Vingt-sept ans après la première vague de terreur, le Pêcheur revient hanter les écrans, prêt à dégainer son crochet dans un monde devenu ultra-connecté, mais toujours vulnérable aux secrets. Souviens-toi… l’Été Dernier version 2025 réussit un pari osé : faire revivre une franchise culte sans trahir ses racines. La nostalgie n’est plus un argument marketing, mais une matière première dramatique. Dans ce nouveau chapitre, le passé et le présent s’entrechoquent avec fracas, les visages changent, mais la peur reste intacte. Et derrière la lame, une question demeure : jusqu’où peut-on fuir ses fautes ?
De quoi parle le nouveau film ?
Nous sommes à Southport, ville balnéaire rendue célèbre par le massacre de 1997. Un nouveau groupe d’amis, désormais dans la fin de leur vingtaine, se retrouve piégé dans une spirale de culpabilité après un accident mortel sur Reaper’s Curve. Comme en 1997, ils choisissent le silence, pactisent avec le secret… jusqu’à ce qu’un an plus tard, un tueur au crochet refasse surface. Ava, avocate écorchée vive, Danica, influenceuse pleine d’aspérités, Teddy, héritier en chute libre, Milo, ex amoureux rationnel, et Stevie, l’oubliée du groupe, devront affronter les conséquences de leurs choix.
Mais cette fois, le danger n’est pas qu’un slasher masqué. C’est le poids d’un trauma générationnel, d’un effacement voulu par les puissants. À la recherche de réponses, ils croisent Julie James et Ray Bronson, survivants du premier massacre, porteurs d’un passé qu’on pensait enterré. La boucle est-elle en train de se refermer ? Ou s’agit-il d’un nouveau départ sanglant ?

Une franchise encore efficace
Un retour aux sources mêmes, si nous sommes en 2025, la technologie omniprésente, ça marche toujours autant ! Nous sommes accrochés à notre siège à attendre le pic d’adrénaline !
Cette nouvelle version réunit tous les ingrédients d’un bon Souviens-toi… l’Été Dernier. Le crochet est affûté, le suspense est tendu, et les figures familières sont de retour. Jennifer Love Hewitt et Freddie Prinze Jr. retrouvent leurs rôles de Julie et Ray avec une sobriété bouleversante, devenant les mentors d’une jeunesse prise au piège de ses propres fautes. Le film transforme leur présence en passerelle entre deux générations hantées.
Le pitch sur l’effacement et la nostalgie permet de lancer un aveu d’un reboot ou d’une nouvelle série de films dans la franchise. Nous avons eu récemment une série télé, et ce nouveau film permet de retrouver les acteurs phares du premier film.
La réussite du film repose aussi sur sa direction artistique audacieuse : le contraste entre les décors idylliques de Southport et la brutalité des meurtres accentue la tension. Le crochet mythique a été redessiné pour en faire une arme plus viscérale encore, et les meurtres rivalisent d’inventivité : piège à homard, pistolet de détresse, harpon revisité. Ce n’est plus juste un slasher, c’est une réinvention visuelle et symbolique du genre.

Mais c’est surtout dans la dynamique du groupe que le film frappe fort. Ava, Danica, Milo, Teddy, Stevie… chacun d’eux n’est pas seulement une victime potentielle, mais un être en devenir, tiraillé entre culpabilité, loyauté, et désir de rédemption. On ne regarde pas seulement des personnages courir pour survivre, on les observe lutter pour rester humains.
L’intelligence du scénario tient dans sa capacité à conjuguer le frisson immédiat avec des enjeux émotionnels profonds. Ava tente d’avertir, de réparer, là où Danica veut oublier. Milo hésite, Teddy se cache, Stevie observe. Chacun incarne une posture face à la faute. Le tueur, lui, semble incarner une conscience collective déchaînée. Et le spectateur, pris entre les deux, se demande : « Et moi, qu’aurais-je fait ? »
Ajoutons à cela une BO dynamique, une photographie léchée et un clin d’œil constant au film original – notamment à travers la scène hommage à la mort d’Helen Shivers – et l’on obtient un film à la fois rétro et contemporain, calibré pour les fans de la première heure comme pour les néophytes.
Relancer la franchise ? Pourquoi maintenant ?
L’idée d’un nouveau Souviens-toi… l’Été Dernier trottait dans l’esprit de Neal H. Moritz depuis plusieurs années. Producteur du film original de 1997, il a longtemps attendu le bon moment… et la bonne équipe. Le choix de Jennifer Kaytin Robinson s’est imposé comme une évidence en tant que réalisatrice. Passionnée par la franchise, elle portait en elle l’énergie, l’irrévérence et la vision nécessaires pour faire revivre le mythe sans le dénaturer.
La réalisatrice marquée par le film original qu’elle avait vu en cachette adolescente, a souhaité explorer ce que devient un traumatisme une fois adulte. Elle a coécrit le scénario avec Sam Lansky, dans une écriture à quatre mains nourrie de souvenirs d’ados et d’un regard adulte. Ensemble, ils ont redéfini les enjeux : les protagonistes ne sont plus des lycéens, mais de jeunes adultes sur le point de se marier, de bâtir leur vie… et de tout compromettre en une nuit.

Le moment était aussi propice du côté de l’industrie. Avec la nostalgie des années 90 en plein essor, la culture slasher connaît un regain. Entre Scream, Fear Street ou encore Halloween Ends, les studios misent sur la mémoire collective. Mais Souviens-toi… va plus loin : il ne surfe pas seulement sur le souvenir, il le convoque, l’interroge. Que reste-t-il d’une peur 27 ans après ? Et si l’oubli n’était qu’un nouveau masque ?
Enfin, la série télé récente avait relancé l’intérêt pour l’univers, mais n’avait pas su réunir l’ancienne et la nouvelle génération. Ce film, lui, s’y attelle avec soin. Le timing est donc parfait : les anciens sont encore là, les nouveaux sont prêts, et le public, lui, est plus que jamais avide de frissons… et de résilience.
Un tueur incarnant la colère sociale
Derrière son imperméable sali et son crochet redessiné pour lacérer plutôt que brandir, le Pêcheur 2025 incarne une colère sociale silencieuse. Cette fois, il ne s’en prend pas seulement à un groupe de jeunes ayant commis l’irréparable : il pourchasse des héritiers d’un monde où tout peut s’acheter, même le silence. Grant Spencer, magnat de l’immobilier, efface les archives numériques pour protéger ses intérêts. Teddy, son fils, est l’un de ceux que le système a toujours épargnés. Mais ici, plus personne n’est à l’abri. La richesse, le réseau, les faux-semblants ne servent plus de bouclier. Le Pêcheur ne tue pas au hasard : il cible ceux qui pensent que les règles ne s’appliquent qu’aux autres.
Ce jeu de massacre, au-delà de l’horreur, devient une parabole cruelle : quand la justice ne vient pas, le karma se pare d’un masque. Mais est-il juste ? Ou simplement implacable ? Les meurtres, de plus en plus inventifs, ne relèvent pas seulement de la mise en scène. Ils exposent les failles, les secrets, les compromis. Le pêcheur agit dans un monde gangrené par l’effacement, où l’on préfère raser les souvenirs plutôt que d’en tirer des leçons. Pourtant, son œuvre est méthodique. Il n’est pas fou : il est le rappel que l’impunité est un mythe… du moins en apparence. Car dans ce film, même le karma a ses angles morts. Et parfois, les victimes sont plus lucides que les bourreaux.
Souviens-toi… l’Été Dernier (2025) n’est pas qu’un retour. C’est une résurrection. Plus brutal, plus émouvant, plus humain, le film réussit le grand écart entre hommage et renouveau. Il rappelle que les secrets ont la peau dure, que les fautes de jeunesse laissent des cicatrices profondes, et que l’horreur, au fond, parle toujours de nous. Entre nostalgie sanglante et modernité tranchante, ce nouvel opus s’impose comme un modèle de revival réussi. Et si la saga doit continuer, c’est ici qu’elle trouve un nouveau souffle.
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16 juillet 2025 en salle | 1h 51min | Epouvante-horreur, Thriller
De Jennifer Kaytin Robinson |
Par Leah McKendrick, Lois Duncan
Avec Madelyn Cline, Chase Sui Wonders, Jonah Hauer-King
Titre original I Know What You Did Last Summer
English Review
Twenty-seven years after the original massacre, the hook-wielding Fisherman returns—not just to terrorize a new generation, but to confront a world obsessed with image and silence.
The 2025 revival of I Know What You Did Last Summer pulls off a rare feat: updating a cult slasher without betraying its roots. Nostalgia here isn’t just a marketing trick—it’s a narrative force. The film interweaves past and present, linking Gen Z angst with the ghosts of the late ’90s. Familiar faces return—Julie and Ray, portrayed once again by Jennifer Love Hewitt and Freddie Prinze Jr.—not as cameos, but as emotional anchors bridging two timelines.
Set in a post-Instagram Southport, a new group of twenty-somethings is haunted by guilt and trauma after a deadly accident. A year later, the killings resume. But this time, the horror is layered: yes, there’s a killer, but the real threat is systemic—erased memories, generational shame, and the illusion of safety through status. The Fisherman now embodies a fierce social rage, targeting those who think they’re untouchable.
With inventive kills, slick direction, and a deeply human cast of characters, the film goes beyond simple slasher thrills. Each protagonist—Ava, Danica, Teddy, Milo, and Stevie—represents a moral stance on guilt and redemption. Behind the violence lies a deeper question: Can we ever outrun our past, or does it always find a way back?
Director Jennifer Kaytin Robinson delivers a visually striking, emotionally charged horror-thriller that respects its origins while reshaping them for today. I Know What You Did Last Summer (2025) isn’t just a sequel—it’s a rebirth, a blood-soaked reckoning with memory, privilege, and the stories we choose to bury.
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