Dans Journal intime du Liban, Myriam el Hajj signe une œuvre bouleversante et lucide, où l’histoire collective se mêle à l’intime. À travers le regard croisé de Georges, vétéran hanté par la guerre, de Joumana, militante déterminée, et de Perla Joe, artiste insurgée, la réalisatrice dresse le portrait d’un pays en quête de vérité et de renaissance. Tourné entre 2018 et 2021, ce documentaire incarne la mémoire, la rage et l’espoir d’un peuple qui refuse le silence.
Comprendre le Liban d’hier et d’aujourd’hui
Pour saisir toute la portée du film de Myriam el Hajj, il faut d’abord comprendre que le Liban est un territoire de contrastes et de cicatrices. De la proclamation de l’État du Grand Liban en 1920 à l’explosion du port de Beyrouth en 2020, chaque décennie a laissé son empreinte de drames, de divisions et de résilience. Pays mosaïque où se rencontrent dix-huit communautés, le Liban a vu s’enchaîner guerre civile, ingérences étrangères, crises politiques et faillite économique. Ces secousses ont nourri une génération épuisée, mais toujours debout, cherchant dans l’art et l’engagement une forme de survie spirituelle.
Dans ce contexte, Journal intime du Liban agit comme une fresque vivante. Myriam el Hajj y tisse les voix de trois générations – Georges, Joumana et Perla Joe –, Ils racontent chacune une facette du pays : la mémoire, la lutte et la renaissance. Le vétéran incarne les fantômes de la guerre civile, la militante s’élève contre la corruption enracinée, tandis que l’artiste cherche à libérer sa parole au cœur des révoltes d’Octobre 2019. Ensemble, ils symbolisent un Liban pluriel, meurtri, mais vibrant.

Une réalisatrice témoin et au cœur du récit
La réalisatrice, témoin et actrice de cette histoire, filme avec empathie les ruines, les chants et les colères. Son regard dépasse le reportage : il devient acte de résistance et d’amour. En choisissant la lenteur, le silence et la proximité, elle capture le souffle d’un peuple qui refuse de renoncer. Ce documentaire n’est pas un cri désespéré, mais un geste de transmission, une lettre d’espoir adressée aux générations futures.
Pour Myriam el Hajj, ce film est né d’une nécessité viscérale : celle de comprendre, témoigner et guérir. Fille d’une génération marquée par la guerre, la réalisatrice confie avoir grandi parmi des hommes qui ont combattu, interrogé leurs choix, leurs regrets, leurs silences. Avec Journal intime du Liban, elle prolonge cette quête en confrontant la mémoire du passé à la colère du présent. Elle filme pour ne pas se laisser consumer par l’indignation.
Au fil du tournage, la révolution de 2019 bouleverse son récit et l’entraîne dans une aventure humaine imprévisible. Le réel impose son rythme, les destins se croisent, les illusions tombent. Ce n’est plus seulement un film sur le Liban, mais un film du Liban : tourné au cœur de la crise, dans un pays en implosion. La caméra devient un abri, un témoin silencieux des blessures et des renaissances.
Ce projet, porté par la réalisatrice et ses coproductrices Carine Ruszniewski et Myriam Sassine, s’inscrit dans la continuité d’un cinéma qui mêle le politique et le poétique. Le choix des personnages – Georges, Joumana et Perla Joe – n’est pas anodin : ils incarnent la dignité d’un peuple qui se bat, chacun à sa manière, pour redonner sens à sa vie. En concluant sur une scène de concert, Myriam el Hajj choisit la lumière plutôt que la ruine, la voix plutôt que le silence. Car tant qu’il reste une chanson, une image, une rage, il reste un Liban vivant.
Un film essentiel pour comprendre le Liban d’aujourd’hui !
Le film est d’une puissance, il dévoile le Liban avant et après l’explosion de 2020 ayant touché Beyrouth. On est subjugué par ce pays riche sur le plan culturel et patrimonial, mais subissant une oppression de la part des dirigeants, créant une inflation sans fin.
Des cris du cœur, des artistes, des intellectuels œuvrant pour sauver la paix qu’ils aiment, mais parfois cela semble difficile quand les besoins primaires sont de plus en plus compliqués à avoir : un toit, la nourriture…
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15 octobre 2025 en salle | 1h 50min | Documentaire
De Myriam El Hajj |
Par Myriam El Hajj
Titre original Diaries from Lebanon
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Une réflexion sur “Journal intime du Liban, le film documentaire à voir pour comprendre ce pays”