Borodino 1812 – L’écho d’une guerre intérieure en six morceaux


Un EP viscéral et authentique venu du Nord : Borodino 1812 d’Ole Anders Winge Walseth, c’est huit années de création condensées en six morceaux d’une intensité rare. Entre grunge, metal et rock progressif, l’artiste norvégien transforme la bataille historique de Borodino en métaphore de la lutte intérieure moderne. Une œuvre brute, humaine, sans artifice.

Avec Borodino 1812, Ole Anders Winge Walseth signe un manifeste rock viscéral, un cri d’âme autant qu’une déflagration sonore. Derrière cette référence à la bataille napoléonienne, il construit une œuvre profondément humaine, où chaque riff évoque la lutte intérieure, la survie et l’héroïsme du quotidien. En six titres enregistrés entre 2017 et 2025, l’artiste norvégien explore le champ de bataille des émotions contemporaines à travers un rock hybride, mêlant grunge, metal et énergie progressive. Borodino 1812 n’est pas qu’un disque, c’est un affrontement entre mémoire et modernité, une révolte lucide contre le vide, une tempête de sincérité brute.


Qui est l’artiste derrière cet EP

Ole Anders Winge Walseth est un compositeur et interprète norvégien dont la musique conjugue l’intensité du rock alternatif et la profondeur d’une écriture introspective. Formé entre Oslo et Bergen, il développe depuis 2017 un univers sonore où se croisent les héritages du post-grunge et du metal scandinave. Accompagné du musicien Erlend Naalsund, il a conçu Borodino 1812 comme une synthèse de huit années de création, sans recours à l’intelligence artificielle, fidèle à une approche artisanale du son. L’artiste revendique une authenticité sans filtre, où les erreurs deviennent textures et les émotions des structures. Son rock, parfois rugueux, parfois méditatif, s’inscrit dans la lignée d’artistes tels que Chris Cornell ou Steven Wilson, mais avec une rigueur nordique et une tension existentielle bien à lui. Borodino 1812 condense cette dualité : entre guerre et introspection, bruit et silence, il érige le rock en espace de vérité.


Du rock générationnel ou simplement l’expression de son émotion intérieure

Ce qui frappe d’emblée à l’écoute de Borodino 1812, c’est la dimension organique du son : chaque morceau respire, gronde, saigne presque. Le titre éponyme ouvre l’EP comme un appel aux armes. Les guitares tracent le mouvement d’une armée invisible, la voix s’élève comme un cri de ralliement. Plus qu’une évocation historique, l’artiste-musicien signe ici une métaphore : la bataille de Borodino devient celle de toute une génération qui cherche encore sa place entre chaos et idéal. L’artiste dépeint un monde où les blessures ne sont plus seulement physiques, mais psychiques. Cette tension traverse tout l’EP : Steel Sky enchaîne avec une énergie à la fois industrielle et mélodique, évoquant la froideur d’un monde dominé par l’acier et la vitesse, où la sensibilité devient résistance.

Dans Death on the Horizon, le ton se fait plus introspectif. L’acoustique y remplace la fureur, comme un moment de pause avant la tempête. L’émotion y est nue, sans posture. Là réside peut-être la clé de lecture du projet : ce n’est pas un rock de démonstration, mais un rock de confession. Dans Envision, l’artiste plonge au cœur de l’âme. L’arrangement, minimaliste au départ, se densifie jusqu’à un crescendo d’une intensité bouleversante. Chaque son semble provenir d’une lutte entre lumière et ténèbres. Ocean Liners apporte un souffle, un mouvement d’horizon : la traversée devient métaphore du deuil et du recommencement. Enfin, Sachenring Trabant 601 conclut le disque comme une course effrénée vers la liberté, un exutoire punk, une explosion finale.
Ce n’est pas une reconstitution, mais une introspection musicale de notre époque : un rock générationnel qui parle à ceux qui refusent le formatage et préfèrent l’émotion brute à la perfection numérique.


Comment être vrai sans être formaté, une leçon artistique en plusieurs tracks

Borodino 1812 s’impose comme une réflexion sur la sincérité dans l’art. À l’heure où la musique se standardise, Ole Anders Winge Walseth rappelle que le rock, dans sa forme la plus pure, reste un acte de résistance. Ici, la vérité ne se cherche pas dans la performance technique, mais dans la résonance émotionnelle. Les imperfections deviennent des cicatrices sonores, les silences des respirations nécessaires. La structure même du disque : six morceaux composés sur huit ans, contestation de la logique de rentabilité et de production en série : chaque titre a mûri, comme un souvenir gravé dans la chair.

Sociologiquement, cet EP s’inscrit dans une mouvance du rock contemporain qui cherche à réhabiliter l’humain dans le son. Loin des algorithmes et des formules de streaming, ce prophète des guitares électriques défend une création libre, indépendante, enracinée dans le réel. Il rejoint par là une génération d’artistes qui, à l’image de Nothing But Thieves ou Royal Blood, réaffirment le besoin de sentir plutôt que de séduire. Mais son approche, plus mélancolique et poétique, évoque davantage une forme de stoïcisme musical : la guitare comme prolongement de l’âme, le micro comme exutoire, la scène comme champ de bataille intérieur.

Dans Borodino 1812, le rock redevient langage, rituel, catharsis. L’artiste transforme le vacarme en introspection collective. Ses compositions ne cherchent pas à plaire, mais à dire. Et ce qu’elles disent, c’est la nécessité de rester vivant dans un monde qui nous anesthésie. Les influences metal, prog et post-rock fusionnent sans se concurrencer, dans un équilibre rare entre puissance et contemplation.
Le message est clair : être vrai, c’est refuser la complaisance. Être musicien, c’est affronter le silence. Et dans ce combat, Borodino 1812 sort vainqueur; non pas parce qu’il hurle plus fort, mais parce qu’il dit juste.


Si on devait dire une chose, Borodino 1812 est un acte de foi dans le rock en tant que forme de vérité humaine. Ole Anders Winge Walseth y signe une œuvre sincère, sans artifice ni concession, où chaque note devient mémoire et chaque mot, un écho de résistance.

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