Porté par un trio intense et une mise en scène nerveuse, Les Orphelins réinvente le cinéma d’action français. Entre cascades réalistes, tensions familiales et émotions brutes, Olivier Schneider signe un polar spectaculaire et profondément humain.
Les Orphelins, réalisé par Olivier Schneider, signe une plongée haletante dans un cinéma d’action français assumé et ambitieux. Porté par Alban Lenoir, Dali Benssalah et la révélation Sonia Faïdi, le film conjugue émotion, tension et spectacle pur. Entre drame intime et cascades spectaculaires, il revendique l’héritage des buddy movies des années 1990 tout en imposant une identité française forte. Située entre Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, l’intrigue se déploie dans des décors atypiques pour le genre, mettant en valeur la beauté du Pays basque. Fidèle à l’esprit de ses références, le réalisateur privilégie la cohérence narrative aux scènes gratuites, offrant un équilibre rare entre intensité dramatique, humour bien dosé et chorégraphies d’action millimétrées.
Gab (Alban Lenoir), flic à l’IGPN au passé militaire, et Driss (Dali Benssallah), ancien des forces spéciales passé dans les marges, se retrouvent liés malgré leurs méthodes opposées. Leur rencontre explosive avec Leïla (Sonia Faïdi), adolescente au caractère trempé, forme un trio improbable uni par un objectif commun. Christina (Suzanne Clément), cheffe d’une société de sécurité privée, voit en Leïla une cible à abattre, tandis que Fanny (Anouk Grinberg), tutrice de la jeune fille, tente de la protéger. Sofia (Naidra Ayadi) complète cette galerie de personnages qui, par leurs liens et leurs tensions, nourrissent l’alchimie dramatique et physique du film. Ce casting solide, mêlant visages confirmés et révélation, porte l’histoire avec intensité et cohérence.
Un film sur la famille, l’amour et le pardon – La dynamique autour d’une même femme puis de sa fille
Au-delà de ses scènes d’action, le film explore les liens du sang et de cœur. Le récit se construit autour d’une figure maternelle absente, dont la mémoire ou les choix passés influencent directement la trajectoire des protagonistes. Gab et Driss, que tout oppose, apprennent à dépasser leurs préjugés pour protéger Leïla, elle-même porteuse d’un héritage lourd et d’une soif de vérité. La relation entre Christina et Leïla se teinte d’ambiguïté, entre menace et fascination, rappelant que l’amour maternel peut se décliner en de multiples nuances, parfois toxiques. La figure de Fanny, protectrice, mais réaliste, agit comme un ancrage émotionnel, tout en illustrant le thème du pardon et de la seconde chance. Ces dynamiques croisées mettent en lumière la difficulté de se reconstruire après des blessures profondes, et la nécessité de choisir sa famille, parfois au-delà des liens biologiques. Le cinéaste insuffle ainsi une profondeur émotionnelle qui transcende le simple cadre du polar d’action, donnant aux affrontements une résonance intime où chaque coup porté ou encaissé devient l’expression d’un passé à assumer ou à dépasser.

Notre avis : un bon film d’action (français)
Au-dessus des films d’action auxquels nous sommes habitués en Hexagone. Les cascades sont au top, l’humour bien dosé ! L’acteur Alban Lenoir reste bloqué dans son jeu de flic et ses mêmes mimiques, mais la grande surprise du film est Dali Benssalah, qui excelle de rôle en rôle, ainsi que la révélation Sonia Faïdi.
La performance physique des acteurs est l’un des atouts majeurs du film. Alban Lenoir réalise la majorité de ses cascades, offrant une précision de conduite et un engagement rare. Dali Benssalah impressionne par sa puissance et son explosivité, qu’il s’agisse de combats rapprochés ou de scènes à haut risque, comme ses acrobaties sur un véhicule lancé à pleine vitesse. Quant à Sonia Faïdi, elle surprend par son intensité et sa crédibilité en action, enchaînant coups, chutes et affrontements avec un naturel bluffant. Ce trio apporte au film une authenticité et une énergie qui captivent !
Des cascades efficaces et des scènes d’actions percutantes !
Pensées dès l’écriture pour servir l’histoire, les scènes d’action sont variées et crédibles. Olivier Schneider, coordinateur de cascades aguerri, impose un rythme où chaque affrontement raconte quelque chose des personnages. De la première bagarre brève, permettant aux héros de se jauger, jusqu’au final sous une pluie battante, hommage à L’Arme fatale et clin d’œil au Pacte des Loups, l’intensité ne faiblit jamais.
Les courses-poursuites constituent un autre point fort : une séquence de près de sept minutes traverse Biarritz, mêlant conduite millimétrée d’Alban Lenoir, acrobaties extérieures de Dali Benssalah et combat intérieur de Sonia Faïdi dans un camion en mouvement. Autre moment marquant : la course au marché historique de Saint-Jean-de-Luz, où la précision des cascades laisse à peine dix centimètres de marge entre les véhicules et les décors.
La destruction réelle de deux Ford Capri et l’absence de fond vert dans les combats renforcent le réalisme. Chaque acteur s’implique physiquement, réalisant l’essentiel de ses cascades, soutenu par une équipe de cascadeurs de haut vol. Ce choix d’authenticité, combiné à des chorégraphies claires et lisibles, donne au film un souffle rare dans le paysage français, prouvant que l’Hexagone sait rivaliser avec les standards internationaux du genre.
Un buddy movie à la française
L’idée des « Orphelins » germe chez Olivier Schneider après plusieurs projets avortés. Inspiré autant par Tango & Cash que par L’Arme fatale ou Les Spécialistes, il veut créer un buddy movie français mêlant humour, drame et action, avec des méchants crédibles et une identité visuelle forte. Sa complicité de plus de vingt ans avec Alban Lenoir facilite la mise en route : ce dernier rejoint l’écriture et apporte humour et réalisme. Le tournage dans le Pays basque est un choix personnel, motivé par des souvenirs d’enfance et l’envie de montrer autre chose que Marseille ou Nice. Le casting féminin se distingue : Suzanne Clément incarne avec justesse une cheffe de sécurité privée ambiguë, Anouk Grinberg apporte chaleur et complexité à la tutrice, et Sonia Faïdi, repérée par Dali Benssalah, s’impose malgré la différence d’âge avec son personnage. Les contraintes de production, comme la perte d’autorisations à Bayonne, mènent à des trouvailles : la course au marché de Saint-Jean-de-Luz en est un exemple. Certaines cascades, comme la pluie battante ou l’accroche au van, demandent une endurance extrême et un savoir-faire précis. Le réalisateur revendique une responsabilité : prouver qu’un film d’action français peut séduire en salle, et ouvrir la voie à d’autres coordinateurs de cascades vers la réalisation.

Dans les coulisses du film
Le travail sur le film se distingue par une exigence rare dans le cinéma d’action hexagonal. Chaque personnage possède un style de combat conçu sur mesure : Gab, incarné par Alban Lenoir, affiche une rigueur militaire, Driss, campé par Dali Benssalah, déploie un vice hérité de la rue, Leïla, interprétée par Sonia Faïdi, combine grâce et explosivité, tandis que Jonas, joué par Romain Levi, adopte la puissance sèche du karaté shotokan. Christina, incarnée par Suzanne Clément, apporte une autorité glaciale et une ambiguïté qui renforcent la tension dramatique, tandis que Fanny, jouée par Anouk Grinberg, insuffle une empathie immédiate et une tendresse qui équilibre la dureté du récit. Le décor plonge le spectateur dans un Pays basque rarement montré, entre Biarritz et Saint-Jean-de-Luz. L’authenticité domine : cascades et combats sont filmés sans fond vert, certaines séquences n’avaient droit qu’à une seule prise, et deux Ford Capri ont été détruites pendant le tournage. Parmi les scènes les plus exigeantes, celle de l’accroche au van, tournée sans doublure, témoigne d’un engagement total des interprètes. La scène finale sous une pluie battante, clin d’œil à L’Arme fatale et au Pacte des Loups, apporte tension et dimension purificatrice.
La genèse du film remonte à la rencontre d’Olivier Schneider avec des cascadeurs sur le tournage de Tais-toi…, expérience qui l’a conduit à imaginer ce projet. Alban Lenoir, impliqué dès l’écriture, a enrichi le scénario d’humour et de réalisme. La production a connu des imprévus comme la perte d’autorisations à Bayonne, entraînant un tournage au marché historique de Saint-Jean-de-Luz. Les contraintes matérielles étaient nombreuses : un seul camion technique, et trois Ford Capri pour l’ensemble des scènes automobiles. Romain Levi a suivi une préparation physique intense pour incarner la force brute de son personnage. Enfin, le réalisateur revendique une ambition de transmission : prouver qu’un coordinateur de cascades peut passer derrière la caméra et ouvrir la voie à d’autres talents.
Les Orphelins réussit le pari d’un cinéma d’action français authentique, mêlant émotion et spectacle. Porté par un trio d’acteurs investis, un casting secondaire solide et une réalisation exigeante, le film se distingue par ses scènes d’action réalistes et son ancrage émotionnel. En choisissant des décors inédits et en privilégiant l’authenticité des cascades, Olivier Schneider signe une œuvre qui assume ses références tout en affirmant sa propre identité. À la croisée du divertissement et du drame humain, Les Orphelins offre une expérience immersive qui prouve que le genre peut briller en salle.
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20 août 2025 en salle | 1h 35min | Action
De Olivier Schneider |
Par Nicolas Peufaillit, Olivier Schneider
Avec Alban Lenoir, Dali Benssalah, Sonia Faidi
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Une réflexion sur “Les Orphelins – un film d’action français intense entre cascades spectaculaires et drame familial”