Dans Sleeping Dogs, Karen Gillan et Russell Crowe s’affrontent dans un thriller noir où mémoire et vérité se brouillent. La comédienne écossaise livre l’une de ses performances les plus complexes, confirmant son statut d’actrice incontournable d’Hollywood.
Karen Gillan s’est imposée comme l’une des figures les plus singulières du cinéma contemporain. Connue d’abord pour son rôle d’Amy Pond dans Doctor Who, elle a ensuite conquis Hollywood avec Jumanji et surtout Nebula dans l’univers Marvel. Mais avec Sleeping Dogs, elle franchit un nouveau cap : celui de l’actrice caméléon capable de jouer sur les nuances, l’ambiguïté et la duplicité. Aux côtés de Russell Crowe, elle s’empare d’un rôle de femme fatale intellectuelle, imprévisible, où chaque regard et chaque intonation peut faire basculer le récit. Une performance qui confirme son goût pour les rôles risqués et son désir d’explorer toutes les facettes du jeu.
Karen Gillan, retour sur sa carrière
La carrière de Karen Gillan illustre un parcours atypique, guidé par des choix audacieux. Née en Écosse, elle s’est fait connaître du grand public grâce à son rôle d’Amy Pond dans la série culte Doctor Who. Ce personnage attachant, curieux et courageux lui a immédiatement offert une visibilité internationale. Rapidement, Hollywood a repéré cette jeune actrice au charisme singulier et à la chevelure flamboyante.
Après son départ de la série britannique, Karen enchaîne les projets variés : comédies, films indépendants et blockbusters. Elle se distingue dans Oculus, un film d’horreur psychologique qui dévoile sa capacité à tenir un rôle central avec intensité. Mais c’est véritablement son interprétation de Nebula dans l’univers Marvel qui lui offre une reconnaissance mondiale. Personnage secondaire dans Guardians of the Galaxy, Nebula devient au fil des films une figure tragique et complexe. Karen, sous des couches de maquillage et de prothèses, réussit à imposer une humanité bouleversante.
En parallèle, elle explore la comédie avec succès, notamment dans la franchise Jumanji où elle joue Ruby Roundhouse, mélange détonant de force et d’autodérision. Ces rôles montrent son habileté à naviguer entre registres, du drame au fantastique en passant par l’action pure. Plus récemment, elle a séduit le circuit des festivals avec Late Bloomers, une comédie dramatique acclamée. Loin de se contenter de blockbusters, elle multiplie les projets indépendants et développe même sa carrière derrière la caméra avec plusieurs courts-métrages.
Karen s’impose également sur le petit écran et dans le cinéma d’auteur : la mini-série Douglas Is Cancelled, l’adaptation très attendue par Mike Flanagan de The Life of Chuck et la comédie historique Fools, encore en préparation, témoignent de cette diversité. Avec Sleeping Dogs, elle confirme son désir de surprendre. Ici, elle incarne Laura Baines, une femme complexe, à la fois victime et manipulatrice. Cette trajectoire reflète son évolution : de l’icône pop-culture à l’actrice exigeante qui cherche avant tout des rôles stimulants.
Spleeping Dogs – un rôle différent
Réalisé par Adam Cooper, Sleeping Dogs adapte le roman The Book of Mirrors (Jeux de miroirs) d’Eugen Ovidiu Chirovici. Le film suit Roy Freeman (Russell Crowe), un ex-policier rongé par l’Alzheimer, contraint de replonger dans une enquête ancienne. Le récit, construit comme un puzzle, interroge la mémoire, ses distorsions et ses zones d’ombre.
Karen Gillan incarne Laura Baines, une psychologue brillante mêlée malgré elle à cette affaire. Personnage à multiples visages, elle nourrit l’intrigue de son ambiguïté. Karen a d’ailleurs confié que sa plus grande difficulté fut d’assumer un jeu volontairement inauthentique, en choisissant de rendre son personnage performatif, changeant selon les situations. La force du film réside dans ce jeu constant entre souvenir, mensonge et vérité. Adam Cooper signe un polar moderne où l’atmosphère rappelle les classiques du film noir tout en intégrant des thématiques contemporaines : la fragilité de la mémoire et la quête identitaire.
Russell Crowe et Karen Gillan à l’écran
La rencontre artistique entre Russell Crowe et Karen Gillan constitue l’un des atouts majeurs de Sleeping Dogs. Russell, immense acteur oscarisé pour Gladiator, campe un ex-flic brisé, hanté par ses trous de mémoire. Son jeu se caractérise par une intensité contenue, où chaque silence pèse autant qu’une réplique. Face à lui, Karen propose une partition toute en nuances, alternant charme, froideur et vulnérabilité.
Leur dynamique à l’écran repose sur un contraste puissant : Russell, massif et fatigué, incarne le poids du passé, tandis que Karen, mobile et insaisissable, représente l’incertitude du présent. L’alchimie fonctionne d’autant plus que leurs personnages se défient en permanence. Karen a d’ailleurs confié avoir ressenti une certaine nervosité à l’idée de jouer face à une légende du cinéma. Pourtant, cette tension nourrit leurs scènes communes, donnant une profondeur supplémentaire à leurs échanges.
Il faut aussi souligner que Russell interprète Roy Freeman sur deux temporalités : l’homme usé par la maladie et son double plus jeune, confronté à ses souvenirs. Cette double présence ajoute une densité particulière à son rôle et intensifie la confrontation avec Karen. Le spectateur est ainsi pris dans une double lecture : l’intrigue policière classique et le duel subtil entre deux acteurs au sommet de leur art. Cette confrontation, à la fois intime et dramatique, constitue sans doute le cœur du film.
Le tournage de Sleeping Dogs en Australie a marqué Karen autant sur le plan professionnel que personnel. L’actrice se souvient des soirées estivales à Melbourne, d’un concert improvisé de Sergueï Rachmaninov qu’elle écoutait en boucle pour nourrir l’intériorité de son personnage, ou encore de la complicité naissante avec l’équipe locale.
Elle raconte aussi l’étrangeté de ses premiers face-à-face avec Russell Crowe. Admirative de son parcours, elle avoue avoir dû surmonter une certaine intimidation : « J’étais dans une scène avec lui, je le regardais, et je me disais juste : c’est pour ça qu’il est une star. » Karen a même confié qu’elle répétait ses répliques en s’enregistrant sur son téléphone afin d’ajuster la justesse de son jeu, une méthode inhabituelle qui témoigne de son exigence.
Adam Cooper, le réalisateur, se rappelle pour sa part de leur première rencontre avec Russell à la ferme de l’acteur, une expérience marquée par une virée en quad au milieu des troupeaux. Autre souvenir marquant : leur passage à l’Open d’Australie en compagnie de Karen et de Russell, moment qui renforça les liens de l’équipe en dehors du plateau. Adam Cooper confie également que la dernière journée de tournage de Karen fut celle d’une scène clé avec Russell, où la tension dramatique était à son comble.
Karen souligne aussi combien Adam Cooper, malgré son statut de réalisateur débutant, a su instaurer un climat de collaboration et d’écoute, permettant à chaque acteur d’explorer librement son personnage. Elle note également que la majorité du casting était composé de Britanniques ou d’Australiens interprétant des Américains, détail qui renforçait le caractère singulier du projet. Enfin, elle s’est confiée sur un rêve personnel : incarner un jour Poison Ivy dans l’univers DC, un rôle qui prolongerait sa passion pour les personnages ambigus et fascinants.
Ces anecdotes révèlent une chose : derrière l’intensité dramatique du film, l’expérience fut humaine, presque familiale, où chacun a pu puiser une énergie nouvelle.
Avec Sleeping Dogs, Karen Gillan confirme qu’elle est bien plus qu’une star de franchise. Elle démontre sa capacité à incarner des personnages complexes et ambigus, à la croisée du film noir et du drame psychologique. Face à Russell Crowe, elle impose une présence singulière, marquée par l’audace et la subtilité. Cette performance pourrait bien devenir une étape charnière dans sa carrière, prouvant qu’elle peut aussi briller en dehors des univers Marvel ou des blockbusters familiaux. Une actrice à suivre, désormais incontournable.
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