un film basé sur le jeu d’acteur, sur l’image, la photographie, sur la musique (violoncelle qui suit les mouvements du personnage ou bien l’inverse telle une chorégraphie millimétrée). Le réalisateur a pris le parti d’une photographie sombre, conférant un petit côté thriller de par la noirceur des images.

 De sorte qu’on ne peut que se focaliser sur le jeu des acteurs : au revoir les effets spéciaux qu’on avait en surdose dans les précédents films, on ne trouve ainsi que l’essentiel : le jeu des acteurs, les décors, les répliques.

 Le spectateur ne peut qu’être fasciné par les plans du réalisateur qui sont focalisés sur l’expression, le rire, les regards, le visage, le maquillage et mouvements/chorégraphies du personnage principal incarné avec brio par Joaquin Phoenix.

En oubliant la surdose d’effets spéciaux, on se concentre sur l’essentiel : l’humain. Pas d’effets spéciaux, pas de super pouvoir, pour mettre en avant des hommes normaux comme vous et moi auxquels, ou leurs différences relèvent d’une banalité quelconque. On peut alors s’identifier très facilement ou y reconnaître un voisin, un ami, un cousin, un frère, une mère, en enfant etc.

 Ce réalisme on le doit également au jeu d’acteur sans faute de J. Phoenix.

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Arthur en pleine crise de rire pathologique

Un Joker époustouflant

Dans ce film, Joaquin Phœnix nous parle essentiellement avec son corps, mais pas par une exposition d’un corps physique parfait étalant tablettes chocolats et pectoraux.

Il nous expose de parfaites et magnifiques imperfections. L’acteur fait parler  son visage, ses yeux, sa bouche, son rire, un rire qu’il a travaillé dès les auditions pour ce rôle-là; un corps qu’il a modifié pour le film (perte de poids, Arthur Fleck présentant une maigreur effarante).

Joachim Phœnix nous livre une prestation du Joker incommensurable et fascinante.

 Il s’exprime au-delà des mots : chaque image et chaque plan nous parle et a son importance ; que ce soit un plan fixe sur un regard, une expression, un écrit, un ressenti, un sentiment comme la profondeur de la tristesse, la haine, l’amour, l’abandon… Ce panel de sentiments mis en image et mêlé à la folie du personnage donne  ainsi naissance à un film puissant au personnage charismatique. L’interprétation de J. Phoenix est magistrale et mérite amplement l’oscar.

On ne va pas s’essayer à faire un comparatif avec Heath Ledger parce que ce sont deux grands acteurs dans deux films différents, même s’il s’agit d’un même personnage, mais il ne faut pas s’abaisser au jeu de la comparaison.

Le travail de Joaquin Phœnix ne fera jamais oublier l’extraordinaire prestation précédente d’Heath Ledger. Mais le talent de cet acteur mêlé au travail de réalisation de Todd Philipp élève le film au rang des incontournables de la décennie, d’autant plus que l’indépendance  du film avec  l’univers D.C. Comics permet l’accès de ce film à n’importe quel profane qui n’aurait vu aucun autre film de cet univers.

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Un scénario plongeant le spectateur en catharsis (*légers spoilers*).

Ce film fait très fortement écho à l’actualité de crises et notamment à celles connues en France. A tel point que certains laissent entendre que ce film serait inspiré du mouvement des gilets jaunes. S’il est vrai que l’on ne peut difficilement ne pas songer  aux événements actuels lors du visionnage des scènes finales, notamment lors de la montée en puissance des clivages finissant en révolution dans la rue, il ne faut pourtant pas faire d’amalgames.

En réalité cette lutte des classes sociales a existé de tout temps partout dans le monde.

 Cela étant dit, le fait que le spectateur arrive à se projeter et à reconnaître dans le scénario proposé une situation politique vécue prouve que le film a réussi le pari du réalisme et c’est pour ces raisons  qu’il fait et fera parler de lui pendant quelques temps.

En effet, rappeler l’humanité du Joker, dont les faiblesses sont les mêmes que les nôtres,  conduit le spectateur à s’identifier dans l’univers du film, dans lequel il peut se projeter et y voir ses propres peurs.

 On peut s’identifier à ce méchant, on peut identifier des personnes qu’on connaît, parce qu’il ne s’agit pas d’un homme qui reçoit de super pouvoirs ou fabrique une super armure, ni d’un extraterrestre qui va à la conquête de l’univers avec des pierres, mais on fait face à un homme souffrant d’un handicap et de graves troubles psychologiques. A cela s’ajoute un contexte familial très lourd : il est abandonné par sa famille, et par la société. Peu à peu, il perd ses repères et se sentira trahi par tout le monde. Le coup de grâce sera donné par la maladie qui lui enlève ses derniers repères, celle de la limite entre le bien et le mal. Cela lui fera littéralement péter les plombs en répondant à une terrible agression par une acte de violence extrême et disproportionné. Dès lors c’est la montée en puissance : Arthur Fleck devient petit à petit le Joker dans une escalade de violence, jusqu’à devenir un symbole d’une lutte sociétale. Il ne se cache pas derrière un masque. Il se maquille pour prendre l’identité du Joker tel un symbole. La société a tué Arthur Fleck et en a fait le Joker.

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La force du film est ici de pouvoir délivrer un message qui a un certain écho avec l’actualité, il dénonce un simple fait : celui des différences sociales qui mènent à l’exclusion puis à la folie. On nous propose un scénario où le peuple pauvre se rebelle contre les élites qui les ignorent. Il va mener sa révolution derrière un nouveau symbole qui devient l’antihéros.

Le message qui en sort amène à une évidence : ne faut-il pas arrêter de creuser les différences entre les uns et les autres, car ne serait-ce pas en isolant les êtres humains que l’on finit par les transformer en monstre que l’on redoute tant ?

Jenn pour Direct-Actu


Fiche technique
Réalisé par TODD PHILLIPS
Avec JOAQUIN PHOENIX, ROBERT DE NIRO, ZAZIE BEETZ
Scénario de TODD PHILLIPS et SCOTT SILVER
Inspiré de l’universDC
Un filmproduit par TODD PHILLIPS p.g.a., BRADLEY COOPER p.g.a., EMMA TILLINGER KOSKOFF p.g.a
Directeur de la Photographie : LAWRENCE SHER ASC
Décors : MARK FRIEDBERG
Montage : JEFF GROTH
Costumes : MARK BRIDGES
Musique : HILDUR GUĐNADÓTTIR
SORTIE LE 9 OCTOBRE 2019

4 réflexions sur “Joker : Grâce à J. Phoenix D.C. Comics renaît de ses cendres

  1. A reblogué ceci sur DANS TOUS LES S3NSet a ajouté:
    JOKER.

    ce film. la claque de la décennie. je repartage ici mon analyse publiée à la sortie du film.

    et j’en suis toujours aussi fan. pas une fausse note ce film. et l’oscar de la meilleure bande son le confirme !

    que j’ai hâte d’aller au ciné concert à la Seine Musicale en mai (bon moins que Céline ou Starmania mais quand même – oui oui je vais aller voir Céline).

    C’est en effet en grande partie la musique qui ambiance au millimètre le jeu chorégraphié et brillant de Joaquin Phénix, ce qui lui a valu toutes ces récompenses plus que méritées.

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