La force musicale de Superman, ou quand trois notes suffisent à faire trembler l’univers


La musique de Superman traverse les générations. Du thème culte de John Williams à la version rock et émotive de John Murphy et David Fleming, le héros évolue, mais trois notes suffisent encore à incarner la bonté, la révolte douce et l’élan universel de l’humanité.

Qu’on le veuille ou non, la musique d’un film nous reste en tête bien plus longtemps que les images. Et lorsqu’il s’agit de super-héros, impossible d’évoquer Superman sans entendre immédiatement le thème de John Williams résonner dans un coin de notre esprit. Ce morceau, aussi célèbre que la cape rouge de Clark Kent, incarne depuis 1978 l’idée même du héros bienveillant, incorruptible, humain. Aujourd’hui, à l’heure des reboots et des univers partagés, cette signature musicale continue de traverser les époques, réinventée, revisitée, mais jamais oubliée. Une preuve supplémentaire que la musique n’habille pas un film, elle en est l’âme.


Un héritage musical impossible à ignorer

Le thème originel de John Williams, héroïque, lyrique et presque joueur, a posé les bases de ce que devait être un héros à l’écran. Plus qu’un simple accompagnement orchestral, il a donné une voix à Superman. Une voix pleine de bravoure, mais aussi de chaleur, d’humour et d’élan. Dans une époque où la composition thématique dominait, John Williams a inscrit sa musique dans la culture populaire. Et avec elle, Superman est devenu plus qu’un personnage : un idéal. Chaque tentative de modernisation musicale (comme la version de Man of Steel par Hans Zimmer) a dû faire face à cette mémoire collective. Car ce thème ne se contente pas de rappeler un film : il réveille une foi ancienne dans le bien, dans le courage, dans ce qu’on pourrait appeler… l’héroïsme à l’américaine.


Quand la gentillesse devient punk : la nouvelle partition de l’homme d’acier

Dans la nouvelle adaptation de Superman portée par James Gunn, les compositeurs John Murphy et David Fleming ont relevé un pari risqué : honorer l’héritage de John Williams tout en composant une nouvelle voix. Et leur choix est audacieux : des guitares saturées, une batterie rock, une atmosphère parfois punk.

Étrange mélange pour un personnage mythique ? Pas tant que ça. Dans le film, une scène entre Lois Lane et Clark Kent interroge ce que signifie « être punk ». Et si, dans un monde cynique, la vraie rébellion était la bonté ? La bande originale épouse cette idée : elle fusionne les trois notes clés du thème de John Williams avec une énergie brute, électrique. Le morceau Your Choices, Your Actions cristallise cette approche : guitare douce, chœur discret, montée orchestrale… tout respire l’émotion, la vulnérabilité, la sincérité.

On ne vole plus, on élève l’âme. Dans Last Sun, le héros tombe puis se relève. Deux séquences musicales (en Mi puis en Fa) illustrent ce chemin : l’homme blessé devient symbole. Et c’est peut-être là le plus grand tour de force : ne pas imiter, mais prolonger, creuser l’essence du mythe par une musique qui, tout en étant nouvelle, reste immédiatement familière.


La musique comme narration invisible

La réussite de cette nouvelle bande-son repose sur une approche rare à Hollywood : faire parler la musique sans qu’elle domine l’image. John Murphy et David Fleming ont capté l’essence même du personnage à travers un motif de trois notes — parfois en majeur, parfois en mineur — pour traduire le doute, l’élévation, l’élan brisé et la renaissance.

Dans des scènes clés, comme Raising the Flag ou Being Human, ces fragments deviennent leitmotivs de l’intime. Pas besoin de grandiloquence : une guitare, un souffle de chœur, quelques cordes suffisent. Le spectateur sent que quelque chose de plus grand agit. Ce ne sont pas des bruitages, mais des émotions. La musique devient alors ce fil discret qui relie Clark Kent à notre propre humanité. Et si l’homme pouvait voler, ce n’est peut-être pas parce qu’il vient de Krypton, mais parce que sa musique l’élève.

Superman sur petit écran

La musique de Lois & Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman a été composée principalement par Jay Gruska, avec une approche spécifique à la télévision, mêlant orchestre et touches contemporaines pour souligner l’humour, la romance et l’action propres à la série. Jay Gruska, déjà connu pour son travail dans l’univers télévisuel, a cherché à trouver un équilibre entre la tradition super-héroïque attendue (fanfares, envolées cuivrées à la Superman) et une identité musicale propre, davantage axée sur des thèmes romantiques — notamment à travers les bois et le piano — pour accompagner la relation entre Lois et Clark.

Concernant le lien avec les films Superman portés par Christopher Reeve, la musique de la série ne reprend pas le thème iconique de John Williams. Toutefois, Jay Gruska a explicitement voulu « combler l’écart » entre le style orchestral sophistiqué et grandiose de John Williams et l’attente d’une musique plus légère, adaptée au format et à l’esprit feuilletonnant de la série. Le générique de Lois & Clark évoque ainsi par certains choix instrumentaux l’esprit héroïque du cinéma, sans jamais en être une reprise ni une imitation directe, mais plutôt une réinterprétation adaptée à la télévision des années 1990.

La musique de Lois & Clark s’inspire partiellement de l’aura symphonique des films, mais construit sa propre identité pour répondre aux besoins narratifs et émotionnels de la série, tout en rendant hommage, par touches subtiles, au mythe instauré au cinéma par John Williams et Christopher Reeve.

Trois notes pour l’éternité

Reprendre un thème aussi iconique est toujours un risque. Mais cette nouvelle adaptation de Superman prouve qu’on peut construire du neuf avec du vieux sans rien trahir. En gardant l’esprit de John Williams, mais en changeant la matière, la nouvelle musique affirme que la force de Superman n’est pas sa puissance, mais sa bonté. Et cette bonté-là peut sonner électrique, douce, dissonante ou majestueuse. Elle est tout cela à la fois. C’est cette leçon que la musique du film nous souffle : aujourd’hui, être gentil, sincère, juste, est un acte radical. Presque punk. Alors, que l’on préfère les cuivres éclatants ou les accords brisés de guitare, peu importe. L’essentiel est ailleurs : dans cette impression d’envol intérieur que seule une vraie musique de film sait offrir. Superman n’est pas qu’un super-héros. C’est une note tenue. Une promesse en suspend. Et cette promesse, tant que la musique la porte, ne mourra jamais.


Si vous êtes encore dans le doute, internet regorge de compilation, d’arrangements alternatifs comme celui-ci.

Ou encore celui-ci, permettant de croiser 2025 à l’ère post Nolan des Super héros (2013)

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Cet article n’aurait jamais existé sans l’aide précieuse de cette vidéo


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