Avant le lycée, Clark Kent et Lana Lang, pourtant voisins, restent séparés par les blessures du passé, les codes sociaux du lycée américain, le collier de kryptonite et un monde où chacun reste à sa place. Entre obstacles invisibles et fascination naissante, leur lien se construit lentement.
On décrypte le paradoxe de Smallville, bien avant les super-pouvoirs, il y a le paradoxe relationnel entre Lana et Clark : Avant le lycée, ils vivaient pourtant à quelques pas l’un de l’autre, mais leur lien restait presque inexistant. Clark avait ses amis d’enfance, comme Pete et Chloe, alors que Lana, marquée par la perte tragique de ses parents lors de la pluie de météorites, se reconstruisait dans un cercle différent. À l’entrée au lycée, elle décide de changer d’amies pour tourner la page de sa vie de petite fille triste ayant vu sa famille mourir, délaissant même sa meilleure amie d’enfance, Tina Greer (S01E04), une métamorphe ayant une fixette sur Lana. Les Kent, soucieux de protéger le secret de Clark, ont toujours limité le nombre de visiteurs dans leur maison et leur grange. À cela s’ajoute un obstacle invisible, mais bien réel : le collier en kryptonite que Lana portait presque en permanence, empêchant Clark de s’approcher sans malaise. Ce collier, perdu puis retrouvé de façon étrange, semble peu à peu disparaître de son cou, ouvrant la voie à une nouvelle proximité.
Plusieurs raisons plausibles expliquent cette distance – Hypothèses :
- Traumatisme de Lana : Après la mort de ses parents, elle s’isole dans un cercle sécurisé.
- Relations entre adultes : Jonathan et Nell, qui sont sortis ensemble au lycée avant que Jonathan ne la quitte pour Martha, gardent des rapports cordiaux mais distants. Ce passé laisse une blessure : Jonathan est gêné, Martha n’est pas toujours à l’aise, et Nell préfère éviter le sujet. C’est comme une autre vie : on est des ex, mais on se parle par politesse car Smallville est petit.
- Barrière physique : La kryptonite du collier repousse littéralement Clark.
- Différents cercles sociaux : Clark a ses amis de toujours, Lana les siens.
- Choix scénaristique : Préserver la “première fois” du loft et créer un tournant relationnel marquant.
Théories
La première théorie repose sur la psychologie des personnages : Lana, endeuillée, se forge une nouvelle image à l’adolescence, ce qui implique de rompre avec certaines amitiés, y compris sa meilleure amie métamorphe. Ce changement lui permet de se distancer des souvenirs douloureux, mais l’éloigne aussi de Clark, simple voisin à ses yeux.
La seconde théorie relève de la dynamique familiale : l’histoire amoureuse passée entre Nell et Jonathan, suivie d’une rupture au profit de Martha, crée une relation polie mais marquée par le passé. On se parle si l’on se croise — Smallville est petit — mais on évite toute proximité prolongée. Les Kent, attachés à protéger le secret de Clark, réduisent encore les occasions d’inviter Lana dans les espaces privés comme la grange ou la chambre. La relation entre Nell et les Kent reste purement professionnelle : achats à la boutique de Nell et ventes de produits de la ferme.
Enfin, la troisième théorie est purement “in universe” : la kryptonite du collier agit comme un champ de force involontaire, rendant physiquement impossible toute proximité prolongée. Quand ce collier disparaît, la série trouve une ouverture narrative pour amorcer le rapprochement Clark/Lana, notamment dans le loft qui devient leur espace symbolique.
Explication claire
Dans l’univers de Smallville, chaque détail de la relation Clark/Lana avant le lycée est soigneusement construit pour servir la dramaturgie. Clark n’est pas un voisin intrusif : il a sa propre vie sociale avec Pete et Chloe, ce qui limite naturellement les interactions. Lana, de son côté, est prisonnière d’un double héritage : un traumatisme personnel et un environnement familial aux frontières tacites. La perte de ses parents forge un caractère prudent, presque distant, surtout avec ceux qui ne font pas partie de son cercle choisi.
Les adultes jouent un rôle déterminant : Jonathan et Nell, anciens amoureux au lycée, portent encore l’ombre de cette histoire. Jonathan, qui a choisi Martha, sait que cette rupture a laissé des traces. Martha, quant à elle, ne bénéficie pas d’une grande complicité avec Nell. Résultat : les relations restent polies mais professionnelles, cantonnées à la boutique de Nell ou aux produits de la ferme Kent. Les Kent, voulant préserver le secret de Clark, limitent encore les visites dans les espaces privés, notamment le loft et la grange — lieux où Lana n’est jamais entrée enfant.
Enfin, le collier de kryptonite agit comme une barrière littérale : Clark, en sa présence, ressent malaise et faiblesse, ce qui l’oblige à éviter Lana de trop près. Ce collier, perdu puis retrouvé dans des circonstances étranges, finit par disparaître, levant la dernière barrière. Ce détail scénaristique donne une explication “fantastique” à leur éloignement, tout en servant de moteur dramatique. Quand Lana perd ce collier, le verrou saute, et le loft devient la scène de leur rapprochement.
Le manque de proximité entre Clark et Lana avant le lycée est donc la combinaison d’éléments humains, narratifs et surnaturels. Un traumatisme qui la pousse à se réinventer socialement, un passif discret entre Nell et Jonathan, qui installe une distance polie, la gêne de Martha dans cette configuration, et la volonté ferme des Kent de limiter les visiteurs pour protéger le secret de leur fils. À cela s’ajoute un collier à la kryptonite qui, sans que Lana le sache, empêche Clark de s’approcher physiquement. Ce collier, qu’elle perd et retrouve, puis de manière étrange elle va cesser de le porter, agit comme un verrou narratif. En toile de fond, les scénaristes cultivent volontairement cette séparation pour mieux en faire un événement lorsqu’elle s’efface. Ainsi, le premier pas de Lana dans le loft n’est pas une simple visite : c’est le symbole d’un changement d’ère dans leur relation, un moment qui n’aurait pas eu le même poids si, enfants, elle avait déjà eu libre accès à cet espace. Ce choix, à la fois pragmatique et poétique, ancre Smallville dans une logique émotionnelle où chaque geste compte.
Angle sociologique d’une scolarité américaine : deux mondes qui ne se croisent pas
Lana Lang, pom-pom girl (cheerleader), sort avec le quaterback du lycée (jock) : dans la hiérarchie sociale américaine, elle est en quelque sorte la star de l’établissement. Clark Kent, lui, traîne avec les membres du club de journalisme (journalism kids). Aux États-Unis, les groupes sociaux internes au lycée et au collège sont très marqués : on ne mange pas à la même table (cafeteria politics), on reste entre amis issus du même cercle, et l’emploi du temps, qui change selon les matières, empêche la notion de “classe fixe” comme en France (absence of fixed homeroom class). On reste donc avec ceux qui nous ressemblent en apparence ou en centres d’intérêt.
Dans ce contexte, Clark est le voisin de la fille la plus populaire, en couple avec le garçon le plus envié. Il sait qu’il n’a aucune chance : ils ne sont pas du même monde. Et même s’il essayait, il se ridiculiserait à cause du collier en kryptonite, qui l’affaiblit et le rend maladroit dès qu’il s’approche trop.
À l’intérieur de cette hiérarchie lycéenne, il existe aussi des cercles plus discrets, comme les nerds des clubs de sciences ou d’informatique, dont l’image est bien moins éclatante que celle des cheerleaders et quaterbacks. Les codes sociaux se prolongent jusque dans la cafétéria : chaque table “appartient” à un groupe, et s’y asseoir sans y être invité est mal vu. S’ajoute le poids de l’image : être vu avec quelqu’un d’un autre cercle peut écorner un statut, et Lana, compagne du quaterback, protège inconsciemment le sien. Les amitiés entre groupes existent, mais restent rares, souvent déclenchées par un événement précis ; dans Smallville, ce rôle est joué par l’entrée au lycée et la disparition progressive du collier, qui permettent enfin aux deux mondes de se croiser.
Le collier reste longtemps une barrière fantastique, un mur invisible empêchant toute proximité physique, tandis que Whitney joue le rôle d’une barrière sociale, incarnant les règles tacites du lycée qui veulent que chacun reste à sa place. Pourtant, malgré ces obstacles, Clark finit par éveiller une fascination silencieuse chez Lana. Il sauve Lex, puis Whitney lui-même, alors que ce dernier l’avait humilié en le transformant en “épouvantail”. Clark ne rabaisse jamais le petit ami de Lana, laissant à Lex le soin de tenter de lui ouvrir les yeux. Cette modestie, cette droiture et cette capacité à agir sans attendre de reconnaissance intriguent Lana. À cela s’ajoute un lien plus intime : tous deux ont grandi loin de leurs parents biologiques, avec cette même absence d’accès à une enfance partagée avec eux, ce qui nourrit un sentiment de compréhension mutuelle, presque instinctif. Il y a le paradoxe absolu des humains : on aime l’inaccessible, ce qui est à porter de main n’est pas intéressant ! On cherche le frisson et la stabilité : le premier petit ami de Lana représente tout cela – il est la star du lycée, lui apporte une validation sociale – Clark n’est que le gars du coin, celui que Lana pense déjà tous savoir de lui. Le gars du coin, il est là et on estime qu’il n’est pas intéressant et déjà acquis. Lana va commencer à regarder Clark différemment quand il va oser lui proposer de sortir entre ami, mais la planter à chaque fois. Elle revit alors ses insécurités qu’elle a cherché à camoufler en entrant au lycée : la peur d’abandon et le fait d’être la petite chose fragile. Plus le récit avancera et plus la fascination s’installera !
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